Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 17 mars 2017.

Philip Gustave R. FREBERG / J6659
3719 Willingdon Avenue, Burnaby, New Westminster, British Columbia, Canada
Né 11 novembre 1915 à Vancouver, British Columbia, Canada / † en mission le 11 avril 1943
P/Off RCAF, RAF Bomber Command - 7 Squadron, navigateur
Lieu d'atterrissage : Vers Mönchen-Gladbach (Rhénanie-Westphalie) à l’ouest de Düsseldorf, Allemagne.
Short Stirling Mk. I, W7630, MG-M, abattu la nuit du 10 au 11 septembre 1942, par un chasseur allemand (Hptm Siegfried Wandam) lors d'un raid sur Düsseldorf
Écrasé près de l’Abdij (Abbaye) Lilbosch, entre Peij et Pepinusbrug, au sud-est de Echt, près de Sittard (Limburg hollandais)
Durée : 3 ½ semaines
Passage des Pyrénées : le 9 octobre 1942

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion 3311/SPG 935 (complet).

Le Stirling décolle d’Oakington à 20h30. Freberg, dont c’est la 16ème mission, ne vole pas ce jour avec son équipage habituel et il ne connaît à bord que le pilote, le Fl/Lt Leslie R. Barr. Au-dessus de l’objectif, l’appareil est touché au ventre et dans le compartiment radio par la Flak. Il prend feu et l’intercom est hors d’usage. Une partie des bombes sont larguées, l’ordre de quitter l’avion est donné et Philip Freberg réussit à réunir cinq des hommes à bord et les aide à endosser leurs parachutes et évacuer l’appareil par la soute arrière, celle d’avant étant bloquée. Il saute en dernier de ce petit groupe et signale dans son rapport SPG que deux hommes sont restés à bord.

Il n’y aura que 2 survivants sur les 8 hommes de l’équipage, Freberg et le P/O Eric H. Cook, opérateur radio, qui sera fait prisonnier et interné au Stalag Luft 3 à Sagan en Pologne annexée - prisonnier n° 6457. Les corps du pilote Barr et du bombardier P/O Ernest R. M. Runnacles furent trouvés dans les décombres de l’avion et ils reposent au cimetière du Jonkerbos, à Nijmegen, Pays-Bas. Les restes des 4 autres n’ont jamais été retrouvés et leurs noms figurent sur les panneaux des disparus au Runnymede Memorial, près de Windsor dans le Surrey en Grande-Bretagne : le copilote P/O Irwin D. Fountain, le mécanicien Sgt Maurice S. Pepper, le mitrailleur dorsal Sgt John Greenwood et le mitrailleur arrière Sgt Peter B. P. Price.

Philip Freberg, légèrement blessé aux jambes, atterrit un peu avant minuit à l’ouest de Düsseldorf. Il cache son parachute et sa Mae West dans des buissons puis marche vers l'Ouest jusqu'à l'aube. Il contourne une position de Flak et des usines, puis franchit le réseau pyramidal de barbelés qui ceint cette zone industrielle de la Ruhr. Il atteint la Meuse / de Maas vers 07 heures le 11 septembre, et la traverse dans une petite barque qui menace de couler sous son poids. Il traverse une petite voie ferrée et atteint des champs. A l’aide de la carte de son kit d’évasion, il peut localiser sa position, juste au Nord de Nunhem, en Gelderland, Gueldre néerlandaise.

Il dort dans de la paille dans un champ de maïs. Le 12 au matin, le champ est moissonné, mais il n'est pas dérangé. Il repart à 22 heures, quand les champs sont déserts. Il est encore ralenti dans ses déplacements par de nombreux cyclistes dont il se cache. Il passe en Belgique près de Neeritter entre Ittervoort et Kinrooi sans voir quoi que ce soit qui ressemble à une frontière. Il se repère à Kinrooi et poursuit sa marche à travers champs jusqu’à l’aube du 13. Comme il est en Belgique, il se risque à demander de l'eau à un fermier, qui lui donne du lait. Un gamin qui comprend que l’on a affaire à un aviateur anglais, va chercher un autre paysan qui parle le français. Cet homme lui demande ses disques d'identité, car il a entendu que les Allemands envoyaient dans la région des "stool pigeons" (moutons, balances). Il laisse Freberg se cacher le 13 dans un silo chez lui, malgré un poste allemand dans la ferme voisine. Le soir, il le fait rentrer et lui explique qu'il a pu contacter une ligne d'évasion, via un officier belge. Freberg rapporte que ses logeurs lui citent des cas où des aviateurs se risquent à déambuler en plein jour en uniforme.

Ce paysan lui donne des vêtements civils et prend son uniforme. Le soir, deux jeunes hommes le conduisent à vélo chez cet officier, "Mr Frapont" (Adelin FRAIPONT), à 8 ou 10 Km de Maaseik, et il y passe la nuit. Le 14, le Dr François LAMBRICHTS, du quartier Tivoli à Lanklaar (Dilsen-Stokkem), chirurgien à l’hôpital de Maaseik et dont l'épouse, Frances LAMBRICHTS, née Craig, est canadienne, vient panser ses deux blessures aux jambes dues à la Flak et lui donne de nouveaux vêtements. Tard le soir, il conduit Freberg chez Mme Catarina (Catherine) SALLE à la Villa Aurore, Maastrichtersteenweg à Maaseik où il passe la nuit. Elle le conduit le lendemain au train vers Tongres (Tongeren) où le Dr FRAIPONT se trouve déjà. De Tongres, ils se rendent en "train électrique" (tram vicinal) à Liège. Ils rencontrent Mme Helen DOCTEUR-LINDERMAN, du 30 Rue Charles Magnette à Liège, la veuve américaine du Belge Nestor Docteur, et vont à la maison de deux femmes "Jenny et Matilda" (les demoiselles Jenny Rosalie et Mathilde RITSCHDORFF au 30 rue de Waroux à Liège, refuge du Groupe JAM). Le Sgt William Ledford l'y rejoint. Elles leur disent qu'un chef de police liégeois avait récemment dénoncé des évadés aux Allemands, et Freberg loge environ dix jours chez elles avant d’être conduit à la gare de Ans par l’une des deux sœurs.

Freberg voyage alors en train vers Bruxelles avec "Monique" (Thérèse RAISON) et William Ledford. Après un repas avec un architecte (Arthur DE GROEVE, du réseau Luc, au 770 chaussée de Gand à Molenbeek-Saint-Jean), il va chez un technicien (M. WARNON) et y passe la nuit. Le lendemain, on le conduit à une église (Square Frère-Orban ?) où il rencontre une jeune fille et "le chef". La fille le conduit au 16 Rue Vanderhoeven à Saint-Josse chez deux jeunes femmes (dont une est veuve - il s'agit d’Élisabeth LIEGEOIS et Élisabeth WARNON-FERAILLE, cette dernière étant divorcée et veuve de son ex-mari) où Freberg demeure trois jours. Elles le déclarent du 27 au 30 septembre. On le prend en prend en photo et il reçoit une fausse carte d'identité. Freberg et Ledford sont dès lors séparés.

Freberg quitte Bruxelles le 2 octobre avec Tadeusz Frankowski, William Randle et Dalton Mounts. Deux guides les emmènent à Paris. Roger et Raymonde COACHE du 71 rue de Nanterre à Asnières les accueillent et il reste environ dix jours dans un magasin (épicerie) au 25 Rue Bapts à Asnières, tenu par Mlle Reine THOMAS.

Le "12" octobre, Jeanine DE GREEF et Elvire MORELLE le guident jusque Saint-Jean-de-Luz, "Tante Go" et "Bee" Johnson remontant à Bayonne. Ils passent une nuit chez un Basque (Ambrosio SAN VICENTE) au 7 Rue Salagoïty à Saint-Jean-de-Luz. [Freberg signe le carnet de ce dernier le 8, ce qui semble indiquer qu’il est parti de Paris le 7 et non le 12 avec les trois autres].


Mot de remerciement chez Ambrosio San Vicente.
“Such kindness & hospitality the equal of which I never have or never shall encounter
no matter where I may ever go. Mere words are possibly insufficient for the complete expression of my heartfelt gratitude
for all you have done for me but such as it is, it is the only way (at present.)”
[“Où que je puisse aller à l’avenir, jamais je ne rencontrerai autant de gentillesse et d’hospitalité.
De simples mots sont probablement insuffisants pour exprimer de manière complète ma sincère gratitude
pour tout ce que vous avez fait pour moi, mais c’est, si l’on peut dire, le seul moyen (pour le moment.)”]

Le lendemain, Jeanine DE GREEF les amène à Urrugne et Freberg traverse les Pyrénées avec ces trois autres dans le 26e passage de Comète : Robert Frost, Edward Heap, et William Ledford. Ils sont seuls avec un guide basque. Dans une ferme en Espagne, ils rencontrent Andrée DE JONGH et vont chez un garagiste (Bernardo ARACAMA au n°7, 5e étage à gauche, Calle Aguirre, Miramon, à San Sebastian). Freberg signale avoir été ensuite conduit en voiture à Madrid, où il est resté environ 10 jours.

Freberg quitte Gibraltar en avion le 24 octobre et débarque à Mount Batten le même jour. Il est interrogé au MI-9 le 25. Rentré au Canada le 13 novembre 1942, Freberg reprit du service en Grande-Bretagne où il arriva le 4 février 1943 pour être affecté au No. 1659 Conversion Unit, avant de retrouver son poste de navigateur dans son 7 Squadron le 19 février.

Le Flying Officer Freberg fut tué le 11 avril 1943 lors d'une mission de nuit sur Düsseldorf avec le 7 Squadron. Il était à bord du Stirling R9275 (MG-Y) qui s'écrasa à Koerich, à 15 km à l'ouest de Luxembourg-Ville. Philip Freberg et les six autres membres de l'équipage sont enterrés dans une tombe collective au Cimetière Communal de Hollerich (G. D. Luxembourg).

Un site luxembourgeois est consacré au sort du Stirling W7630, avec des textes en néerlandais et en anglais : http://www.stichtingbergingstirlingw7630.nl/


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters