Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 28 novembre 2021.

William Samuel Oliver RANDLE ("Bill") / 1385872 & 144393
Barn Close, Lympstone, Devon, Angleterre.
Né dans le Devonshire le 17 mai 1921 / † le 12 août 2012
Sgt, RAF Bomber Command - 150 Squadron, Pilote.
lieu d'atterrissage: Loksbergen, sud-est de Diest (Brabant).
Vickers Wellington Mk III, BJ877, JN-Z "Zebra", abattu la nuit du 16 au 17 septembre 1942 par la Flak et apparemment achevé par un chasseur piloté par l'Oblt Barte, lors d'une mission sur Essen.
Ecrasé aux environs de Diest (Brabant).
Durée : 2 semaines.
Passage des Pyrénées : le 5 octobre 1942.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3311/936 (complet).

Le Wellington, piloté par Bill Randle, dont c'est la 19ème mission, décolle à 20h28 de Snaith (Doncaster). Il est touché une première fois par la Flak au-dessus de Zwolle, Pays-Bas, en route vers l'objectif. Après le largage des bombes, il est atteint une deuxième fois, à une altitude d'environ 5000 m au-dessus de Saarbrücken, l'obus de la Flak mettant le moteur gauche hors d'usage. Peu après, le moteur droit commence à ne plus fonctionner et, l'appareil perdant de l'altitude, Randle donne l'ordre d'abandonner l'appareil à hauteur du sud-sud-est de Diest.

Outre William Randle, quatre autres membres de l'équipage parviendront à s'évader : le F/Sgt William W. Drechsler, RCAF (R/75287 - passé par Bruxelles, Mons, Lyon, il a traversé les Pyrénées et rejoint Gibraltar d'où il est rentré par avion en Angleterre le 24 février 1943 - SPG 3312/1093), Robert Frost, Dalton Mounts et William Brazill. Le Sgt Norman M. Graham, RCAF, d'abord évadé également se rendra aux Allemands pour éviter des problèmes à la famille belge qui l'hébergeait. Il sera interné dans le Stalag 8B et le Camp n°344 - N° de prisonnier 27166.

Randle atterrit dans un arbre à minuit et 30 minutes le 17 septembre. Il ne peut décrocher le parachute et l'abandonne sur un arbre. Légèrement blessé aux yeux et aux mains, il se dirige vers le village de Loksbergen et n'y voyant personne, va se cacher dans une grange jusqu'à l'aube. Il s'adresse au matin à un fermier et s'identifie, celui-ci le cache dans une cabane, le nourrit et lui donne un pantalon, une veste, des chaussures et une casquette. Le fermier emporte son uniforme et lui dit que des villageois ont détruit son parachute. Randle pensait se diriger d'abord vers la côte belge, dans le but d'y voler un bateau et de gagner l'Angleterre. Le fermier le guide à Halen et c'est vraisemblablement là que, toujours revêtu de sa combinaison de la RAF, il contacte des gens qui lui donnent des vêtements civils et l'équivalent de 90 livres sterling en lui recommandant de changer de cap et de se diriger plutôt vers le sud et la Méditerranée.

Il s'achète un ticket de train à destination de Mons. Le train pour Tirlemont part à 09h00 et arrivé là, il doit attendre six heures avant le départ du train pour Mons. Il en profite pour aller se promener en ville avant de monter à 15h46 dans le train pour Namur. Arrivé à la gare de Namur, n'ayant pas de papiers d'identité, il décide de plutôt poursuivre sa route à pied vers la France. Il demande un lit à deux hommes qui le nourrissent et le cachent dans une grange. Il est réveillé par un homme qui lui pose un tas de questions pour l'identifier, puis un second. Un troisième, un homme d'âge mûr, lui propose de l'aider pour rentrer en Angleterre, revient vers 22 heures et l'emmène à Namur le 17 septembre dans un monastère de Carmélites au 15 "rue de Montaigne" (Il s'agit de l'actuelle Chapelle N.-D. du Mont Carmel, datant de 1937, à la Rue de la Montagne, dans l'ancien couvent des Carmes arrivés en 1928, et occupé en 1947 par l'Ecole artisanale fondée en 1941 dans l'ancien Institut Saint-Georges à Salzinnes. L'école artisanale est devenue IATA ou Institut des Arts et Techniques Artisanales)..

Randle rencontre l'abbé et des moines qui lui promettent de l'aide et lui donnent un lit. Il passe ainsi quelques jours à cet endroit où on lui donne d'autres vêtements et des faux papiers le faisant passer pour un représentant de commerce flamand travaillant dans la céramique sanitaire. L'abbé en personne part en vélo et téléphone à M. AMIEL d'Andenne qui vient le voir. Randle lui donne un disque d'identité, son compas, ses pilules de survie et une partie de son argent. Après deux jours et demi, l'organisation ayant ses apaisements quant à son identité, une femme anglaise vient lui donner des vêtements et l'emmène dans un café à Namur.

Un autre guide (très probablement Albert PETIT, de Dhuy près d'Eghezee - Namur, membre du groupe Tempo, qui l'inscrit le "29 septembre" 42) le conduit alors chez les DAVREUX le 20 septembre. Randle fait mention de Madame DAVREUX et ses deux filles (Madeleine et Mercedes), chez lesquelles il loge pendant quatre jours au 10 de la Rue Alfred Béquet à Namur. La veille de son départ pour Bruxelles, il va dans une autre maison.

Le 23 septembre, Randle est pris en charge à Bruxelles par Elsie MARECHAL et il demeure chez elle et ses parents au 162 Avenue Voltaire à Schaerbeek, leur remettant 700 FB de sa trousse. Le Sgt Dalton Mounts s'y trouve déjà à son arrivée. C'est en effet à Bruxelles qu'il renoue compagnie avec Mounts et ensuite son mitrailleur arrière Robert Frost. Mounts est un pilote américain attaché à la Royal Canadian Air Force, qui était à bord du BJ877 en tant que passager lors de la mission. [Selon des archives, Frost aurait retrouvé Randle et Mounts chez Élisabeth LIEGEOIS et FERAILLE au 16 Rue Vanderhoeven à Saint- Josse à Bruxelles, Frost restant là du 21 au 23 septembre…]

Le 26 septembre, Randle, Mounts et Tadeusz Frankowski partent ensemble à Paris avec comme guide un Jean, employé de banque, et le fils d'un comte (Jean de Blommaert) ainsi que Georges d'Oultremont. Ils restent dans la région parisienne chez "Mr Morell, le père de Didi (Frédéric DE JONGH) ainsi qu'Elvire". La villa de la Rue des Erables à Saint-Maur-des-Fossés est effectivement louée au nom d'Elvire MORELLE.

Le 3 octobre, Randle prend le train vers Bayonne avec Dalton Mounts, Léon Prévot, Léonard Pipkin, Tadeusz Frankowski et Frédéric DE JONGH. Andrée DE JONGH et une jeune fille (Jeanine DE GREEF) les rejoignent à Bayonne.


Mot de remerciement de Randle chez Ambrosio San Vicente

C'est le 25e passage de Comète par la route de Saint-Jean et la Bidassoa. Après avoir traversé les Pyrénées, Bill Randle va dormir deux nuits au Seamen's Mission de Bilbao, tandis que Mounts reste à San Sebastian.

Randle ajoute une remarque à son rapport : Deux personnes (un homme et une femme) furent abattues à Bruxelles, juste avant qu'ils n'y arrivent, pour avoir hébergé trois aviateurs britanniques. Elles furent dénoncées par une femme belge, dont la maison fut ensuite brûlée. Il a aussi entendu dire qu'un aviateur était mort à Bruxelles et avait été enterré dans des caves, qui furent scellées.

William Randle quitte Gibraltar le 24 octobre pour atteindre Portreath, en Angleterre le 25 ; il fut ultérieurement instructeur de vol sur Wellington, vola ensuite sur des Mosquitos, finissant la guerre dans le 692 Squadron.

Peu après son retour en Angleterre, il fut décoré de la DFM (Distinguished Flying Medal). La London Gazette a publié la mention suivante dans son Supplément n° 35813 du 4 décembre 1942, à l'occasion de cette attribution : "Distinguished Flying Medal. 1385872 . Flight Sergeant William Samuel Oliver RANDLE, No. 150 Squadron. Flight Sergeant Randle has taken part in many sorties. In hazardous circumstances he has displayed courage and fortitude in keeping with the highest traditions of the Royal Air Force."

Ayant quitté la RAF en avril 1972, "Bill" Randle a écrit un livre au sujet de son évasion : " Kondor", publié en Angleterre en 1999. Sa biographie ("Blue Skies and Dark Nights") publiée en 2002 en parle également.


Carte postale "1st Day Issue" portant la signature de Randle, éditée le 5 septembre 1989
à l’occasion du 49ème anniversaire de la Bataille d’Angleterre par la RAFES (Royal Air Force Escaping Society)


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters