Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 1 mai 2022.

Benjamin Frederick GOLDSMITH / 1287042
Coles Green Court, Cricklewood, Londres, Angleterre.
Né en 1920 / † en mission le 2 octobre 1942.
Sgt, RAF Bomber Command 149 Squadron, Mitrailleur arrière.
Lieu d'atterrissage : à quelques kilomètres de Pietrebais (Brabant wallon), Belgique.
Short Stirling Mk.1, W7508, OJ-D, abattu la nuit du 5 au 6 juin 1942 par un chasseur du 4./NJG4 (Oblt Walter Barte) lors d'une mission sur Essen.
Écrasé à L’Écluse (Beauvechain, Brabant), Belgique.
Durée : 4 ½ semaines.
Passage des Pyrénées : le 7 juillet 1942.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3309/791.

Le Stirling décolle à 23h15 de Lakenheath (Suffolk). Sur le vol du retour, il est attaqué par le Messerschmitt 110 de Barte et s’écrase dans un champ à L’Ecluse.

6 hommes sont tués : le pilote P/O Peter Levinge Clayton, le co-pilote Sgt James Hutchinson Mouat, le mécanicien de bord Sgt Michael Joseph Kelleher, le navigateur P/O David Morgan Price Jones, le 1er opérateur radio-mitrailleur Sgt Thomas Alfred George et le 2nd radio, le Sgt John Frederick Gwyther. Tous reposent au Adegem Canadian War Cemetery à Maldegemn (Flandre Orientale, Belgique.

Seuls survivront le bombardier Sgt Dudley James Poynter, fait prisonnier et le mitrailleur Goldsmith (la présente fiche).


Une partie de Stirling W7508 écrasé à L’Ecluse (photo de « BEAUVECHAIN
"Le Culot" – 1939-1945 » de Robert Pied (1998)

Atterri dans un champ de maïs, Goldsmith cache son équipement sous une haie. Il doit ramper sous six fils barbelés et tombe dans un ruisseau. Il frappe à une ferme et dit "RAF". Le fermier ouvre le volet, le tire à l'intérieur et l'embrasse. Il lui montre sur une carte où il est. Grâce à un dictionnaire, Goldsmith lui demande des chaussures et lui propose de l'argent. Comme il veut se rendre à Bruxelles, où il a entendu que travaille une filière d'évasion, il est conduit à la gendarmerie où on lui verse du café et le laisse dormir dans un lit, avant de manger. Le fermier revient le conduire à un village (Grez-Doiceau) où il dort la nuit chez un homme (LEBLICQ) qui dit être en contact avec la Légion Belge (future Armée Secrète). La liste des Helpers belges reprend Élise LEBLICQ au 6 Rue de l’Hospice à Grez-Doiceau, sans autres détails. Le seul autre Leblicq est Auguste LEBLICQ, repris comme habitant (en 1947) au 86 Avenue de Parme à Saint-Gilles, Bruxelles… et qui se confirme être le bon. En effet, grossiste en papier, Auguste LEBLICQ fonde avec d’autres anciens combattants, une organisation de résistance et diffuse à partir du 1er janvier 1941, un journal clandestin, "La Légion Noire", nom que portera l’organisation jusqu’en septembre/octobre 1941 pour fusionner avec "La Légion Belge", mieux structurée.

Le 7 juin, Goldsmith est conduit à Wavre, où il passe la nuit chez Désiré GAIN, ingénieur-technicien et son épouse, l'Anglaise Daisy Charlton GAIN, née Kendall, au 53 Avenue des Acacias. Toute la famille parle l'anglais. Goldsmith rapporte avoir oublié leurs noms, mais signale que la sœur de cette femme est Mrs LOVEJOY, 268 The Broadway à Hendon. Il était le premier aviateur anglais que le couple voyait.

Le 8, leur fille Raymonde GAIN le mène à Bruxelles par le tram vicinal. Son père et un autre homme le conduisent dans un pensionnat pour filles (chez un "BODART"). Il est aussi le premier aviateur hébergé là. Il doit s’agir de François/Frans BODART, architecte-géomètre du 150 Rue Saint-Bernard à Saint-Gilles, Bruxelles (arrêté par la suite, déporté et mort à Nordhausen (DORA) le 23 mars 1945, âgé de 32 ans. Goldsmith reçoit une carte d'identité et on le conduit chez un photographe. Il reste environ cinq jours dans ce pensionnat. Marguerite Van Lier "Miss Mitchell" le conduit alors chez un opérateur radio où il demeure en attendant son départ, du 11 au 23 juin. Il s'agit de Carl SERVAIS du 28-30 Rue Stevens Delannoy à Laeken. Il y loge du 12 au 24 juin, avec William Griffiths.

Goldsmith quitte Bruxelles pour Paris le 23 juin, guidé par "Miss Mitchell" et un homme, accompagné de William Griffiths, Reginald Collins et d'un sergent polonais prénommé Marian (Zawodny). Ils achètent des tickets en France (à Valenciennes ?) et achètent des suppléments pour Paris en cours de route. Le groupe voyage en 1ère classe dans un compartiment réservé.

Frédéric DE JONGH les y attend et prend avec lui Goldsmith et Collins pour les conduire chez Léon VIOLETTE au 2 Rue Émile Dequen à Vincennes, tandis que René COACHE emmène chez lui Griffiths et le Polonais Marian pour six jours. Après quatre jours, ils sont rejoints par deux soldats du Argyll & Sutherland : "Jimmie et William" James Goldie et William MacFarlane, capturés sur la somme et évadés d'un Stalag en Allemagne. Griffiths et le Polonais vont alors dans le quartier du Château de Vincennes, "au QG de l'organisation à Paris" (dans la villa de Frédéric De Jongh au 6 Avenue des Érables à Saint-Maur-des-Fossés, en Val-de-Marne). Ils y rencontrent deux Canadiens et un Anglais et y revoient William McFarlane.

Le 4 juillet, Andrée DE JONGH et Elvire MORELLE guident Griffiths, Goldsmith, Collins et Waczan Czekalski de la gare du Nord à Saint-Jean-de-Luz, à nouveau dans un compartiment réservé en 1ère classe. Ils y arrivent le 5 juillet vers 9 heures. A Bayonne, Albert "Bee" Johnson, un Anglais et deux jeunes femmes montent à bord du train. Ils guident Collins et Czekalski par les guichets, tandis que Griffiths et Goldsmith sortent par les toilettes et une sortie de service. Le groupe loge une nuit et un jour dans un flat, chez Ambrosio SAN VICENTE, au 7 Rue Salagoïty.


Mot de remerciement chez Ambrosio San Vicente.

C'est le 16e passage de Comète par la route de Saint-Jean-de-Luz. Le groupe part le 6 juillet mais reste la journée à Urrugne, à la Maison Bidegain Berri, chez Françoise HALZUET épouse ISANDIZAGA. Ils traversent les Pyrénées avec Bee JOHNSON et deux guides basques. Dans un village espagnol, ils prennent contact avec le consulat qui les prend le 9 juillet à Vittoria, d'où ils sont conduits à Madrid en voiture.

Il quitte Gibraltar le 21 juillet 1942, et arrive à Gourock le 30.

Le Sgt Goldsmith, âgé de 22 ans, a été tué le 2 octobre 1942 à bord du Stirling Mk I R9167 OJ-N (RAF 149 Squadron) lors d'une mission de nuit sur Krefeld.

Contrairement à la pratique habituelle de ne plus envoyer en mission au-dessus des pays occupés des aviateurs s’étant évadés (vu les risques pour ses Helpers en cas de capture), Benjamin Goldsmith se trouvait comme mitrailleur à bord du Stirling R9167 qui avait décollé à 19h06 de Lakenheath le 2 octobre 1942, en route vers Krefeld en Allemagne. Abattu par un chasseur de nuit au-dessus de Horst, le Stirling s’est écrasé à 21h34 près de Kronenberg (Limburg), à 13 km au de Venlo, Pays-Bas.

Les sept membres d’équipage furent tués et d’abord inhumés au cimetière de Venlo. Après la guerre leurs dépouilles furent transférées au Jonkerbos War Cemetery, Nijmegen, Pays-Bas. Benjamin Goldsmith y repose, tout comme les autres à bord de l’appareil : le pilote, Squadron Leader William Roy Greenslade (canadien), le navigateur F/S Robert Francis McIntyre (canadien), l’opérateur radio 1 Sgt Frederick Leonard Hughes, le radio 2 Sgt Ernest Leslie Moore, le mécanicien Sgt Marshal Kenneth Smith et le mitrailleur arrière F/Sgt William Orange.

Il est enterré au Jonkerbos War Cemetery, Nijmegen (NL), Voir cette page.



© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters