Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 17 janvier 2017.

Leonard Charles "Pip" PIPKIN / 62260 et 59103
29 Hamilton Way, Finchley, London 3.
Né en 1912 à Lambeth, Londres / † le 30 août 1944, en Angleterre.
Fl/Lt, RAF Bomber Command - 103 Squadron, Navigateur.
lieu d'atterrissage: près de Rumeln-Kaldenhausen en Rhénanie du Nord - Westphalie, à 6 Km du Rhin et ±10km au sud-ouest de Duisburg.
Handley Page (English Electric) Halifax Mk. II, série, W1219, abattu par le Hauptmann Siegfried Wandam du 3./NJG1 dans la nuit du 6 au 7 septembre 1942 lors d'une mission sur Duisburg.
Ecrasé à Tegelen, dans l’actuel quartier Doolhof, commune de Venlo, Province du Limbourg, Pays-Bas.
Durée : 3 semaines.
Passage des Pyrénées : le 5 octobre 1942.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3311/934.

Le Halifax décolle vers 01h06 heure anglaise de la base de Elsham Wolds. Quelques minutes avant 04h00 du matin, il est attaqué au-dessus de Venlo par le Hptm Wandam, dont les rafales criblent le fuselage, blessant le mitrailleur arrière Benstead. Un incendie s’étant déclaré, le pilote donne l’ordre de larguer les bombes, qui tombent entre Venlo et Tegelen, puis d’évacuer l’appareil en perdition.

Généralement, les Halifax avaient un équipage de sept hommes. Le W1219 en comportait huit pour cette mission: outre Leonard Pipkin, il y avait le pilote néo-zélandais, Squadron Leader Clive King Saxelby; le bombardier, Sgt J. Lamb; l’opérateur radio, Sgt William James McLean; le mécanicien, Sgt Thomas Plumpton Milligan; le copilote, Sgt R. Thompson; le mitrailleur arrière, Sgt Charles Edward Benstead; le mitrailleur dorsal, Fl/Off Denis Alban Thomas Churchward. Comme les allemands avaient trouvé le corps du mitrailleur arrière Benstead, blessé lors de l’attaque, et fait prisonniers six autres membres de l'équipage, ils ne cherchèrent pas davantage, ce qui facilita l'évasion du F/Lt Pipkin. Le sergent Benstead, d’abord inhumé à la pelouse d’honneur du cimetière de Venlo, repose depuis 1946 au Jonkerbos War Cemetery à Nijmegen, Pays-Bas. Le Squadron Leader Clive Saxelby, interné au Stalag Luft 3 à Sagan / Zagan, Pologne, faisait partie du groupe dont l’évasion était prévue pour la nuit du 24 au 25 mars 1944 ("la Grande Evasion"). Il avait le ticket n° 82 et le dernier ayant réussi à sortir, le n°77, ayant été arrêté, les autres, dont Saxelby, firent demi-tour dans le tunnel construit pour l’évasion et terminèrent la guerre en Allemagne.

Leonard Pipkin perd sa chaussure droite juste avant de toucher le sol et la cherche pendant 45 minutes dans l'obscurité. Il cache parachute et Mae-West dans une haie. Il se cache dans des fourrés et ne peut bouger pendant 15 heures : il est à 200 mètres d'un camp allemand. Des sentinelles patrouillent tout autour de lui. Ce n'est qu'après 21 heures qu'il peut suivre une route. Un soldat isolé lui demande ses papiers et Pipkin est gagnant du pugilat qui s'ensuit. Il s'enfuit en courant et doit encore souvent se cacher, même en marchant à travers champs. Il se repose dans un bois le 9 septembre. Il traverse la Niers et atteint Viersen. Le 10 à 05 heures du matin, il est à Reuver, entre Venlo et Roermond, aux Pays-Bas.

Des gens le font rentrer chez eux et lui donnent à manger. Il passe la nuit à cette ferme. Le 11, un prêtre (le curé VULLERS de Venlo, au début du circuit de "Gertrude" MOORS, voir ci-dessous) lui envoie un guide qui lui fait traverser la Meuse en Limbourg néerlandais. Ce guide est Piet MEUSEN, habitant Pastoor Vrankenlaan à Reuver. Deux hommes (16 et 24 ans) l'attendent avec des vélos. Ils roulent pendant environ 1 heure et demie jusqu'à une ferme où son passage en Belgique est préparé. Le reste est organisé par un réseau d'évasion de prisonniers de guerre français. C'est la ligne JAM à Liège, qui s'occupe aussi d'agents néerlandais brûlés, et des aviateurs par Melle Maria, Hubertine, Gertrude MOORS, depuis début 1942. Melle MOORS (nom de code "IRMA"-"Gertrude 600"), fille adoptive de Théo BREULS, fut arrêtée le 18 juin 1943 à Maastricht. Après des mois de torture, elle fut condamnée à mort le 15 novembre 1943 et déportée en Allemagne. Elle est portée disparue au camp de concentration de Ravensbrück à la date du 5 mai 1945.

Pipkin et deux Français suivent des guides jusqu'au Nord de Maastricht, sur la rive belge (à Dilsen). Le 12 septembre une femme (Maria MOORS) guide Pipkin en tram vicinal jusque Liège, via Tongres/Tongeren. Il reste jusqu'au 21 septembre chez deux soeurs d'âge moyen (Jenny et Mathilde RITSCHDORFF au 30 rue de Waroux à Liège). Il est visité par une Américaine ayant épousé un Belge (Mme Helen DOCTEUR-LINDERMAN, 39 Rue Magnette à Liège, qui s'occupait des interrogatoires pour JAM) qui le tient informé de la situation et de la suite des événements.

Le 21 septembre, Pipkin est guidé par Thérèse GRANDJEAN au 773 chaussée de Gand à Bruxelles (Molenbeek-Saint-Jean) chez Arthur DE GROEVE et y passe deux nuits ("architecte, Mr Degrout"). Du 21 au 28, il se retrouve en compagnie de Léon Prévôt. Il quitte entretemps le réseau Luc pour Comète. Il ne signale pas avoir rencontré Tadeusz Frankowski. Pipkin quitte cependant Bruxelles le 23, guidé par Élisabeth LIEGEOIS à la gare du Midi, chez qui il a dormi au 16 Rue Vanderhoeven à Saint-Josse-ten-Noode du 21 au 23 de même que Robert Frost, venant de Laeken. Il y a vu aussi l'Australien Edward Heap.

Leonard Pipkin se rend à Paris avec un guide et le groupe de Prévôt, William Randle et Robert Frost (la date est donc bien le 23 septembre). A Paris, il est hébergé par Mlle Jeanne LAJUS au 9 Rue Ernest Psichari à Paris VIIe près des Invalides, "une juive de Strasbourg et amie de René Coache". Cette Jeanne LAJUS, originaire du quartier du Blanc Pignon à Anglet, est en fait la cousine de Jean DASSIE à Bayonne et communique avec lui via le central téléphonique des PTT au 103 Rue de Grenelle. Pipkin y est guidé par René COACHE et son épouse Raymonde et Jeanne LAJUS conduit ensuite Pipkin et les autres évadés au train à la gare d'Austerlitz.

Le même groupe, auquel s’est joint Dalton Mounts, quitte Paris le 6 (ce doit être le 3) octobre avec Frédéric DE JONGH comme guide. A Bayonne, Andrée DE JONGH et une autre femme (Jeanine DE GREEF) montent à bord avec les tickets pour Saint-Jean-de-Luz. Ils restèrent une nuit chez un Basque (Ambrosio SAN VICENTE au 7 Rue Salagoïty).

Le lendemain, Andrée DE JONGH et un guide basque (Florentino GOIKOETXEA) guident Pipkin, Dalton Mounts, Tadeusz Frankowski, Leon Prévôt et William Randle vers l’Espagne. C'est le 25e passage de Comète par la route de Saint-Jean-de-Luz et traversée de la Bidassoa. Pipkin passe deux nuits à San Sebastian chez Federico ARMENDARIZ au 2e étage du 3 Calle de la Marina, près de la Concha, plage de San Sebastian et part à Madrid où il reste 10 jours.

Pipkin quitte Gibraltar par avion le 24 octobre 1942 et arrive le lendemain à la base de la RAF à Mount Batten dans le Plymouth Sound, Devon, Angleterre. Il est débriefé à Londres le 25 et le 26.

Len Pipkin, devenu Squadron Leader (de Réserve), a été tué le 30 août 1944 dans un accident de chasse et est enterré au Hendon Cemetery. Voir ce lien (www.cwgc.org/find-war-dead/casualty/2734882/PIPKIN,%20LEONARD%20CHARLES). La photo du centre a été fournie par sa nièce Petra à John Clinch, qui identifie également Len Pipkin sur ses faux papiers. La photo de droite a été fournie en 1947 à Piet Meusen par Violet, l’épouse de Pipkin, et à nous transmise en avril 2015 par son petit-fils Paul Meusen.

Leonard Charles PIPKIN s’était vu décerner la DFC (Distinguished Flying Cross) le 10 novembre 1942, une barrette y étant ajoutée le mois suivant:

SUPPLEMENT TO THE LONDON GAZETTE, 15 December 1942
Air Ministry, 18th December, 1942.
ROYAL AIR FORCE.
The KING has been graciously pleased to approve the following awards in recognition of gallantry displayed in flying operations against the enemy: —
Bar to Distinguished Flying Cross.
Acting Flight Lieutenant Leonard Charles PIPKIN,
D.F.C. (62260), Royal Air Force Volunteer Reserve, No. 103 Squadron.
In September, 1942, this officer was the navigator of an aircraft detailed to attack a target in the Ruhr. In most hazardous circumstances he displayed courage and devotion to duty in keeping with the highest traditions of the Royal Air Force.


Mot de remerciement chez Ambrosio San Vicente.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters