Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 28 septembre 2018.

William AGUIAR ("Bill") / 31036351
109 Elm Street, Swansea, Massachusetts
Né le 10 juin 1920 à Fall River, Massachusetts / † le 18 avril 1996 à Somerset, Massachusetts.
S/Sgt, USAAF 384 Bomber Group 544 Squadron, mitrailleur ventral
Boeing B-17F-80-BO Flying Fortress, 42-30031, SU-D / " The Bad Penny " (?), abattu le 26 juin 1943 lors d'une mission sur Villacoublay (aéroport du Bourget), touché par la flak et attaqué par des chasseurs, probablement par l'Ofw. Willi Stratmann et/ou Oberfeldwebel Kurt Goltzsch sur des Me 109 du 12/JG.
Atterrissage forcé dans un champ près de Bernouville, à 6 km à l'Ouest de Gisors (Bézu-Saint-Eloi), entre Rouen et Beauvais, France.
Durée : 5 semaines
Passage des Pyrénées : le 11 août 1943

Informations complémentaires :

Il n'y a pas de MACR (Missing Air Crew Report) relatif à la perte de cet appareil. Rapport d'évasion E&E 82 disponible en ligne.


Debout, de gauche à droite : Howard Burgoon,Thomas Hunt, Victor Kress, David Wilmot ;
assis devant, de gauche à droite : Edward Peckham, George Ashworth (n’était pas à bord du 42-30031 le 26 juin 43), William Aguiar, Henry Ullmer, Roland Jenkins.
Harold McFarland ne figure pas sur cette photo, prise en mars 1943 (source : Henry Ullmer - www.384thbombgroup.com )

Le pilote Howard C. Burgoon et le copilote Victor C. Kress sont fait immédiatement prisonniers. Les huit autres s'évadent et sont arrêtés par la suite : le radio S/Sgt Harold S. McFarland, prisonnier au Stalag XVIIB ; le navigateur 2Lt David B. Wilmot - Stalag 7A ; le mitrailleur ventral T/Sgt Edward L. Peckham- Stalag XVIIB ; le mitrailleur gauche S/Sgt Edward C. Costello - Stalag XVIIB ; le mitrailleur arrière S/Sgt Henry J. Ullmer - Stalag XVIIB.

Trois hommes de l'équipage sur dix pourront s'évader vers l'Espagne par Comète : William Aguiar, Roland Jenkins et Tom Hunt.

William Aguiar est d'origine portugaise et était étudiant en commerce avant de s'engager le 11 octobre 1941.

Sur l'objectif, ils sont attaqués par des Messerschmit 109. Bill Aguiar tire sur deux chasseurs qui approchent à 50 mètres de sa tourelle et les voit partir en vrille. Privé d'interphone dans sa tourelle ventrale, il aperçoit Jenkins qui saute. En revenant dans la cellule, il voit encore les deux mitrailleurs de flanc Costello et McFarland qui sautent par la soute à bombes. Il voit six parachutes en dessous de lui. Il atterrit dans un champ labouré et se dirige immédiatement dans un bois à 50 mètres. Deux fermiers lui font comprendre de rester caché durant la fouille par des soldats allemands qui arrivent en camion et lui indiquent une direction. Il lui faudra 4 heures pour ramper jusqu'à la ferme.

Le lendemain, le 27, il est nourri et reçoit des vêtements civils avant l'aube (qui viennent de Mlle KOCHER [résistantre arrêtée à Paris en juillet 44 et décédée à Ravensbrück, abattue de 3 balles dans la nuque lors des convois] secrétaire infirmière de la Croix-Rouge, qui donne quelques chemises jointes aux effets de Albert GLADIGNY de Doudeville-près-Yvetot] et on lui signale d'autres membres de son équipage (ce sont Ullmer et McFarland). On l'emmène dans une autre maison où le Lt Hunt le rejoint le 30 juin, chez Ferdinant RAGAINE de Bezu-la-Forêt.

Ils reverront encore le mitrailleur arrière Ullmer et McFarland une semaine plus tard, quand des Français leur confirmeront que deux Me 109 ont été abattus ce jour, et se sont écrasés près de leur B-17. En juillet, ils font rapport de beaucoup de choses vues à Rouen.

Adeline GUERIN prend Hunt et Aguiar le 27 juillet à Bezu-la-Forêt avec la voiture immatriculée 5.015.XA9 du capitaine de santé MAGIN (23 Route du Havre à Rouen). Le commandant LIEWER "Clément" (de la mission Salesman) les a vu chez Ferdinand BEAU et leur remet à chacun 500 FF.

BEAU et GUERIN les accompagnent à Paris où des agents de Elizabeth CARMALT (du groupe DARCY) habitant 28 Rue Vaneau à Paris VIIe les reprennent en gare Saint-Lazare, mais leur réseau est surchargé. Les "agents de CARMALT" sont en fait Jacques le GRELLE et un chef de section de logement non nommé.

Le 7 août, Aguiar et Hunt rapportent avoir vu des abris en construction près de l'Arc de Triomphe à Paris.

A Bordeaux, ils prennent le train pour Dax le 9 août. Ils y rencontrent K. Windsor et Thomas Slack, deux britanniques qui ont voyagé en même temps, sans que Jean-François NOTHOMB ne le dise. Ils louent des bicyclettes à Dax et se rendent à l'entrée de Bayonne, dans un café (le "Café Pierre") où ils passent la nuit. C'est chez Pierre ARRIEUMERLOU au 12 Quai Augustin Chabo, le long de la Nive.


Mot de remerciement laissé à Anglet le mardi 10 août 1943.

Le 10, ils roulent jusque Saint-Jean-de-Luz et laissent les vélos à la gare. Ils marchent jusque Ciboure et passent la Nivelle par le pont gardé. Ils mangent dans des fourrés hors de Ciboure et rencontrent deux guides basques et un Français. Jean-François NOTHOMB les quitte là.

Ils traversent les Pyrénées vers 3 heures le 11 août, avec les guides seuls pour ce 50e passage de Comète. Ils vont à une ferme et y mangent. Ils prennent le tram pour San Sebastian et logent trois nuits dans un garage, chez Bernardo ARACAMA.

Le 14, une voiture consulaire prend les quatre aviateurs à Madrid. Ils y restent dans un café où ils passent la nuit jusqu'au 18, interrogés par le major Clark. Le vice-consul de Séville les prend alors et ils arrivent à la mer le 19. Il s'y embarquent sur le "S/S Borgholm", un vaisseau norvégien souvent loué par le gouvernement du Royaume-Uni et dont le radio est un Britannique, et y sont cachés sous l'arbre de l'hélice. Le 20, le vaisseau part pour Gibraltar, qu'il atteint le 21. Il y est interrogé le 23.

Il s'embarquera pour l'Afrique du Nord avec William Crowe et Joseph Hager, d'où il sera ramené (depuis Marrakech) le 26 par les airs à Preswick en Ecosse, arrivé le 27. Il y est encore interrogé ce 27 août 43.

La photo est authentifiée par son fils, Brian Aguiar. Merci à lui.

William Aguiar repose au Nathan Slade Cemetery à Somerset, Bristol County, Massachusetts.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters