Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 20 décembre 2021.

Reginald John COLLINS / Aus 405035
N° 1 Lamont, Given Terrace, Paddington, Brisbane, Australie (également, dans son rapport d’évasion : Heussler Terrace, Patrick Street, Brisbane)
Né le 8 février 1913 à Eumundi, Queensland, Australie / † 5 septembre 2000 en Australie
Sgt, RAF 15 OTU, Bombardier / Mitrailleur avant
Atterri à environ 15 Km au Nord-Est de Liège, près de Aix-la-Chapelle.
Vickers Wellington Mk 1c, n° série W5586, EU-U, abattu la nuit du 30 au 31 mai 1942 par un chasseur du 3./NJG1 (Oblt Reinhold Knacke ou Helmut Niklas du 6/NJG1) lors d'une mission sur Cologne.
Écrasé entre Waasmont (Brabant flamand) et Lincent (Province de Liège), Belgique.
Durée : 4 semaines
Passage des Pyrénées : le 7 juillet 1942

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3309/792.

Le Wellington décolle de Harwell à 23h40 heure anglaise. Attaqué par la chasse allemande, il doit être abandonné et seul Reginald Collins parviendra à s’évader. Le pilote W/O John E. Hatton se casse une cheville en atterrissant et sera arrêté à Dormaal, à quelques kilomètres au nord de Landen. Trois autres hommes seront également arrêtés ce même 31 mai et faits prisonniers : le navigateur P/O John B. Harper, l’opérateur radio/mitrailleur Robert Hill et le mitrailleur Frederick R. Hindle.


Document officiel de la RAAF mentionnant la réception d’un télégramme de la Croix Rouge signalant que 4 membres de l’équipage ont été arrêtés
et qu’il n’y figure aucune mention de Reginald Collins.


Lettre du Commandant du RAF Group à la mère de Reginald Collins,
annonçant son statut de "Missing In Action".

Collins atterrit durement près d'un village non identifié et marche toute la nuit vers le Nord, avec un genou blessé. Il se cache la journée et repart au Sud. Il se repose encore le jour et marche une seconde nuit vers le Sud, où il rencontre des chars allemands. Il passe sans se faire arrêter devant les tankistes. Il est à 15 Km de Liège et dort près d'un petit village. Il parvient en Belgique (la frontière avait été déplacée en mai 1940 pour englober à nouveau les Cantons de l'Est dans le Reich allemand).

Deux ouvriers le réveillent et lui indiquent une meilleure cachette où ils reviennent le nourrir. Un homme et un prêtre lui donnent 100 FB et de la nourriture (un sandwich au porc), des bottines, un pantalon et une veste et lui indiquent le chemin de Liège.

Il se trompe de route et rencontre six jeunes hommes qui le conduisent chez le bourgmestre d’un village, qui le nourrit. Il reprend la route et arrive en province de Liège. Trois hommes le découvrent et le logent deux jours.

Le 8 juin, le fils de son logeur le conduit au tram pour Liège. Il en descend avant les agglomérations, marche de nuit et se fait arrêter par deux gendarmes. Quand ils voient sa plaquette d'identité, ils le laissent passer en lui indiquant la route vers l'Ouest et lui serrent la main. Il passe une journée dans une ferme et repart la nuit. On le nourrit et l'héberge, et il peut enfin se raser.

Il est trouvé se cachant sous une haie et conduit par le secrétaire communal chez la Veuve Marguerite FARCY-PREVINAIRE et ses trois enfants (Victor, Alice et Henri), à la Rue de Remicourt dans le village de Bovenistier au Sud-Est de Waremme. Chez les FARCY, Reg Collins peut prendre un bain et se changer. Un instituteur (Firmin) vivait également chez les FARCY et connaissait un jeune Liégeois de 17 ans qui parle anglais : Robert DECLERCQ. Après 3 ou 4 jours, Firmin va voir DECLERCQ avec Collins aux facultés universitaires de Namur où il étudie le droit, ses parents vivant à Londres. La rencontre a lieu dans un café. DECLERCQ s'occupe de joindre une ligne d'évasion via des connaissances dans la Résistance.

Ils prennent un train bondé vers Gembloux et se rendent d'abord à pied à Sombreffe, puis peuvent monter sur un camion de brasserie. La ferme envisagée est peu sûre et un ami garagiste les reconduit de nuit près de Haneffe en voiture.

Ils retournent alors à vélo à Bovenistier. Là, Reg Collins reste habiter 3 à 6 semaines (ou quelques jours ?) chez le vicaire à Limont, à 3 Km. Ce vicaire, l'abbé Georges MOUSSIAUX, cachait d'autres aviateurs et fut arrêté le 8 juillet 1942 et incarcéré à la Prison Saint-Léonard à Liège. Déporté en Allemagne, il passera par les prisons et camps de Bochum, Esterwegen, Borgemach et finalement Mansfeld où il fut libéré par des troupes américaines. Il décédera dans un hôpital le 3 mai 1945, âgé de 60 ans, durant son voyage de retour en Belgique.

Robert DECLERCQ s'occupe du transfert de Collins à Bruxelles via la sœur d'une amie, Denyse SCHEUER ("Jacqueline" qui sert de courrier dans un réseau de renseignement), domiciliée au 54, rue Armand Van Campenhout à Ixelles. Cette femme connaît Aline DUMONT.

Robert DECLERCQ revient finalement chercher Collins à Bovenistier et ils prennent le train à Waremme vers Bruxelles, guidés par Victor FARCY et Firmin. Dans un compartiment, ils trouvent la femme (Denyse SCHEUER, du réseau Mill) qui était montée dans le train à Liège et qui va servir de guide à Collins. Un officier allemand est assis non loin de Collins qui reste debout durant le trajet et "l'amie" a du mal à rester sérieuse tant Collins a l'air britannique dans son imperméable et avec son chapeau.

A la gare de Schaerbeek, une femme est présentée à Collins, qui la suit. Il s'agit de Madeleine MERJAY, directrice d'une maison d'œuvres (le "Home de la Femme") au 34 Avenue Voltaire à Schaerbeek. Selon le récit de Collins, il est pris en charge par deux hommes dans un hôtel, l'un des deux se présentant comme le baron DONAY (Jacques DONNY). Ils l'emmènent chez Mme DEPOURQUE (Jeanne MONNIER) qui le loge dix jours au 51 de la Rue Dupont, près de la gare du Nord.

Madeleine MERJAY le convoie le 15 juin chez le Dr ANDRE au 73 Rue Van Artevelde à Bruxelles, qu'elle a rencontré chez des amis, les VANDERVELDE au 79 Boulevard Lambermont à Schaerbeek. Il est ensuite confié le 17 juin à Jacques DONNY pour être évacué par Comète.

Collins rejoint le groupe de Benjamin Goldsmith et William Griffiths dans le train pour Paris. Il quitte Bruxelles pour Paris le 23 juin, guidé par Marguerite Van Lier ("Peggy") et un homme, accompagné de Goldsmith, Griffiths et d'un sergent polonais prénommé Marian (Marian Zawodny). Ils achètent des tickets en France (Valenciennes ?) et paient des suppléments pour Paris en cours de route. Le groupe voyage en 1ère classe dans un compartiment réservé.

Frédéric DE JONGH les réceptionne à Paris et prend avec lui Goldsmith et Collins pour les conduire chez Léon VIOLETTE et Béatrice CRANE au 2 Rue Émile Dequen à Vincennes, tandis que René Coache emmène Griffiths et Zawodny qu’il héberge pendant six jours avec son épouse Raymonde au 71 Rue de Nanterre à Asnières-sur-Seine, au nord-est de Paris.

Après quatre jours, Collins et Goldsmith sont rejoints par deux soldats du Argyll & Sutherland : "Jimmie et William"(James Goldie et William MacFarlane), capturés sur la Somme et évadés d'un Stalag en Allemagne.

Griffiths et le Polonais Zawodny vont alors dans le quartier du Château de Vincennes, "au QG de l'organisation à Paris" (chez Frédéric De Jongh au 6 Avenue des Érables à Saint-Maur-des-Fossés, en Val de Marne). Ils y rencontrent deux Canadiens et un Anglais et y revoient William MacFarlane.

Le 4 juillet, Andrée DE JONGH et Elvire MORELLE guident Griffiths, Goldsmith, Collins et Waczan Czekalski de la gare d'Austerlitz en train jusqu’à Bordeaux, à nouveau dans un compartiment réservé en 1ère classe. Ils prennent alors un train pour Bayonne où ils arrivent le 5 juillet vers 9 heures du matin, où un Anglais (Albert "Bee"Johnson) et deux jeunes femmes dont Jeanine DE GREEF montent à bord du train. Arrivés finalement à Saint-Jean-de-Luz, Collins et Czekalski sortent par les guichets, tandis que Griffiths et Goldsmith sortent par les toilettes et une sortie de service.

Le groupe loge une nuit et un jour dans un appartement, chez Ambrosio SAN VICENTE au 7 Rue Salagoïty à Saint-Jean-de-Luz, où ils sont nourris par Maritxu ANATOL.


Mot de remerciement de Reg Collins dans le carnet d'Ambrosio San Vicente.

C'est le 16e passage de Comète par la route de Saint-Jean-de-Luz. Collins, Czekalski, Goldsmith et Griffiths partent le 6 juillet mais restent la journée à Urrugne, à la Maison Bidegain Berri, chez Françoise HALZUET épouse USANDIZAGA. Ils traversent les Pyrénées avec Bee JOHNSON et deux guides basques, l'autre guide (Elvire MORELLE) étant immédiatement rentrée à Paris.

Dans un village espagnol, ils prennent contact avec le consulat qui les prend le 9 juillet à Vittoria, d'où ils sont conduits à Madrid en voiture. Comme Czekalski, Goldsmith et Griffiths, Reginald Collins arrive à Gibraltar le 15 juillet et en part le 21 par bateau, arrivant à Gourock en Ecosse le 31.


Document officiel de la RAAF confirmant l’arrivée à Gibraltar le 15 juillet 1942
de Reginald Collins, Czekalski, Goldsmith et Griffiths.


Document officiel de la RAAF concernant le retour au Royaume-Uni de
Reginald Collins et Czekalski, Goldsmith et Griffiths le 31 juillet 1942.

Sa photo a été confirmée par sa petite-fille Natashia et sa fille Mary Hockaday. Nous savons grâce à elles que Reg Collins a préféré suivre des cours de pilotage au Canada, plutôt que de donner des conférences sur l'évasion après son retour. Il devint pilote de Anson et de Dakota au 24 Squadron à Hendon et fit des vols de convoyage jusqu'en Islande. Il arrête les vols en juin et travaille en Angleterre en attendant son rapatriement, s'étant marié en novembre 1944. Il est démobilisé le 16 janvier 1946.

Reginald Collins a reçu en 1965 une lettre de son logeur bruxellois Robert DE CLERCQ.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters