Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 15 mars 2013.

David Chester KRAMER Jr / O-737141
7010 King Street à Bell, Californie, USA
Né le 24 janvier 1923 à Glendale, Californie, USA / † le 23 mars 1996 à Redondo Beach, Californie, USA
1st Lt, USAAF 352 Fighter Group 486 Fighter Squadron, pilote
Atterri près d'Oost-Ijzendijke, à l'Ouest de Terneuzen, Zeeland, Pays-Bas.
Republic P-47D-5-RE Thunderbolt N° série : 42-8514 Immatriculation/Nom : PZ-P,abattu le 30 novembre 1943 par le Fw. Gerhard Thyben du 6./JG 3 lors d'une mission de support de bombardiers sur Solingen (mission de bombardment avortée, la couverture nuageuse étant trop abondante).
Atterrissage forcé près d'Oost Ijzendijke, à l'Ouest de Terneuzen, Zeeland, Pays-Bas.
Durée : 10 mois.
Camps Marathon : Porcheresse.

Informations complémentaires :

Rapport de Perte d'Equipage MACR 1445. Rapport d'évasion E&E 1901 disponible en ligne.

La formation de 60 P-47 du 352 FG décolle de Bodney peu après 10 heures et au moment où elle atteint la zone ennemie, elle rencontre les bombardiers de l'USAAF retournant à leur base, la mission de bombardement qu'ils devaient escorter étant annulée pour cause de mauvaise visibilité. Vers 11h30 aux environs de Neerpelt, l'avion de Kramer est attaqué par des chasseurs Me109 et il sera abattu comme deux autres pilotes de son escadrille.

Touché par des éclats d'obus dans le bras gauche et la jambe droite, Kramer vole à basse altitude vers l'Angleterre mais des ennuis mécaniques et une panne de moteur l'obligent à se poser en catastrophe, évitant de s'écraser sur une maison. Il indique dans son rapport qu'il s'est écrasé "près de Sandvliet", mais il s'agit plutôt de Biervliet, à 6 km à l'Ouest de l'endroit du crash indiqué.

A peine quelques minutes après son atterrissage, des gens arrivent pour l'aider et il apprendra plus tard que trois d'entre eux avaient été battus par les Allemands parce qu'ils avaient participé ainsi à son évasion. On lui fait signe d'aller dans une étable où on lui donne des vêtements et lui indique la direction à suivre. Il commence à marcher et pense être seul avant de se rendre compte qu'il est guidé vers une ferme où il se cache dans une étable jusqu'à la tombée de la nuit.

Un gendarme vient l'y questionner pour vérifier son identité et on le place alors dans une ferme délabrée où il reste pendant 3 jours. Il va ensuite loger chez "l'assistant du maire de Sandvliet" où "la nourriture est mauvaise"… Il n'existe pas de Sandvliet, ni aux Pays-Bas ni en Belgique, et la localité doit être Zandvliet, localité frontalière belge au Nord d'Anvers. Il mentionne qu'un officier belge le guide jusqu'à "Strigbeek" où il reste loger un mois chez un inspecteur des Douanes qui avait deux fils. A notre avis, il doit s'agir de Stabroek, à 8 km au SE de Zandvliet.

L'état de ses pieds gelés s'améliore pendant son séjour durant lequel il lui semble qu'un prêtre était le chef de la Résistance locale (la Section "LOUELLAS" pense-t-il). L'officier le guide alors vers Bruxelles et le remet à une série de personnes, l'une d'entre elles "qui lui semble être une LILI" l'emmenant à une maison où il est pris en photo. Le lendemain, une fille rondelette le guide jusqu'à l'appartement d'un gendarme et Kramer dit avoir l'impression que la fille et "LILI" y habitent.

Le jour suivant, on l'emmène à une maison où vivent un homme, sa femme et deux enfants, dont il indique que leur nom "ressemble à JAMESON" (?) Juste après la Noël, on lui apprend que la Gestapo a infiltré la ligne et torturé un guide pour le faire parler. On lui dit également que l'un des guides masculins qui l'avait convoyé a été arrêté également et qu'il connaît les endroits où les évadés étaient cachés. Mme "L'anglais", "à la tête d'une organisation communiste", le mène alors en bus à Perwez. Il loge pendant 3 mois dans sa famille, avec son mari et leur deux enfants, une fille de 21 ans et un fils de 16 ans. [Il s'agit en fait de l'épouse et de la famille d'Oscar LENGLEZ, le chef de la section Perwez de l'Armée Blanche.]

Il rapporte qu'entretemps il loge également chez le bourgmestre de Perwez pendant 1 semaine et qu'en général on le fait changer souvent de cachette. Dans son rapport, il mentionne un B-24 abatttu (le 29 janvier 1944) près de Waterloo dont un membre de l'équipage, le S/Sgt Joe McCrary, l'a rejoint à un certain moment et est resté avec lui environ 2 semaines.

Kramer part ensuite pour Wavre où il loge chez un Russe et une Française dont les enfants sont nés au Canada. Pendant qu'il se trouve chez eux, un autre B-24 est abattu (c'est le 12 avril 1944) et dans son rapport, Kramer cite le navigateur de cet appareil, Lloyd "Herminski" (c'est le 2nd Lt Lloyd Hermanski), le pilote "Sam" (le Lt Samuel Schleichkorn), le mécanicien "x" (le T/Sgt Charles Bowman) et le bombardier "x" Robert Pritchett, dont il pense qu'ils sont tous saufs. Il rapporte avoir appris que le pilote de ce B-24 avait été arrêté (il s'agit du 2nd Lt James C. Barnett effectivement capturé).

Kramer mentionne aussi avoir vu un P-47 nommé "Joe" abattu "lors du second raid sur Berlin" (par l'USAAF, donc le 6 ou le 8 mars 1944…) Il pense que tous ces hommes ont été transférés à "Tourin" (exact, à Tourinnes-Saint-Lambert, près de Walhain), de même qu'un canadien d'environ 2m10 d'un Mosquito abattu (à notre avis, il doit s'agir du F/Lt RCAF Gordon Morgan).

Kramer poursuit en signalant qu'il est alors guidé par José MANDELAIRE jusqu'à Chaumont où il reste dans une ferme pendant deux mois et demi. Pendant qu'il s'y trouve, un irlandais nommé "Sam Brown" (?) y passe et parle d'un départ pour la Suisse.

MANDELAIRE emmène ensuite Kramer "à Boneley par GEAY (Dorceai (?)" où il loge chez Nina FLEMAL. Il signale aussi que "Pratt" s'y trouvait (1er Lt Kenneth Pratt).

On ramène ensuite Kramer à Wavre où il loge deux nuits chez des Flamands avant d'aller à Nil-Saint-Vincent chez "Georges" (Léon GEORGE) qui l'héberge pendant 3 semaines. GEORGE le conduit ensuite à vélo à Spy où il reste deux semaines dans une ferme avant d'être transféré à "Muny près de Namur" (à notre avis, il s'agit ici de Ciney) où il reste trois nuits chez des gens membres de l'Armée Blanche. Il est mené à leur camp et déclare avoir participé à certaines de leurs actions jusqu'à l'arrivée des tanks Alliés. Il rapporte avoir assisté à la mort de 200 Allemands et précise que le Major de l'Armée Blanche était Charles BODART, habitant 44 Rue du Centre à Ciney.

Son rapport ne mentionne pas Porcheresse, mais la proximité de cette dernière avec Ciney et sa mention d'un camp nous confortent dans l'idée qu'il se trouvait bien au camp Marathon de Porcheresse lorsqu'y sont arrivées les troupes américaines.

A noter que selon Gaston MATTHYS, David Kramer serait parti directement (???) depuis Bruxelles vers les camps Marathon dans les Ardennes.

Libéré le 9 septembre 1944, Kramer quitte le continent en avion au départ de la France le 10 septembre pour regagner l'Angleterre où il est interrogé le lendemain par le MIS.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters