Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 20 avril 2023.

Heyward Claude SPINKS / O-817122
406 South Lewis Street, LaGrange, Troup County, Georgia, USA
Né le 10 juillet 1920 à Lanett, Chambers County, Alabama, USA / † 27 janvier 1990 à Beaufort, Caroline du Sud, USA
2 Lt, USAAF 357 Fighter Group 364 Fighter Squadron, pilote
Atterri à Ève, à environ 14 km au sud de Senlis, Oise, France.
Mustang P-51 B-5-NA, n° série 43-6935, C5-T / "Hurry Home Honey", ennuis mécaniques le 20 juin 1944 lors d'une mission de mitraillage en région parisienne.
Atterrissage forcé à Eve, dans l'Oise, entre Senlis et Meaux, France.
Durée : 2 mois
Camps Marathon : Fréteval

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 5962. Rapport d'évasion E&E 963 disponible en ligne.

L’escadrille du Lt Spinks décolle de Leiston, Angleterre vers 17h00 heure anglaise.


Spinks dans son cockpit

Spinks a des ennuis de moteur lors de cette mission de mitraillage et se pose en catastrophe à Ève vers 19 heures, dans ce qu’il appellera "le plus bel atterrissage de ma vie". Une dizaine de Français le conduisent immédiatement dans une ferme de cette localité, où on l'habille en campagnard. Il est ensuite conduit dans une autre ferme plus éloignée, qui est régie par une famille polonaise établie là depuis la première guerre. Ce fermier se prénomme "Aloïss ou Allonso". Roger FOLLIOT ("Titou"), 18 ans en 1944, interrogé en 2016, précise qu’il s’agissait d’Antoine KMIECIK, ouvrier agricole, effectivement d’origine polonaise.

Roger FOLLIOT déclare que lorsque la nouvelle de l’atterrissage de Spinks parvint au Groupe FNLLI (Front National pour la Libération et l’Indépendance de la France), dirigé à Senlis par André DECATOIRE, marchand de cycles, contact fut pris avec Georges FLEURY, chef de secteur d’un mouvement de Résistance à Clermont. Membre de ce groupe, Roger FOLLIOT se proposa pour guider l’aviateur à Senlis, en compagnie de Jules FOSSIEZ (brigadier de police à Senlis où il habitait avec son épouse Anne au 61 Rue de Paris). Les deux hommes vont à vélo chercher Spinks à Eve, lui amenant un vélo. Selon FOLLIOT, FOSSIEZ et lui ont mené Spinks d’Eve le 26 juin à Senlis pour le mener chez Melle Marguerite GRONIER, qui s’occupait du Secours National de Senlis, œuvre caritative qui lui servait de couverture à ses activités de Résistante. On mentionne par ailleurs qu’un jeune homme nommé René (René CHARPENTIER, le beau-frère de Jules FOSSIEZ) a mené Spinks chez sa belle-sœur… On signale également de l’aide apportée par l’instituteur Marcel MOURIER, de Lagny-le-Sec, vraisemblablement pour de la traduction…


Extrait de la page à http://www.bmsenlis.com/document/pdf/bulmun/bref2004/juilletaout2004.pdf.

Spinks est donc pris en charge par le Groupe FNLLI de Senlis, notamment en la personne de Jacqueline CABRE épouse LEROY, de Paulette THOMAS et de Marguerite GRONIER, (chez qui il reste 5 semaines). Comme Marguerite est présidente d'un comité aidant les personnes bombardées et que sa maison est un dépôt de secours (Maison du Secours National à la Rue du Châtel à Senlis), elle n'a pas de difficulté à lui trouver de l'habillement. Thomas Ruark arrive trois jours plus tard, le 29 juin.


Spinks (à gauche) et Ruark (à droite) avec Marguerite Gronier à Senlis


Jacqueline CABRE, Paulette THOMAS, Marguerite GRONIER,
Heyward Spinks et Thomas Ruark à Senlis - 1944.


Heyward Spinks, Marguerite GRONIER, Thomas Ruark, Paulette THOMAS
et René CHARPENTIER au Secours National, Senlis.

De Senlis, Jules FOSSIEZ et René CHARPENTIER conduisent Spinks à Chantilly chez "Louis", un coiffeur, qui était en contact radio avec Londres. Il s’agit de Louis MESUREUR, rue du Connétable. Deux femmes viennent l'y prendre pour Paris - Ce sont probablement Yvonne DEPLANCHE et Renée PICHERIE - et le font descendre du train en gare du Nord. Spinks et Ruark sont alors conduits dans l'appartement d'une infirmière dont il ignore le nom (Yvonne DEPLANCHE était infirmière de la Croix-Rouge), étant rejoints en cours de route par le T/Sgt Joshua Lane et les mitrailleurs de la RAF John Morris et John Patrick Finn.

Lane était resté chez Yvonne DEPLANCHE car il n'a pas de photo d'identité et les autres vont dans une maison plus modeste autour de la Place d'Italie dans le XIIIe, qui avait été un hôpital vétérinaire. Spinks, Morris, Finn et Ruark y passent deux nuits puis traversent la ville pour aller chez Yvonne DIXIMIER au 8 Rue Jean Moréas à Paris XVIIe, près de la Place d'Italie. Ils y retrouvent Lane.

Spinks séjourne dans l'appartement de Yvonne DIXIMIER.au 8 Rue Jean Moréas à Paris XVIIe. Cette dernière confirme qu'il y loge du 27 au 31 juillet, avec Thomas Ruark, Joshua Lane et un "Sgt gunner Maurice Smith" qui est en fait Maurice Smith.

Ruark, Smith et Finn partent le 28 juillet.

Trois jours plus tard, le 31 juillet, Lane et Spinks sont conduits par de nombreux guides qui changent à chaque arrêt. Spinks a été guidé par Jean François DARGASSIÈS d'Angervilliers (Essonne) à Sazeray (Eure-et-Loir). On signale également l’aide du restaurateur Maurice IMBAULT (Chaumière "La Bauceronne") à Angerville, servant de relais entre Etampes et Sazeroy-Voves. On retrouve également Spinks à la ferme de Montboissier en compagnie du T/Sgt Joshua Lane et d'un aviateur de la RAF, non-identifié, où ils sont rejoints le 4 août par Patrick Agur, William Brown et Fred Gleason amenés par un jeune guide.

Ces six aviateurs restent jusqu'au 6 août dans une ferme à 3 km à l'extérieur de Montboissier chez un mécanicien agricole prénommé Marcel (Gaston DUNOT), sa femme et son frère et qui, tous trois, étaient armés.

Par la suite, les aviateurs sont menés en voiture jusqu’au camp de "Lucien" (Sqn Ldr Lucien BOUSSA) et "Jean" (Jean de Blommaert. Quand Spinks arrive au camp en Loir-et-Cher, il y avait déjà là environ 125 aviateurs.

Ils sont libérés par des troupes américaines le 14 août 1944. Heyward Spinks passe par Laval en compagnie d'autres aviateurs du camp dans des bus gardés par des parachutistes britanniques jusque Le Mans. Sur la route de Laval à Bayeux, le camion, dernier d'un convoi de six, rate son virage, fait un tonneau et William Brown et Spinks sont blessés, ainsi que Joshua Lane. Lane restera plus longtemps, mais Spinks rejoint l'Angleterre en avion médical dès le 15 août.

Merci à Dominique Charpentier, fils de René Charpentier, pour les précisions qu’il nous a fournies. Merci également à Anne-Marie Soudet, la petite-fille de Paulette THOMAS de Senlis pour ses détails. Certaines informations (témoignage de Roger FOLLIOT), de même que quelques photos, proviennent de la page http://asaapicardie3945.fr/index.php/francais/aviateurs/217-20-juin-1944-2nd-lt-heyward-c-spinks-p51b-mustang-43-6935-hurry-home-honey-357th-fighter-group-364th-fighter-squadron-8th-air-force-eve-oise

Après la fin du conflit, Spinks revint par deux fois à Senlis afin de rencontrer et remercier personnellement ses sauveteurs. En 1987, Anne-Marie Soudet, son mari et ses enfants, ont rendu visite à Heyward Spinks, qui vivait seul aux États-Unis.

Décédé en 1990, Heyward repose au cimetière de Beaufort, South Carolina ( https://fr.findagrave.com/memorial/2955383/heyward-o-spinks ). Sa pierre tombale reprend erronément l’initiale de son 2ème prénom comme "O" au lieu de "C"…


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters