Dernière mise à jour le 9 juin 2017.
Wallace Ivor LASHBROOK ("Wally") / 45895
Iddlecott Farm, West Putford, Holsworthy, Devonshire
né à Chilsworthy, Holsworthy, Devon le 3 janvier 1913 / † 6 juin 2017 à Prestwick, Ayrshire, Royaume-Uni.
Squadron Leader, RAF Bomber Command 102 Squadron, pilote
Atterri à 100 mètres de son avion.
Handley Page Halifax Mk III DY-T , N° série HR663, abattu par un chasseur (Major Wilhelm Herget ou Oblt. Rudolf Altendorf, NJG 4/2 sur ME-110) la nuit du 16 au 17 avril 1943 de retour de mission sur les usines Skoda à Pilsen en Tchécoslovaquie.
Écrasé vers 5 heures près de Eppe-Sauvage (Nord), France, sur la zone frontalière avec la Belgique.
Durée : 7 semaines
Passage des Pyrénées : le 5 juin 1943
Rapport d'évasion SPG n° 3313/1265.
Le Halifax décolle de Pocklington à 20h49 heure anglaise et vers 4 heures du matin, survolant l’ouest de la Belgique au retour de la mission, il est attaqué par le chasseur à une altitude d’environ 2800m. L’aile gauche et un moteur gauche sont touchés, un obus traversant le fuselage et blessant le mitrailleur dorsal et tuant le mitrailleur arrière. L’aile prend feu, le pilote Lashbrook descend à 1800m pour éviter une nouvelle attaque. Le feu se propageant, Lashbrook donne l’ordre d’évacuer l’appareil.
Le mitrailleur dorsal W/O Lawrence Irving Neill, blessé, sera fait prisonnier et interné au Stalag Luft 4 (PoW n° 1192) Le mitrailleur arrière F/O Graham George Williams, 22 ans, repose au cimetière de Maubeuge, Nord, France. Outre Wallace Lashbrook (la présente fiche), 3 autres membres de l’équipage parviendront à s’évader : le navigateur Kenneth Bolton, le bombardier Alfred Martin et l’opérateur radio William Laws. Le mécanicien, F/S Douglas Charles ("Nippy") Knight parviendra à s’évader pendant 5 mois, avant d’être arrêté à Paris le 18 septembre 1943 et interné aux camps Stalag 4B et Stalag Luft 3, prisonnier n° 250739.
Le dernier à quitter son appareil en vrille, Wallace Lashbrook saute à 500 pieds de hauteur (150 mètres) et atterrit ainsi à moins de 100 mètres de l'impact de son appareil. Il s'éloigne et cache son équipement dans le sol marécageux de la fagne. Il emprunte un coupe-feu dans les bois et doit se cacher de personnes qui courent vers le lieu d'impact. Quand il se rend compte qu'il marche vers l'Est, il prend une direction Sud-Ouest. Il reste caché toute la journée dans les bois et repart vers 22 heures. Des poteaux confirment qu'il se trouve au Sud-Est du bois de Chimay en Belgique.
Il rencontre un couple âgé et peut ainsi obtenir un peu de nourriture. Un fermier occupé à traire ses vaches le prend pour un Allemand et le fait partir.
Passé en France, il arrive à Saint-Michel, à l'Est de Hirson. La faim le tenaille, il passe une rivière et continue sa route.
Ce lundi 20 avril 1943 (selon le calendrier grégorien, c'est un mardi !), il frappe à la porte d'un garde-chasse, Henri MICHEL. Il y déjeune et se laisse raser la moustache et les favoris puis dort dans un lit. Henri part acheter des provisions et lui fournit des vêtements civils (beaucoup trop petits), et ils enterrent son uniforme, Henri lui disant qu’il le lui rendrait après la guerre….
Le 21, Henri le conduit à vélo à Iviers, à une quinzaine de km au sud de Hirson, où ils rejoignent un groupe d'ouvriers qui vont prendre le train à Montcornet. En attendant le train, ils vont boire un verre au café le plus proche. Le train de Reims est plein de soldats allemands. Ils descendent à la gare avant Laon et se rendent chez "Albert" un autre garde-chasse, un ami de Henri MICHEL. Cet Albert lui demande de faire passer à la BBC le message "Albert est bien arrivé", ce qui fut fait huit semaines plus tard par Lashbrook.
Pour aller à Reims, Wally est conduit à moto par Albert à la gare suivant Laon. Arrivés à Reims, ils se rendent chez Maurice LECHANTEUR et son épouse au 70 Rue de Champfleury à Montbré, un peu au sud de Reims. Lashbrook y reste six nuits à l'étage, ignorant que le Dr LECHANTEUR donnait ses consultations au rez-de-chaussée. Un résistant, Christian HECHT (du 35 Rue Jouffroy-d’Abbans, Paris 17ème), l'y interroge pour s'assurer qu'il n'est pas un agent allemand infiltré, et fait parvenir une lettre à sa femme en Angleterre.
Le 26 avril, il doit déménager à Mailly-Champagne, chez le boucher Pierre DE KEGEL. Après une semaine, il est évident que sa présence est connue. Jeanne CHATELIN le fait conduire par Christian HECHT en vélo-tandem chez Maurice HECHT, puis dans la famille CHANDELOT à Villers-Marmery [La liste des Helpers français reprend Remy et Lea CHANDELOT à la Rue Gambetta à Mailly-Champagne (à 10 km à l’est de Villers-Marmery…– Lea a été arrêtée et déportée.] Lashbrook reste loger 5 jours chez les CHANDELOT. HECHT lui trouve un autre logement à Beine-Nauroy, chez Georges LUNDY, puis René LUNDY. Il séjourne 10 jours chez la famille LUNDY. Il est ensuite logé dans l'appartement de Joseph BERTHET au 46 Rue de Mars à Reims, encore conduit par Christian HECHT. Après une semaine, il est conduit chez Mlle Germaine GEOFFROY, au 13 Rue de l’Arbalète à Reims. Il y prépare durant six jours le restant du voyage.
Une jeune femme de 19 ans, "Madeleine" (Madeleine BOUTELOUPT), guide Lashbrook en train à Paris et ils prennent le métro près de Notre-Dame (Cité) pour se rendre dans l'appartement de Mlle Marthe WAELES, au 11 Rue de Sommerard à Paris Ve (Il s’agit de la fille de Joseph et Jeanne WAELES, repris à cette adresse à la liste des Helpers français). Différentes personnes s'occupent de lui pour des vêtements, des photos, des faux papiers.
Au début-juin, "Madeleine" et Jean-François NOTHOMB ("Franco") le prennent à la gare du Sud et achètent des tickets pour Bordeaux. Il reconnaît son bombardier, Alfred Martin, sur le quai. A Bordeaux, Lashbrook suit "Madeleine" et il retrouve Martin avec Douglas Hoehn et "Rolande" WITTON (Rosaline THERIER), leur guide. Jean-François NOTHOMB les rejoint et les emmène boire quelque chose dans un café, en leur expliquant le restant du voyage. A Bordeaux, ils vont manger dans un restaurant, à une table voisine de celle de plusieurs Allemands. Ils prennent le train pour Dax, d'où ils continuent vers Bayonne en vélo. Lashbrook crève et la chaîne de Martin se brise, obligeant NOTHOMB à retourner en chercher une à Dax. Ils placent les vélos dans un garage et attendent l'obscurité pour suivre "Franco" jusqu'à un café en bordure de rivière tenu par un Français "gras et jovial" (le bar de Pierre ARRIEUMERLOU au 12 Quai Augustin Chaho à Bayonne, en face des Halles). Ils y avalent un "énorme" repas bien arrosé et dorment à l'étage jusque midi. Lashbrook ne mentionne pas Elvire DE GREEF, chez qui il est passé à Anglet.
Ils roulent ensuite plus de trois heures jusque Saint-Jean-de-Luz, attendant qu'il fasse sombre avant d'y pénétrer. NOTHOMB revient avec un guide et des espadrilles et des pantalons de coton pour traverser la Bidassoa. Ils arrivent vers minuit à une ferme (Jaxtu baïta de Joseph LARRETCHE) où les attend un passeur. Ils traversent la Bidassoa vers 4 heures du matin le 5 juin. C'est le 46e passage de Comète par la route de Saint-Jean-de-Luz.
Lashbrook calcule qu'il y a exactement 50 jours, à moins d'une heure près, qu'il avait sauté de son Halifax. A la ferme Sarobe chez Maria GARAYAR, NOTHOMB et Lashbrook continuent seuls jusqu'à San Sebastian, prenant le tram à Irun. Ils vont à une maison près du front de mer (Chez Federico ARMENDARIZ, 2e étage du 3 Calle de la Marina à San Sebastian, près de la Concha). Ils y mangent et prennent un bain. NOTHOMB part alors chercher Hoehn et Martin, amenés par un autre guide en périphérie.
Le quatrième jour, ils rejoignent la voiture consulaire à un rendez-vous.
Lashbrook, Martin et Hoehn arrivent à Madrid le 10 juin au matin. A l'ambassade de Grande-Bretagne, ils sont rejoints par 6 autres aviateurs, dont trois avaient été détenus à Barcelone. Le voyage en train jusque Gibraltar dure 24 heures. Là, Lashbrook apprend que son navigateur, Kenneth Bolton et son radio, William Laws étaient déjà rentrés en Grande-Bretagne. Tous ces aviateurs seront les derniers avant une vague d'arrestations dans les rangs de Comète, et beaucoup d'autres réseaux, en juin 1943.
Wallace Lashbrook quitte Gibraltar par avion Dakota C-47 le 21 juin 1943 et atterrit à Whitchurch en Angleterre le lendemain.
Voir aussi cette page de Ken Arnold : http://webspace.webring.com/people/wu/um_6610/uk.html.
Wally Lashbrook avait rédigé "Some Anxious Moments in World War Two", le récit de ses activités au sein de la RAF. Le texte entier est disponible sur le site du RAF 102 Squadron à http://www.102ceylonsquadron.co.uk/memWallyLashbrooknotes.html.