Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 25 mai 2023.

Robert FROST "Bob" /1383682
41 College Place, Camden Town, Londres NW1
Né en 1923 / † le 14 mars 2019 à Deal (Walmer), Kent, Royaume-Uni
Sgt, RAF Bomber Command - 150 Squadron, mitrailleur arrière
Atterri dans un champ près de Webbekom, au nord de Kapellen - Glabbeek (Diest) en Brabant flamand, Belgique
Vickers Wellington Mk III, n° série BJ877, JN-Z "Zebra", abattu la nuit du 16 au 17 septembre 1942 par la Flak et apparemment achevé par un chasseur piloté par l'Oblt Barte, lors d'une mission sur Essen. la nuit du 16 au 17 septembre 1942.
Écrasé aux environs de Diest (Brabant).
Durée : 3 semaines
Passage des Pyrénées : le 9 octobre 1942

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3311/937.

Le Wellington, piloté par William Randle, dont c'est la 19ème mission, décolle à 20h28 de Snaith (Doncaster). Il est touché une première fois par la Flak au-dessus de Zwolle, Pays-Bas, en route vers l'objectif. Après le largage des bombes, il est atteint une deuxième fois, à une altitude d'environ 5000m au-dessus de Saarbrücken, l'obus de la Flak mettant le moteur gauche hors d'usage. Peu après, le moteur droit commence à ne plus fonctionner et, l'appareil perdant de l'altitude, Randle donne l'ordre d'abandonner l'appareil à hauteur du sud-sud-est de Diest.

Outre Robert Frost, quatre autres membres de l'équipage parviendront à s'évader : le F/Sgt William W. Drechsler, RCAF (R/75287 - passé par Bruxelles, Mons, Lyon, il a traversé les Pyrénées et rejoint Gibraltar d'où il est rentré par avion en Angleterre le 24 février 1943 - SPG 3312/1093), William Randle, Dalton Mounts et William Brazill. Le Sgt Norman M. Graham, RCAF, d'abord évadé également se rendra aux Allemands pour éviter des problèmes à la famille belge qui l'hébergeait. Il sera interné dans le Stalag 8B et le Camp n°344 - N° de prisonnier 27166.

Selon le bref rapport de Helper d’Evarist ANTER, 52 ans, agriculteur, Frost arrive seul chez lui au 195 Sint-Katharinastraat à Kapellen. Il l’héberge un jour puis, lui ayant donné un costume civil, des bottes et un vélo, le remet "sur la grand’route" (de Diest à Tienen/Tirlemont) à René VAN GILBERGEN (renseigné comme habitant à la même adresse…). D’après Richard LYNA, artiste-peintre de Kapellen-bij-Glabbeek (et ayant une autre adresse, celle de ses parents, au 7 de la Rue des Trois Tilleuls à Watermael-Boitsfort, Bruxelles), un aviateur, dont il ne précise pas le nom, atterri à Webbekom, s’était réfugié à 03h00 du matin le 12 septembre chez René VAN GILBERGEN. Celui-ci était venu immédiatement prévenir Richard LYNA, parlant l’anglais et qui, après s’être assuré que l’homme n’était pas Allemand, lui a dit de l’attendre chez lui tant qu’il se rende à Tienen/Tirlemont pour demander à Paul MOERS et Marcel REYNAERTS de venir le prendre chez lui, ce qu’ils font.


Déclaration de Richard LYNA - extrait de son dossier de Helper
où il ne donne pas le nom de l’aviateur concerné.

Dans son rapport d’évasion, Frost ne mentionne pas les noms repris ci-dessus et déclare qu’après son atterrissage dans un champ labouré, il enterre son parachute et marche à travers champs jusque Kapellen, le long de la chaussée de Diest à Tirlemont. Il voit de la lumière dans une maison ("chez le bourgmestre") et frappe en disant "Guten morgen, mein Herr". Après un moment de doute, il s'identifie comme Anglais et demande à manger.

On amène un homme ("le beau-fils du bourgmestre") qui parle anglais et qui l'emmène au soir à Tirlemont à bicyclette. Il suit alors deux autres hommes à vélo chez un docteur où il peut prendre un bain et dormir. Ce n’est qu’en mai 2023 que nous avons pu trouver que le bourgmestre de Kapellen (de 1933 à 1953) était en fait Evarist ANTER, que Paul MOERS était médecin au 30 Delportestraat à Tienen et que Marcel REYNAERTS habitait au 23 Kapucijnenstraat, également à Tienen.

Le 18 septembre 42, Frost passe la journée dans un abattoir mais retourne dormir chez ce docteur (Paul MOERS et son épouse Élise, née Callebaut. Celle-ci sera amenée dans la nuit du 8 au 9 août 1944 lors d’une rafle à grande échelle, les Allemands étant à la recherche de son mari. Celui-ci, caché, échappa à la capture, mais Élise fut abattue à Tienen peu après).

Le 19, Frost est conduit à la gare vers 7 heures et il suit, sur instruction, un homme de loin. Hors de la gare à Bruxelles, l'homme lui parle enfin et le conduit dans un magasin.

On l'y questionne et il est conduit chez Achille OLIEU, au 427 à l'avenue des Pagodes à Laeken. Frost y loge deux nuits, "du 18 au 20 septembre" selon son rapport. Frost ne signale pas y avoir vu Edward Heap. Achille OLIEU déclare qu'il a logé Robert Frost du 19 au 22 septembre, reçu de DE GROEVE (Arthur DE GROEVE, Service Luc-Marc V.N.31, du 770 Chaussée de Gand à Molenbeek) et remis à Jean DELVAUX, "un agent de De Groeve qui était avec Edward Heap". Dans son dossier d’activités, Mars HANSON (pilote à la SABENA, 31 Boulevard Auguste Reyers à Schaerbeek), en liaison avec Achille OLIEU, cite Robert Frost, qu’il a aidé en septembre 1942. Il précise que son aide aux aviateurs tombés sur notre sol consistait à servir d’interprète, fournir de la nourriture, des vêtements, des livres, des cigarettes, etc., afin de faciliter leur évasion et de rendre leur séjour momentané aussi agréable que possible.

Frost passe ailleurs (chez Élisabeth LIEGEOIS et Élisabeth WARNON-FERAILLE au 16 Rue Vanderhoeven à Saint-Josse) où il retrouve Mounts et Randle. Il y est signalé logé du 21 au 23 avec Pipkin, Heap et Tadeusz Frankowski (la comptabilité précise de Élisabeth LIEGEOIS peut être sauvée chez sa mère Anne PAULISSEN au 138 Rue Potagère à Saint-Josse-Ten-Noode avant son arrestation). Élisabeth LIEGEOIS et Élisabeth WARNON-FERAILLE furent arrêtées le 20 février 1943 et déportées vers l’Allemagne le 27 novembre. Internées dans les camps de concentration de Mauthausen et Ravensbrück, elles furent libérées et rapatriées en Belgique en mai 1945.

Guidé à la gare du Midi avec Pipkin, Frost quitte Bruxelles ce 23 septembre avec Jean de BLOMMAERT et Georges d'OULTREMONT.

A Paris, il reste du 23 septembre au 1er octobre chez "Mr Aylie" (Robert AYLÉ, l'adjoint de Frédéric DE JONGH pour Comète-France) au 37 rue de Babylone, et du 1er au 3 chez "Mr MORELLE" (Léon Prévôt dit plus correctement Aimable FOUQUEREL) au 10 Rue Oudinot. Chez Robert AYLE, il voit débarquer de nombreux évadés le 25 septembre. [Il est à noter que la fiche de Randle dit qu'ls restent dans la région parisienne chez "Mr Morell, le père de "Didi" (Frédéric DE JONGH) ainsi qu'Elvire". La villa de la Rue des Erables à Saint-Maur-des-Fossés est effectivement louée au nom d'Elvire MORELLE.]

Le 3 octobre, il quitte Paris avec Philipp Freberg, Edward Heap et William Ledford. Leurs guides jusque Saint-Jean-de-Luz sont Elvire MORELLE et Janine DE GREEF, cette dernière les accompagnera jusqu'à Urrugne. "Bee"Johnson et Elvire De Greef "Tante Go" les rejoignent à Bayonne.

Ils passent une nuit chez un Basque (Ambrosio SAN VICENTE) au 7 Rue Salagoïty à Saint-Jean-de-Luz. Le lendemain, Jeanine DE GREEF les amène à Urrugne et il traverse les Pyrénées avec ces trois autres : Philipp Freberg, Edward Heap, et William Ledford. Ils sont avec un guide basque dans le 26e passage de Comète. Dans une ferme en Espagne, ils rencontrent Andrée DE JONGH et vont à San Sebastian chez un garagiste (Bernardo ARACAMA au n°7, 5e étage à gauche, Calle Aguirre, Miramon, à San Sebastian).


Mot de remerciement dans le carnet d'Ambrosio San Vicente.

Frost quitte Gibraltar le 24 octobre 1942 et atteint Portreath le 25. Il deviendra instructeur, ne pouvant plus voler au-dessus de l'Allemagne.

Selon les informations du livre de son co-équipier William Randle ("Blue Skies and Dark Nights", publié en 2002), Frost tomba à proximité de la ferme d'Angèle VANGILBERGEN et y resta trois jours. Angèle le mit en rapport avec Comète. Emmené à Bruxelles, il logea chez un agent de change près de la Bourse, puis chez une veuve, Avenue des Pagodes. Là, on lui donna un costume, des chaussures et de faux papiers.


Photo des faux papiers de Bob Frost établis à Bruxelles.

Ceux-ci l'identifiaient comme "Robert Simonis", censé être un marin belge vivant à Bordeaux et retourner chez lui après avoir rendu visite à Bruxelles à sa maman souffrante. Il rencontra par la suite Andrée DE JONGH dans un appartement bruxellois (plus probablement parisien) et c'est elle qui l'escorta vers l'Espagne (ou plutôt l'y accueillit à Oiarzun), en même temps que Ledford, Heap et Freberg.

Voir aussi cette page.


William ("Scott") BRAZILL & son co-équipier Robert FROST en Belgique après la guerre, à l’occasion de la visite de la Reine Elizabeth d’Angleterre
en mai 1966 - Photo "Le Patriote Illustré" du 22 mai 1966.

Notre ami Robert Frost en 2011


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters