Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 11 juin 2022.

Theodore Scott SIMMONS /15374143
124 West 8th Street, Lima, Allen County, Ohio.
Né le 13 mars 1907 à Winnemac, Pulaski County, Indiana / † le 17 juin 1980 à Lima, Ohio
T/Sgt, USAAF 93 Bomber Group 328 Bomber Squadron, radio.
Consolidated Liberator B-24J-50-CO, 42-73507, GO-D / "Sunday Girl", abattu le lors d'une mission sur Brunswick le 30 janvier 1944.
Atterrissage forcé vers 12h30 à Bunschote, près de Nijkerk (Gelderland), Pays-Bas.
Durée : 7 mois.
Camps : Beffe, Porcheresse.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 2341. Rapport d’évasion E&E 1656, disponible en ligne.

Le B-24 décolle de Hardwick le 30 janvier à 07h30, heure anglaise. Au nord-est d’Osnabrück, un des moteurs de l'appareil encourt des avaries en route vers l'objectif, que l'équipage n'atteint pas. Le pilote décide de faire demi-tour vers la base et de larguer les bombes en chemin sur des installations ferroviaires. Un autre moteur est touché par des tirs de la Flak et prend feu. Perdant rapidement de l'altitude, et malgré le lestage de tout le matériel lourd à bord, il descend si rapidement que le pilote donne l'ordre d'évacuer. Comme le pilote avait déclaré vouloir rester à bord de l'avion, les membres de l'équipage décident de rester aussi et finalement le pilote effectue un atterrissage forcé. Les hommes sont secoués, mais personne n'est sérieusement blessé. Informés par le navigateur de leur position, le groupe décide de se séparer par paires et de se diriger vers le Sud.


Le B-24 après son atterrissage forcé près de Nijkerk
(photo via http://www.americanairmuseum.com/media/35520)

De l'équipage du Lt Harold Killian, du co-pilote Henry Schultz, du mitrailleur Raymond Slomowicz, des Sgts Donald Crawford et Leroy Croy, également évadés.

Quatre membres de l’équipage seront faits prisonniers : le navigateur 2nd Lt Edward L. James ; le bombardier 2nd Lt Carl J. Gusikowski, le mitrailleur droit S/Sgt George R. Haynie et le mitrailleur arrière S/Sgt Duthiel H. Borcherding.

Slomowicz et Simmons s'associent dans leur fuite. Un jeune garçon, qui avait vu la chute de l'avion s'approche d'eux le lendemain et prévient le fermier Jan JONKER (Palisadam G111 à Nijkerk). Celui-ci trouve les deux aviateurs cachés dans une meule de foin sur son terrain, et il avertit Hendrik ("Henk") SIETSMA (nom de guerre " Pete "), de Lunteren, membre de la résistance locale. Celui-ci mène les deux hommes jusqu'à un poulailler près de la ferme des JONKER où ils sont cachés pendant deux jours.

Le soir du 2ème jour, SIETSMA conduit les aviateurs à vélo vers le village de TerSchuur où les évadés logent dans une ferme appartenant à Heimen et Wim BOUWMAN, au 2 Zwartebroekerweg. Ils y restent deux semaines, durant lesquelles SIETSMA leur fournit de faux papiers. Ensuite, Hein SIETSMA, le frère de Henk, les prend en charge et les fait passer la frontière hollando-belge. Le nom de ROOSJEN est également cité parmi les " helpers " hollandais des deux aviateurs. [Hein et Henk SIETSMA avaient formé le " Groep HEIN " dans le but d'aider des juifs et, plus tard, de nombreux aviateurs alliés. Hein fut arrêté le 28 avril 1944 et est mort dans le camp de concentration de DACHAU.] Selon des renseignements reçus de la famille de Raymond Slomowicz, la famille de "Jess" LOVEN, de ROERMOND a également aidé les deux aviateurs. Les LOVEN ont participé à l'évasion d'une trentaine d'aviateurs alliés et ont été décorés de la US Medal of Freedom. La liste des Helpers néerlandais reprend Jeanne, Cato, Berthe, Agnes et Henri LOVEN, tous du 90 Willem II Singel à Roermond.

Le groupe JONKERGOUW récupère 45 aviateurs en 1944. La plupart viennent de Hollande via William Henri CRAEGHS à la frontière et le MNB avec l'AS de Molenbeersel. Les guides belges sont : Jacques VOORTMANS (VOOTMANS, selon la liste des Helpers belges), Joseph, Gérard et Hubert VAN EYGEN et Pierre VERWYLE (gendarme à la 6e Brigade, Antwerpen). VOORTMANS trouve Henri JONKERGOUW, un Hollandais de Maaseik en Belgique décédé en 46 et chef local du MNB. Il a contact avec Oscar OYEN, chef de la PJ de Tongres et Paul ALEN de Ans (boîte aux lettres au café SOMERS de Liège).

William Elsberry dit avoir rencontré Simmons et Slomowicz en faubourg de Liège en mai.

Le 23 mai 44, Joseph TRUYENS d'Herstal reçoit d’Arnold HEUSY, du groupe de Lucien DEPREZ d'Herstal, Simmons et Slomowicz qu'il héberge jusqu'au 20 juin 44 (du 2 au 4 juin chez Joséphine MUNTEN-STEEGMANS à Herstal) puis les remet à Albert BOLSEE de Slins-Dalle (Juprelle).

En fin juin 44, Haugens, Lyons, Simmons et Slomowicz sont conduits à Tongres / Tongeren par "BRAUWERS" (Andreus BROUWERS de Maaseik, à la liste des Helpers ?) et "VLIEYS" (Melle VLICKS de Maaseik à la liste ?). Là, via Mme Marie Marguerite SWERTS-BUNINKS (52 Rue Désiré Simonis à Jupille - Liège), Paul ALEN de Ans (Armée Secrète) vient les chercher avec ses hommes.

Par la suite, ils sont emmenés par Mme Maria WITVROUW-STRENS de Herstal et conduits le 4 juillet au camp de Beffe par Pierre STRUMAN, de la Rue Saint-Maur à Liège.


Les seuls détails donnés par Simmons dans son rapport E&E 1656
(archives NARA)

Dans son rapport E&E, très succinct, sans noms ni dates, Simmons indique que Slomowicz et lui restèrent dans un camp de la "Belgian White Army" jusqu’au 1er août, date à laquelle ils partirent seuls vers la France. Pris en charge par des maquisards, ils sont menés vers un camp dans les Ardennes (nous comprenons les Ardennes belges) où ils rencontrent un lieutenant américain. Dans son propre rapport, Slomowicz signale qu’il a quitté Simmons en Belgique le 2 août… Deux jours après leur arrivée dans ce camp, il est attaqué et les combats font 50 tués du côté allemand, 2 de celui des maquisards. Simmons rapporte qu’après 2 semaines, le lieutenant l’a envoyé vers un petit village en France où il est hébergé dans une petite maison jusqu’à l’arrivée des troupes américaines.

Dans un article de presse new yorkaise du 2 janvier 1945, Slomowicz relate qu'au cours de leur évasion, Simmons et lui utilisèrent divers moyens de transport - trains, bus, vélos - et auto-stop, plus beaucoup de marche à travers des régions grouillant de troupes allemandes. Il ajoute qu'ils atteignirent en juillet un endroit de passage vers la France et rencontrèrent des maquisards français de l'autre côté de la frontière. Manquant de nourriture suffisante pour les nourrir tous, les résistants firent comprendre qu'ils ne pouvaient prendre en charge les deux américains. En chemin, ils virent un convoi militaire mitraillé par des avions américains et le lendemain arrivèrent dans une petite ville où des policiers français s'adressèrent à eux. Les policiers les questionnent et Slomowicz répond négativement à la question de savoir s'ils sont américains. Lorsque le policier leur dit qu'il devrait les emprisonner, Simmons avoue qu'ils sont bien américains. "Pourquoi ne l'avez-vous pas dit plus tôt ? Venez avec moi." Les policiers les conduisirent auprès d'un groupe de résistants qui s'occupa d'eux et leur fournit une bonne cachette dans une forêt, vraisemblablement dans les Ardennes belges.

Les archives de Comète indiquent que Simmons est un des trois évadés qui s'éloignent du camp de Porcheresse (géré par Émile ROISEUX) vers la fin août/début septembre, et voient quelques soldats allemands montant une route proche de leur repaire. Les Allemands les ayant aperçus commencent à tirer et ils s'enfuient en courant à travers bois. Quelques jours plus tard, marchant à travers champs, ils voient des soldats américains en jeep, des membres de la 4e Division Blindée US.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters