Dernière mise à jour le 18 février 2015.
Edmond "Ede" Albert Georges Marie Charles Michel Ghislain de SELYS LONGCHAMPS
Rue de Trèves 118 à Bruxelles 4
Né le 09 décembre 1914 à Newmarket, Suffolk, Angleterre / † en 1982
Officier de réserve, prisonnier de guerre
Unité ou réseau rejoint : Troupes blindées, FBGB 1ère Brigade, Escadron d'Autos blindées
Passage des Pyrénées : le 15 novembre 1943
Dossier Archives Notariales Défense OO-40153
Il entre au service en 1935 et y devient officier de réserve. Sous-lieutenant de réserve au 1er Guides et mobilisé le 26 août 1939, il participe à la campagne de mai 1940. Fait prisonnier le 28 mai 1940, il passe dans plusieurs camps : Oflag VIA de Soest, Oflag VIIIC à Juliusberg/Oels [Dobroszyce / Olesnica] près de Breslau / Wroclaw, Pologne, Oflag IIA de Prenzlau.
Il s'évade de l'Oflag XD de Fischbeck, près de Hambourg, un camp où se trouvaient 2000 officiers belges, le 13 septembre 1943, et arrive en Belgique occupée le 18.
Arrivé en Grande-Bretagne, Edmond de Selys relate les faits suivants dans un rapport établi le 6 janvier 1944.
Après s’être évadé, il arrive à Bilzen, au sud-est de Hasselt (Limbourg belge), où son frère lui procure une carte d’identité afin qu’il puisse voyager aisément. Elle est au nom d’Albert CARLIER, avocat à Molenbeek et est datée de 1938. Il se rend alors à Bruxelles, en train, et va se cacher chez son frère au domaine de Ways-Ruart, près de Genappe où il reste pendant six semaines.
Lorsqu’il est près à partir pour la France, son frère lui donne une autre carte d’identité datée de 1943, toujours au nom de CARLIER mais avec le cachet de Bruxelles, celui de Molenbeek étant devenu obsolète. Son frère le munit également d’une carte d’identité française au nom de Louis DUPONT, un employé de banque de Paris 13ème.
Le 10 novembre 1943, alors que son frère lui a fourni de l’argent, des vêtements et de fausses cartes d’identité, il prend le train, via Tournai, jusqu’à la petite gare de Blandain, près de la frontière. Il traverse ensuite la campagne pour arriver à Camphin-en-Pévèle, en France. Il connait bien la région de part et d’autre de la frontière car sa grand-mère est française et habite près de Camphin. De là, il part vers Lille en bus, puis vers Paris, en train. A la gare de Lille, bien qu’en possession de faux documents d’identité, il évite un gendarme français qui contrôle les papiers.
A Paris, il reste loger deux jours chez une amie de la famille, la Comtesse de Brie, au 51 rue de Longchamp. Il prend ensuite le train à la gare d’Austerlitz pour Bayonne.
A Bayonne, il suit les instructions de son frère et part à la recherche d’un certain "Arthur" en se rendant dans un petit restaurant près de la gare, le "Restaurant d’Agneau". Excepté le contrôle des billets pendant le voyage, et malgré la présence d’Allemands à la sortie de la gare de Bayonne, il n’est pas contrôlé.
Lorsqu’il arrive au Restaurant d’Agneau, il parle avec le seul garçon présent, un homme âgé d’environ 32-35 ans, 1m70, corpulence moyenne et cheveux blonds.
Il lui demande s’il est "Arthur" et lui dit qu’il est "Ambroise". Le garçon le comprend immédiatement, lui répond qu’il va s’occuper de lui et l’emmène dans une chambre à l’étage où il passe la nuit.
L’après-midi suivante, un Français d’environ 35 ans, aux cheveux noirs, vient le chercher. Il suit le nouveau venu et traverse Bayonne pour arriver à la campagne où il rencontre, dans un verger, deux Français âgés tous deux d’environ 35-40 ans ainsi que deux guides d’une vingtaine d’années qui parlent un langage, probablement le basque, qu’il ne comprend pas. Il pense que les deux guides sont probablement des communistes et donc anti-Franco car lorsque les deux Français triquent "A la ruine d’Hitler !", ils enchaînent "A la mort de Franco !".
La traversée des Pyrénées vers l’Espagne dure dix-huit heures et a lieu principalement de nuit, en se cachant d’abord dans une grosse ferme où il rencontre le fermier, son épouse et ses deux filles.
de Selys et ses co-équipiers passent la frontière le 15 novembre 1943 via une montagne d’une altitude d’environ 800 m et couverte de plusieurs centimètres de neige. Les guides les accompagnent jusqu’à une petite ferme située à environ 200 ou 300 m après la frontière, quelque part près de Urdax. L’un des guides se fait alors payer 5000 frs.
de Selys quitte alors les deux Français qui veulent aller à Madrid et en Afrique du Nord et projette de se rendre à San Sebatian où il a un ami, le Consul Belge, Monsieur DE SAN. Il longe ainsi la route, passe Urdax, en direction de Elizondo afin de prendre un bus pour Irun mais en route, il est arrêté par la garde civile qui l’emmène à Elizondo et ensuite, en bus, à Irun, où après avoir été questionné par la police, il est logé à l’Hôtel Norte.
Il reste délibérément vague quant à sa nationalité en disant qu’il est un officier belge mais qu’il est né en Angleterre. Son argent, environ 3 ou 4000 frs, lui est confisqué mais on lui donne un reçu pour 1000 frs.
Il reste une dizaine de jours à Irun, période durant laquelle il se rend quotidiennement à San Sebastian. Il y rencontre quelques aviateurs britanniques et américains parmi lesquels les Anglais Walter Wallington et Reginald Cornelius, le Canadien Raymond De Pape et l’Américain Harold Sheets.
A San Sebastian, il contacte les Consuls britannique et américain et leur demande comment procéder pour rejoindre l’Angleterre. Le Consul britannique lui conseille de s’adresser au Consul de Belgique dont il obtient un passeport belge. N’ayant pas de documents pour appuyer sa demande, il présente ses fausses cartes d’identité. On lui donne alors un sauf-conduit pour se rendre à Madrid. Ce qu’il fait avec trois compagnons : deux Belges, le Major LEGRAND et le Lieutenant LEDENT qui arrivèrent en Espagne avant lui, ainsi qu’un Hollandais, le Capitaine GRETER.
Il passe une quinzaine de jours à Madrid où, en attendant d’obtenir son visa, il est en contact avec l’ambassade de Belgique. Il loge alors chez la Comtesse Lucie de BOUSIES-BORLUUT qui est en rapport avec la Croix Rouge de Belgique et est l’épouse de Baudouin de BOUSIES, bourgmestre de Hansbeke et propriétaire du château au 9 Warandestraat à Hansbeke en Flandre Orientale.
Il atteint la Grande-Bretagne le 23 décembre 1943.
Un dossier SOE dit qu'il quitte la Belgique avec André Wendelen.
Son dossier militaire est assez précis sur son itinéraire : il entre en France le 10 novembre 1943 et voyage en 3e classe de Bruxelles à Bayonne pour 500 FB. Il déclare 5.000 FF de frais de guides et passage des Pyrénées le 15 novembre.
C'est le 71e passage de Comète par Larressore et Jauriko borda, avec les guides Pierre ETCHEGOYEN, Pierre et Baptiste AGUERRE et Jean ELIZONDO. Il passe les Pyrénées avec Reginald Cornelius, Robert Metlen, Raymond De Pape et Michel Losseau.
Il touchera des avances au consulat belge de San Sebastian le 20 novembre (200 Pesetas) et à Madrid le 02 décembre (400 pesetas).
Il arrive à Lisbonne le 16 décembre, y dort une nuit dans un hôtel pour 91,3 Escudos, et loge dans un autre du 17 au 22 décembre pour 559,9 Escudos, facturés à l'ambassade. Il perçoit 2.000 escudos d'avance sur le traitement le 16. Il y perçoit encore 5 £ le 23, jour de son départ.
Il fait le trajet en avion jusqu’en Angleterre, lequel est facturé 3.743 Escudos à l'ambassade belge.
Aux FBGB (Forces Belges en Grande-Bretagne) du 23 décembre 1943 au 08 mai 1945. Il passe au 2e Bureau du colonel Jean Marissal puis à l'escadron d'Autos Blindées (futur 1er Guides).