Dernière mise à jour le 2 avril 2020.
Robert Edward BARCKLEY / 138650 & 655983
151 Studland Road, Hanwell, Middlesex, UK.
Né le 18 novembre 1920 près de Londres / † 28 mars 2020, Grande Bretagne
Fl/Off, RAF Fighter Command 3 Squadron, Pilote.
Lieu d’atterrissage "2 miles SW of Bergues", donc aux environs de Crochte (Nord), France.
Hawker Typhoon IB, EK227, QO-D, abattu le 2 juin 1943 par la Flak en attaquant un train au Nord de Menin (mission "Rhubarb" sur la Belgique).
Posé sur le ventre.
Durée : 8 semaines.
Passage des Pyrénées : le 25 juillet 1943.
Rapport d'évasion SPG 3314/1361.
Robert Barckley et un autre pilote, Richard Purdon, décollent de West Malling. Arrivés au-dessus des côtes de France, ils obliquent vers la Belgique et aperçoivent un train assurant la liaison entre Poperinge et Ieper (Ypres). Barckley descend très bas et survole la locomotive pour prévenir son conducteur. Ce dernier stoppe son train et s’échappe dans la campagne. Barckley mitraille alors la locomotive qui est détruite. Les deux pilotes s’attaquent ensuite à des bateaux amarrés le long de l’Escaut (de Schelde) puis reprennent la direction de la France. Barckley a l’intention de larguer ses bombes sur le terrain d’aviation de Dunkerque.
Au-dessus de la frontière belge, au sud de Dunkerque, des tirs de la Flak légère le visent, mais son appareil ne lui semble pas avoir été touché, bien que sa radio soit hors d’usage. Les deux pilotes se dirigent toujours vers Dunkerque et, à l’approche de Bergues, Barckley mitraille un train de marchandises, que Purdon voit exploser à distance. Purdon survole le train, mais ne voit plus le Typhoon de son camarade. Ne pouvant l’atteindre par radio, il le cherche, survole la zone du train qu’avait détruit Barckley, mais n’en trouvant aucune trace, il rentre en Angleterre et fait son rapport, pensant que d’une façon ou d’une autre, Barckley n’a pas pu s’en sortir. (Richard Michael Hastings Purdon, canadien, trouvera la mort le 30 juin 1943 lors d’une autre mission "Rhubarb" sur Dunkerque. Il repose au cimetière municipal de la localité).
En fait, Robert Barckley rapporte dans son rapport SPG (dont il conteste la véracité de certains détails dans une lettre de 2012 - voir ci-dessous) que lors de l’attaque du train, son appareil a été touché par un obus de la Flak légère. Ses commandes sont hors d’usage, le bout de l’une de ses ailes est détruit et de la fumée emplit son cockpit. Le Typhoon heurte quelques arbres alors qu’il vole encore à grande vitesse, s’écrase et rebondit au-dessus de quelques maisons, arrêtant sa course sur le ventre près d’un poste de la Flak allemande. Il en sort vivant mais sérieusement blessé au visage (lettre de 2012 : il n’aurait été que légèrement blessé). Il se débarrasse rapidement de sa Mae West et se dirige plein Sud. Il rentre dans un café et s’adresse en français aux clients… qui ne parlent que le flamand. On parvient à lui indiquer où se trouvent les postes allemands, qu’il parvient donc à éviter. Après une marche d’environ 3 km, il enterre sa carte géographique de l’Angleterre et ses cartes de codes avant de reprendre sa route et s’arrêter à une ferme à environ 8 km plus loin (lettre de 2012 : il n’a "rien enterré du tout" et ne disposait pas de codes ni autres documents). Il montre ses plaques d’identité aux fermiers, qui lui donnent à manger, lui remettent une chemise sans col et une casquette (lettre de 2012 : il dit que cette description de vêtements est erronée, mais ne précise pas ce qu’il avait reçu/portait…) et lui indiquent le chemin vers "Beelezeele, 10 miles SW of Bergues" (qui doit donc être Bollezeele). Arrivé dans ce village dans l’après-midi du 2 juin, Barckley va se réfugier dans une église où la servante du curé absent lui dit de revenir le soir vers 19h30. Il va se cacher dans un champ de maïs et retourne au presbytère dès qu’il entend sonner les cloches du soir. Le curé n’était toujours pas revenu, mais il y trouve une dame à laquelle il décline son identité. La dame fait venir sa nièce de 10 ans, qui mène l’aviateur chez le médecin du village [La liste des Helpers français reprend le docteur Jean RYCKEWAERT à Bollezeele], absent lorsqu’ils arrivent chez lui. Deux peintres en bâtiment se trouvent là et l’un d’eux va chercher l’épouse du médecin, à laquelle il montre ses plaquettes d’identité. La femme le cache dans son jardin et elle lui apprend que son mari avait aidé auparavant un aviateur blessé. Barckley indique dans l’Appendix C de son rapport qu’il pense que le médecin avait entretemps accompagné l’un des peintres à Lederzeele pour prendre contact avec un Helper.
Dans sa lettre de 2012, Barckley a une version différente des premiers instants de son évasion, mais ne donne que peu de détails précis. Il y déclare qu’après son atterrissage forcé, il a marché/couru vers le Sud pendant environ 20 miles (32 km), ce qui correspond plus ou moins à la distance entre les environs de Crochte et Lederzeele (seule localité qu’il mentionne). Il demande de l’aide au presbytère d’une église et il confirme qu’une dame, qu’il suppose être l’aide-ménagère du curé lui dit qu’elle pourrait sans doute l’aider et de revenir une heure plus tard, ce qu’il fait. La femme avait fait venir un médecin à l’église et ce dernier soigne ses blessures "relativement légères". La femme lui déclare qu’elle avait convenu avec une personne de confiance, un fermier local, que ce dernier le cacherait chez lui. Le fermier arrive à vélo à la tombée de la nuit. Barckley le suit à pied à bonne distance et arrive à la ferme, qu’il estime se trouver à environ 2 miles (3 km) de l’église de Lederzeele, qui doit donc être celle où il s’était adressé et non pas celle de "Bollezele" où nous comprenons que se trouvait la ferme… Dans sa lettre, Robert Barckley n’en déclare pas plus et se demande même qui a rédigé ce rapport…
Au crépuscule, toujours le 2 juin, un peintre guide Barckley vers Lederzeele et le mène chez Émile DEGRAEVE, qui le loge jusqu’au 17 juin. DEGRAEVE lui apprend qu’il n’est membre d’aucune organisation, ajoutant seulement qu’il avait aidé en 1941 un aviateur tchèque blessé pour le conduire à Lille. Le 3 juin, DEGRAEVE se rend à Saint-Omer pour rencontrer "The Little Sisters" (sic SPG) dans un couvent. Les sœurs lui donnent des vêtements civils que DEGRAEVE remet à Barckley et conduit ce dernier à Saint-Omer le 4 juin pour le faire prendre en photo. DEGRAEVE lui dit qu’une dame de Saint-Omer avait fait partie d’une organisation. Barckley ignore le nom de cette dame mais donne celui de sa soeur en Angleterre ("Mrs. Christie, 28 Royal Crescent, Holland Park, W.11")
Toujours le 4 juin, un homme passe le voir chez DEGRAEVE et lui apprend que son Typhoon se trouve toujours à l’endroit où il s’est posé. Barckley suggère alors à DEGRAEVE de tenter d’y mettre le feu. Munis de produits inflammables, Barckley et DEGRAEVE accompagnent l’homme sur place le même jour. Le plan échoue, car un soldat allemand était assis dans le cockpit, un autre se tenait sur une aile et un engin de levage se trouvait à proximité. La dame de Saint-Omer vient ensuite lui remettre une (fausse) carte d’identité, lui apprenant que son organisation avait été démantelée. Dans son rapport, Barckley indique que le "17" juin, un Mr "ABBÉ" de Lumbres l’a conduit vers la maison de Marguerite FILLERIN (née CADET) à Renty. Il apparaît que Barckley a été hébergé par Albert BECQUET, Route de Saint-Omer à Lederzeele avant d’arriver à Renty. Gaston PEROY, environ 50 ans, cultivateur et maire de Wicquinghem (Pas-de-Calais), l’héberge jusqu’au 27 juin.
Barckley rencontre là Kenneth D. Windsor. Les deux hommes sont ensuite conduits le 27 juin, dans la maison de Marguerite FILLERIN à Renty par Lucien PÉROY, le fils du maire, environ 20 ans, et frère de Michel PÉROY. Ils sont hébergés jusqu’au 21 juillet par Marguerite (dont le mari, Norbert FILLERIN avait été arrêté en mars 1943).
Barckley et Windsor avaient été pris en charge par Eugène D'HALLENDRE de La Madeleine (Lille) et ils arrivent tous deux en train à Paris le 21 juillet où ils sont ensuite séparés. [Eugène D’HALLENDRE, né en 1898, cheminot à la SNCF, venait d’être arrêté, le 20 juillet 1943, sur dénonciation, en même temps que son épouse Lucienne, leur fils Edgar l’étant un peu plus tard. Eugène D’HALLENDRE a été fusillé par les Allemands à Bondues le 27 décembre 1943. Edgar D’HALLENDRE, né en 1922, figure comme sa mère Lucienne, née BUYSSE en 1899, à la liste des Déportés français et ont survécu au conflit.]
Une photo de Robert Barckley durant son évasion figure à http://www.memoire14-45.eu/fr/search-notice/detail/ak0lompwe91952ght8dygeygyoqkrptnyl9zqzxu2yld99qmt4 :
Prise par Eugène D’HALLENDRE, elle figure dans les collections du Musée de la Résistance à Bondues.
Bob Barckley est remis à Maurice GRAPIN par Jacques LE GRELLE et va loger chez les beaux-parents de GRAPIN à Vanves, où il rencontre William Murphy qui y est déjà. GRAPIN les remet à Jacques LE GRELLE à la station de métro Duroc en cette fin du mois de juillet.
Rosine THERIER, épouse du londonien Sydney Witton en captivité, confirme avoir convoyé Windsor et Barckley de chez M. DIDIER à Arras jusque Paris et les y avoir remis à Jacques le GRELLE. Émile DIDIER et son épouse Madeleine CARON habitent au 22 Rue de Bapaume à Arras. Arrêtés par la suite, le 24 juillet 1943, ils seront tous deux dans le convoi des "Nacht und Nebel" du 4 mai 1944 à destination de la Prison de Saint-Gilles à Bruxelles. Déportés en Allemagne, Émile DIDIER, né en 1889 mourra au camp de Groß-Rosen le 15 janvier 1945 et son épouse Madeleine, née en 1892, disparaîtra au camp de Ravensbrück en février 1945.
A la page 14 de son rapport E&E 63, Bernard Kœnig précise qu'il quitte Paris en train le 22 juillet depuis la gare Montparnasse à destination de Bordeaux avec "Alexandre" (un autre pseudo de Jean-François NOTHOMB) et William Murphy. Koenig ajoute, sans la nommer, qu'une autre dame (Rosine WITTON-THERIER) se trouve dans le même train, guidant, elle, un pilote de Typhoon, qui est Bob Barckley.
Le 23 juillet à midi, Barckley, Koenig et Murphy arrivent à Bordeaux, guidés par Mme WITTON qui, ayant appris qu'elle était brûlée dans le Nord, rentre ensuite à Paris. Ils prennent le train pour Dax avec Jean-François NOTHOMB ("Franco") d'où ils se rendent à Bayonne en vélos de location. Koenig précise qu'ils roulent pendant 5 heures et 55 km jusqu'à un endroit à 25 km de Bayonne où ils se reposent un peu dans une auberge. Ils sont rejoints là vers 21 heures, par Robert Conroy et un civil belge, Ronald "Ronnie" Watteeuw. Le groupe loge alors à l'auberge en question, celle de Larre à Sutar, gérée par Jeanne Marthe MENDIARA.
Barckley, Murphy, Koenig, Conroy et Watteeuw, de même que Leslie de Biziens et Henriette Benech, accompagnés d'un guide basque et de Jean-François NOTHOMB, passent la frontière dans la nuit du 24 au 25 juillet dans ce 49ème passage de Comète par Saint-Jean-de-Luz et la Bidassoa. A une quinzaine de kilomètres de la frontière, ils s'arrêtent à une ferme espagnole où ils se reposent. Les femmes (les 2 évadées) les quittent tandis que le reste du groupe descend vers un village (que Conroy ne nomme pas, mais qui est Renteria). De Renteria, toujours le 25 juillet 1943, ils prennent un tram jusque San Sebastian. NOTHOMB retourne en France et Ronnie WATTEEUW est séparé du groupe qui est conduit à Madrid. (Selon un rapport de WATTEEUW - voir sa page - les quatre aviateurs dont Conroy ont fait le voyage avec lui depuis Dax jusqu'à Gibraltar…indiquant que le voyage vers San Sebastian s'est fait en auto, que de là ils ont été ensemble également en auto jusqu'à Madrid, puis à Malaga, d'où ils sont passés "en barque" jusque Gibraltar où ils arrivent le 5 août…)
Dans son propre rapport, Bob Barckley indique qu'après être passé par Renteria, San Sebastian et Madrid, il se retrouve à Séville. Là, il monte à bord du navire "Esneh" qui quitte Seville le 11 août et arrive à Gilbraltar le 13. Les sergents J.R. Milne (Wellington BK162 - SPG 3314/1360) et H. Riley (Halifax DT670 - SPG 3314/1359), évacués par la ligne Oaktree/Burgundy, font le voyage avec lui. Barckley quitte Gibraltar par avion le 16, arrive à Hendon le 17 août 1943 et est interrogé à Londres le même jour pour l’établissement de son rapport.
Barckley est de retour au 3 Squadron le 25 août 1943 et continue à voler sur Typhoons, et plus tard Tempests jusqu'en fin novembre 1944, mais uniquement au-dessus de l’Angleterre ou de la Manche. Bob Barckley abat une douzaine de V-1 en 1944, dont la toute première bombe volante. Il ne retournera en mission au-dessus de l'Allemagne qu'après la libération de la Belgique. Voir le livre de Brian Cull "Diver! Diver! Diver! RAF and American Fighter Pilots Battle the V-1 Assault over South-East England, 1944-45". Editeur : Grub Street (31 juillet 2008).
Extrait de la "London Gazette" du 3 novembre 1944 : Flying Officer Robert Edward BARCKLEY (138650), R.A.F.V.R., 3 Sqn. Flying Officer Barckley has completed very many sorties including successful attacks on enemy shipping and rail and road communications. In other sorties he has destroyed 12 flying bombs. He has invariably displayed a high degree of courage and his devotion to duty has been unfailing.
Merci à Diana Morgan pour la photo de Bob Barckley en uniforme.
En octobre 2008, Edouard Renière a eu le plaisir de conduire Robert Barckley, à sa demande, près du monument à la mémoire de son ami, le pilote belge de la RAF Jean de Selys Longchamps, qui avait mitraillé les bureaux de la Gestapo à l'Avenue Louise le 20 janvier 1943 aux commandes de son Hawker Typhoon. Accompagnaient Robert Barckley, très ému, ce jour-là, Mme Sybille de Selys Longchamp, nièce de Jean ainsi que notre ami John Clinch. Jean de Selys Longchamps a perdu la vie au retour d'une mission le 16 août 1943 et repose au Minster (Thanet) Cemetery, près de Manston au Royaume-Uni.