Dernière mise à jour le 9 mars 2020.
Kenneth Digory WINDSOR / R106450
La Riviere, Manitoba, Canada
Né le 3 janvier 1920 à La Riviere, Manitoba, Canada / † le 1er février 2008 à Winnipeg, Canada.
Sgt RCAF, RAF Fighter Command 403 Squadron, pilote.
Lieu d'atterrissage : à environ 2 km de Nielles-lès-Bléquin, à 8 km au sud-ouest de Lumbres, Pas-de-Calais (Nord), France.
Spitfire Supermarine Mk IX, BS383, abattu par un chasseur Fw190 au nord de Hesdin, le 20 juin 1943 en escorte de la mission Circus 313 sur l'aérodrome de Poix-du-Nord, à l'Est de Cambrai, France.
Écrasé à Nielles-lès-Bléquin, au sud-ouest de Saint-Omer, Pas-de-Calais, France.
Durée : 7 semaines
Passage des Pyrénées : le 11 août 1943
Rapport d'évasion SPG 3314/1367 (complet).
Le Spitfire décolle de Kenley vers 12h27. Près d’une demi-heure plus tard, alors qu’il vole à 8000m, il est attaqué au-dessus de la cible par un chasseur Fw190, qui le poursuit vers le Nord. Il semble qu'il ait été abattu au Nord de Hesdin par l'Hptm. Wilhem-F. Galland du Stab II./JG 26. Le Spitfire est touché et Windsor est atteint par un de ses débris, perd momentanément connaissance et reprend ses esprits alors qu’il se trouve à une altitude d’environ 4600 m. L’alimentation en carburant est coupée et un début d’incendie se déclare. Il décide de mettre cap au Nord en vue de retourner à sa base. 10 minutes plus tard, son moteur se coupe net et il abandonne son avion à environ 4600 m. Au cours de sa descente en parachute, il aperçoit son Spitfire qui s’écrase et explose.
Windsor se tord la cheville droite en atterrissant. Il enterre son parachute et sa Mae West et rampe vers le sud sur près de 2 km. Près d’un bois, il entend des voix parlant anglais et semblant être à sa recherche. Il décide de jouer la prudence et ne les contacte pas. Il va se reposer dans un autre bois et enlève les badges de son uniforme, les conservant dans une poche. Chaussé de souliers ordinaires, il marche jusqu’à environ 23 heures et atteint le village de Ledinghem où il rampe dans l’étable d’une ferme où il s’endort.
Au matin du 21 juin, Windsor, qui ne parle pas le français, approche un fermier et lui montre ses ailes de la RAF. L’homme lui serre les mains, lui donne de quoi se nourrir ainsi que quelques vêtements civils. Vers 10 heures du matin, il se remet en route en direction du sud. Il marche toute la journée et arrive vers 21h00 au village de Bourthes où il passe la nuit à nouveau dans une étable.
Le lendemain matin, 22 juin, il s’arrête à une ferme pour y demander à boire. On lui donne de quoi se désaltérer, mais les gens lui paraissant peu amicaux et il poursuit son chemin. Il arrive dans la soirée à Bimont où il montre ses ailes RAF à un fermier, HAJARDEZ, environ 45 ans, qui lui donne à manger et chez qui il passe la nuit. Le lendemain, 23 juin, HAJARDEZ le mène à la maison du maire de Wicquinghem, le cultivateur Gaston PÉROY, environ 50 ans, qui lui donne à manger ainsi que d’autres vêtements civils. Durant son séjour chez PÉROY, Windsor y voit Robert Barckley.
Windsor et Barckley restent loger chez PÉROY jusqu’au 27 juin, jour où Lucien PÉROY, le fils du maire, environ 20 ans, et frère de Michel PÉROY, le guide jusqu’à la maison de Norbert et Marguerite FILLERIN à Renty, où il retrouve Barckley. Pendant son séjour chez FILLERIN, Windsor est pris en photo puis reçoit de nouveaux faux documents d’identité. Son évasion est dès lors organisée, de même que celle de Barckley avec lequel il reste jusqu’au 21 juillet.
Barckley et Windsor avaient été pris en charge par Eugène D'HALLENDRE de La Madeleine (Lille) et ils arrivent tous deux en train à Paris le 21 juillet où ils sont alors séparés. [Eugène D’HALLENDRE, né en 1898, cheminot à la SNCF, venait d’être arrêté, le 20 juillet 1943, sur dénonciation, en même temps que son épouse Lucienne, leur fils Edgar l’étant un peu plus tard. Eugène D’HALLENDRE a été fusillé par les Allemands à Bondues le 27 décembre 1943. Edgar D’HALLENDRE, né en 1922, figure comme sa mère Lucienne, née BUYSSE en 1899, à la liste des Déportés français et ont survécu au conflit.]
Rosine THERIER, épouse du londonien Sydney Witton en captivité, confirme avoir convoyé Windsor et Barckley de chez M. DIDIER à Arras jusque Paris et les y avoir remis à Jacques Le GRELLE. Émile DIDIER et son épouse Madeleine CARON habitaient au 22 Rue de Bapaume à Arras. Arrêtés par la suite, le 24 juillet 1943, ils seront tous deux dans le convoi des "Nacht und Nebel" du 4 mai 1944 à destination de la Prison de Saint-Gilles à Bruxelles. Déportés en Allemagne, Émile DIDIER, né en 1889 mourra au camp de Gross-Rosen le 15 janvier 1945 et son épouse Madeleine, née en 1892, disparaîtra au camp de Ravensbrück en février 1945.
A la page 14 de son rapport E&E 63, Bernard Kœnig précise qu'il quitte Paris en train le 22 juillet depuis la gare Montparnasse à destination de Bordeaux avec "Alexandre" (un autre pseudo de Jean-François NOTHOMB) et William Murphy. Koenig ajoute, sans la nommer, qu'une autre dame (Rosine WITTON-THERIER) se trouve dans le même train, guidant, elle, un pilote de Typhoon, qui est Bob Barckley.
Windsor reste jusqu'au 1er août au 16 Rue Royer-Collard, Paris VIe chez un ex-pilote de 55 ans, M. Paul ROUTY et sa nièce Jeanne, 30 ans, qui, elle, parle parfaitement l’anglais. [Paul Louis Camille ROUTY, né en 1883, avait terminé son service en 1914-1918 comme capitaine, Commandant de l’Escadrille MF 1 du 2ème Groupe d’Aviation. Il est décédé à Saint-Briac-sur-Mer, le 30 septembre 1960.] Windsor est hébergé chez les ROUTY jusqu’au 1er août et loge ensuite chez un médecin, le Dr Pierre HABREKORN au 6 Avenue du Parc à Vanves.
Le dimanche 8 août, Windsor est amené dans une station de métro par Jean-François NOTHOMB ("Franco") et y rencontre Thomas Slack. Ils y attendent impatiemment le retour de Franco et finissent par attirer l'attention des usagers.
NOTHOMB les rejoint finalement et guide Slack et Windsor vers une gare de chemin de fer où ils prennent le train de 22 heures pour Bordeaux. Dans le train, les deux aviateurs reçoivent une nouvelle carte d'identité. A Bordeaux, ils prennent le train pour Dax. Ils y rencontrent Thomas Hunt et William Aguiar, deux américains qui ont voyagé en même temps sans que NOTHOMB ne mette les uns et les autres au courant. Ils louent des bicyclettes à Dax et atteignent vers 18 heures la sortie de Bayonne, où ils se rendent dans un café où ils passent la nuit. C'est chez Pierre ARRIEUMERLOU au 12 Quai Augustin Chaho, le long de la Nive.
Le 10, ils roulent jusque Saint-Jean-de-Luz où ils arrivent vers 19 heures et laissent les vélos à la gare. Un guide les conduit à pied de Saint-Jean-de-Luz à Ciboure, où le pont sur la Nivelle est gardé par une sentinelle allemande. Ils passent sans encombre de l'autre côté et mangent dans des fourrés hors de Ciboure où ils rencontrent deux autres guides basques (dont Florentino GOÏKOETCHEA) et un Français. Le premier guide (NOTHOMB) les quitte là.
Il s'agit du 50e passage de Comète. Ils traversent les Pyrénées entre Biriatou et Irun vers 03 heures du matin le 11, seuls avec les guides basques. Ils vont à une ferme et y mangent. Ils prennent ensuite le tram pour San Sebastian et logent trois nuits dans un garage, chez Bernardo ARACAMA au n°7, 5e étage à gauche, Calle Aguirre, quartier de Miramon à San Sebastian.
Le 14, une voiture consulaire prend Windsor, Aguiar, Hunt et Slack à Madrid. Ils y restent jusqu'au 18. Le vice-consul de Séville vient alors les prendre en voiture pour les conduire sur la côte Atlantique, qu’ils atteignent le 19 août en milieu de matinée. Les quatre évadés y embarquent le 20 sur le "Borgholm", un navire marchand norvégien, et y sont cachés sous l'arbre de l'hélice. Le 20, le bateau part pour Gibraltar, qu'il atteint le 21.
Kenneth Windsor quitte Gibraltar en avion le 23 août (vraisemblablement avec Slack, Hunt et Aguiar) et arrive à Whitchurch en Angleterre le lendemain. Il est interrogé par le MI9 ce même 24 août 1943 à Londres.
Après son retour au Canada la guerre finie, Kenneth Windsor servit encore quelques années comme Instructeur-en-chef pour les cadets de la Royal Canadian Air Force du No. 191 Squadron.