Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 31 août 2013.

William McLEAN / 996639
Alwinton-Harbottle, Morpeth, Northumberland, Angleterre.
Né en 1912 (?)
Sgt, RAF Bomber Command, 7 Squadron, mitrailleur arrière.
Lieu d'atterrissage : Près de Gembloux ?
Short Bros Stirling Mk I, R9259, MG-J, abattu la nuit du 6 au 7 décembre 1942 par un chasseur du 5/NJG1 (Ofw Fritz Schellwat), lors d'une mission sur Mannheim.
Ecrasé près de Sauvenière, à environ 2 km au nord-est de Gembloux, Province de Namur, Belgique.
Durée : 2 semaines.
Passage des Pyrénées : le 20 décembre 1942

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3311/1020 (non disponible).

Le Stirling décolle le 6 décembre à 17h41 d’Oakington et est abattu vers 21h40 à une altitude de 2700m à hauteur de Sauvenière.

William McLean sera le seul survivant du crash. Y ont trouvé la mort : le pilote, F/L Hugh Arnotte, le Sgt Ernest Albert Brookes, le navigateur P/O Ronald Leslie Boyes, l’observateur F/O Herbert Frederick Perrot - RCAF et l’opérateur radio/mitrailleur F/Sgt Alan John Wilson – RCAF. Initialement inhumés à Le Culot (Beauvechain), tous reposent au Heverlee War Cemetery près de Leuven / Louvain.

Le Dr Antoine GOETHALS (34 Rue de la Vallée à Ixelles) cite McLean dans son rapport d’activités.

William "Jock" Brazill vient identifier McLean au n° 7 de la Drève Bergère à Auderghem chez Mme CHAUDOIR (Louisa de Marotte de Montigny, veuve de Charles Chaudoir), chez qui McLean loge pendant trois jours. Louisa CHAUDOIR et son aidante Joséphine DETHIER seront toutes deux arrêtées le 14 février 1943 lors d’une descente à cette adresse. Déportées toutes deux, à des dates différentes, au camp de Ravensbrück, elles y décèderont, Thérèse en décembre 1943, Louisa en mars 1945. En 1946, sur décision du Conseil communal d’Auderghem, la Drève Bergère fut rebaptisée en Drève Louisa Chaudoir.

Vers le 15 décembre (le 16 ?), McLean quitte Bruxelles avec Brazill, un belge appelé "Scuvee" (Didier Scuvie) et deux guides : une femme et un homme appelé "Pierre" (qui doit être Eric de MENTEN de HORNE, unique guide masculin à cette époque). McLean est probablement escorté de Bruxelles à Paris par Henriette HANOTTE, qui a conservé sa photo dans un carnet, avec la mention "Gembloux", indiquant la région du crash et non pas un passage de «Monique» HANOTTE par cette localité.

McLean quitte Paris le même jour, en compagnie de Andrée DE JONGH, Jean-François NOTHOMB, SCUVIE, et l'Américain "Martin" (Forrest Hartin). Ils passent quelques heures à Bayonne "chez un Espagnol nommé A. LONE" (en fait, ils vont prendre un repas chez René GACHY au restaurant "Gachy", Place Saint-André à Bayonne, dont l'épouse est Faustine PALENZUELA), puis prennent le train pour Saint-Jean-de-Luz.

Une version plus détaillée de leur arrivée à Bayonne ce 20 décembre 1942 est donnée par Lucienne "Lulu" Dassié (voir à http://www.comete-bidassoa.com/fr_1943.htm) où Tante Go, de la «Villa Voisin» à Anglet, est Elvire DE GREEF, Jeannine est sa fille, Be est Albert «Bee» Johnson, Jean est Jean DASSIÉ, Dédée est Andrée DE JONGH, Franco est Jean-François NOTHOMB, les Lapeyre étant Robert et Yvonne LAPEYRE de Bayonne:

«Le 20 décembre en gare de Bayonne, Tante Go, Jeannine, Be, sont venus par le tramway depuis la villa "Voisin". Jean et sa fille Lulu ont franchi le Pont Saint-Esprit pour les rejoindre. Vers 10h 30 le train de Paris entre en gare. Dédée ou Franco, parfois les deux surgissent suivis à quelques pas par des hommes, à la démarche incertaine au visage gris de fatigue. Jeannine et Lulu se faufilent à leur niveau, passent un bras sous le leur dans un geste d'accueil amical, et les guident vers la sortie au milieu de ces voyageurs en partance parmi lesquels, dans cette gare d'une importance stratégique, se sont intégrés des observateurs de la police allemande.

Be Johnson, les attend sur le trottoir et dans un anglais concis les informe des dangers de la traversée du Pont Saint Esprit. Ce pont est la voie de liaison essentielle entre les deux rives de l'Adour qui traverse Bayonne. Il est constamment balayé par le flux ascendant et descendant, des soldats allemands encasernés dans la Citadelle qui domine Bayonne et son accès ferroviaire. Les "enfants" sont souvent nettement plus grands que les habitants de l'époque. Malgré le béret qu'ils portent, leurs visages démentent leur appartenance à la population locale. Il est recommandé de s'incliner le plus possible dans un geste de feinte galanterie sur leurs accompagnatrices, au demeurant jeunes et charmantes gage de crédibilité. Jean marche en tête, trace le passage, jouant sur le respect, que suscite chez ces hommes élevés dans le culte de la valeur guerrière, cette haute silhouette au bras amputé, à la boutonnière rosie par la Légion d'Honneur. Quant à Be, il ferme la marche et observe les arrières. Le pont franchi sans encombre, le groupe empruntera la rive gauche de l'Adour, traversera en direction d'un square, puis longera les fortifications jusqu'au restaurant Gachy. Cest là que les "enfants" se remettront de la fatigue du voyage en prévision des huit heures de traversée nocturne de la montagne, qui auront lieu la nuit même si le temps le permet. Le restaurant Gachy du nom de son propriétaire René, est situé en face de la deuxième grande caserne bayonnaise "le Château neuf".

Les soldats allemands n'ont que la place à traverser pour se détendre dans cet établissement. D'où un danger de promiscuité qu'il faut limiter au maximum. Il est convenu que les "enfants" déjeuneront à 11 heures avant l'afflux de midi qui perdure jusqu'à 14 heures, les fugitifs ne seront pas cantonnés dans une salle annexe. Cet apartheid inhabituel risquerait de susciter des curiosités soupçonneuses. Ils se mélangeront donc à la clientèle habituelle. C'est un coup de bluff raisonné partant du principe que les Allemands, imbus de leur infaillibilité policière, ne sauraient imaginer que des ennemis consomment parmi eux. René Gachy, engagé en 1914 à l'âge de 16 ans, croix de guerre à 17 ans, a gardé ce même courage tranquille face au danger.

Quant au groupe d'accompagnateurs il se répartira stratégiquement, de manière à éviter tout contact des occupants avec les fugitifs tant sur la banquette qui longe les tables que sur les chaises en vis-à-vis. Midi n'a pas encore sonné à l'église de Saint André quand les "enfants" se retrouvent sur le trottoir. Et ils se séparent en deux groupes, l'un sera amené par Tante Go chez les Lapeyre, l'autre gagnera la maison de Jean. Pour y accéder il faut grimper une côte, qui longe un terrain de manoeuvres militaires gardées par trois sentinelles dans leurs guérites; la difficulté réside dans le fait de passer sans trop attirer l'attention. Il est préférable de fragmenter le groupe, Jean, Lulu, et l'un des aviateurs, passeront normalement devant ces observateurs inquiétants. Au bas de la côte Jeannine et son protégé emprunteront une voie de doublement et surgiront en face à quelques encablures du portail de Jean, ayant ainsi évité au maximum le regard des sentinelles.

Les hommes épuisés se reposeront jusqu'à 17 heures. Ils prennent un confortable thé. Dédée et Jeannine surgissent, Lulu se joint à elles, c'est l'heure du retour à la gare. Le groupe s'y rend à intervalles séparés, la nuit qui tombe tôt facilite la traversée du Pont Saint-Esprit. Les "enfants" surgissent dans le hall de la gare, retrouvent Tante Go qui a ramené leur camarade depuis chez les Lapeyre. La porte de contrôle est surveillée par un inspecteur de police, camarade de Jean, qui feint d'examiner consciencieusement ces faux papiers, fait un signe d'assentiment en direction de ses collègues allemands qui font confiance. Les fugitifs montent dans le train qui les mènera à Saint Jean de Luz avec Dédée qui au côté de Florentino, les guidera jusqu'à Saint Sébastien; souvent Tante Go responsable du bon fonctionnement du passage les accompagne jusqu'à Urrugne. Les aviateurs montent dans le train, en silence sans aucune manifestation d'amitié, seul un regard de connivence et l'ombre d'un sourire font état de cette précieuse complicité.»

William McLean, William Brazill et Forrest Hartin arrivent à une ferme (Bidegain Berri à Urrugne, chez Frantxa HALZUET épouse ISANDIZAGA) et traversent les Pyrénées avec NOTHOMB, Bee Johnson et un guide basque, dans ce 31e passage de Comète par Saint-Jean-de-Luz et la Bidassoa.

Les trois évadés se trouvent dans une autre ferme, à San Sebastian, où ils sont pris en voiture pour aller loger deux nuits chez un garagiste (Bernardo ARACAMA). McLean, passe par l’Ambassade britannique à Madrid où Michael Creswell signe son certificat de passage (voir en bas de page). C’est en compagnie de Sydney Smith et Herbert Spiller que McLean quitte Madrid pour se rendre le 05 janvier à Séville, où un Mr Cairns les héberge.

Les trois hommes quittent l'Espagne le 08 janvier à bord d'un bateau britannique transportant des oranges, le SS META, qui les mène de Séville à Cadiz via le Guadalquivir. Arrivés à Gibraltar le 10, ils prennent le 21 janvier 1943 un ancien navire de ligne français pour gagner Gourock en Ecosse, qu'ils atteignent le 26 janvier 1943.

Mc Lean est décoré de la DFM (Distinguished Flying Medal) le 2 mars 1943:
http://www.london-gazette.co.uk/issues/35923/supplements/1026/page.pdf

996639 Sergeant William McLEAN, No. 7 Squadron.

One night in December, 1942, Sergeant McLean was the rear gunner of an aircraft detailed to attack a target in the Rhineland. During the operation the aircraft was hit by anti-aircraft fire, which rendered the rear turret unserviceable. Unperturbed, Sergeant McLean operated the turret manually and, when the aircraft was attacked by an enemy fighter, his courageous conduct was worthy of high praise.

Ayant repris du service, William McLean se trouvait le 22 août 1943 à bord du Short S.25 Sunderland III n° DD848 (RAF Coastal Command 201 Squadron) en vol vers le Golfe de Gascogne à la recherche de sous-marins allemands. L’appareil s’est écrasé vers 06h00 du matin dans une colline à Slieveglass, près de Brandon, County Kerry en Irlande. Parmi les 11 hommes à bord, huit furent tués, William McLean se trouvant parmi les trois survivants. Soignés à l’hôpital de Tralee jusqu’au 30 août, les 3 blessés quittèrent l’Irlande pour la Grande-Bretagne le 31.


(Imperial War Museum)


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters