Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 11 septembre 2018.

William Alexander WHITMAN / 18035875
2714 Avenue E, Fort Worth, Texas, USA
Né le 28 décembre 1920 à Haskell, Texas / † 17 décembre 2007 à San Angelo, Texas
T/Sgt, 303rd Bomber Group/ 360th Bomber Squadron, mécanicien
Atterri près de Melun (Seine-et-Marne)
Boeing B-17 G Flying Fortress (Forteresse Volante), 41-24585, PU-B " WULFE HOUND ", abattu par un chasseur allemand le 12 décembre 1942 lors d'une mission sur Rouen-Sotteville
Atterrissage forcé et écrasé dans un champ près de Villeneuve-les-Bordes, au sud de NANGIS (Sud-Est de Paris) - vestiges retrouvés.
Durée : 4 mois et demi
Passage des Pyrénées : le 1 mai 1943

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 6012. Rapport d'évasion E&E 031, disponible en ligne.

L'avion décolle de Molesworth vers 07h30 et avant d'atteindre l'objectif, la formation est attaquée par une vingtaine de chasseurs allemands. Tous les moteurs sont touchés et l'appareil perd rapidement de la vitesse. Le pilote, parvenu à poser l'avion dans un champ boueux en ayant rassemblé l'équipage dans le compartiment radio, s'extirpe de l'appareil par le hublot avant, tandis que le reste de l'équipage sort par le compartiment radio.

Une famille française s'approche et leur disent (Therrien parle le français) qu'un aérodrome allemand se trouve à environ 5 km de là. Les hommes se séparent en groupes de deux et se dirigent dans la direction opposée. Iva Fegette et Whitman partent ensemble, se cachent dans un bois pour le restant de la journée et, le soir venu, se dissimulent dans une grange où ils restent jusqu'au lendemain, le 14 décembre, ne rencontrant que des ouvriers forestiers peu amicaux.

Aidés par d'autres filières, deux autres membres de l'équipage rejoindront aussi l'Espagne : les mitrailleurs Norman P. Therrien et Frederick A. Hartung. Trois autres seront fait prisonniers : le pilote Paul F. Flickinger Jr, le bombardier Beverly R. Polk Jr et le mitrailleur arrière Kenneth J. Kurtenbach. Le copilote Jack Williams et le navigateur Gilbert Schowalter sont également aidés par Comète vers l'Espagne.


W.A. Whitman est dans la première rangée, accroupi le premier à gauche (main sur le genou et indiqué par une flèche),
Iva Lee Fegette est au centre dans la première rangée.

A la nuit tombée, Whitman et Fegette se mettent en route et vont à la maison d'un couple polonais dont l'homme les aide à cacher leur équipement et leur donne quelques vêtements chez un autre Polonais en leur indiquant sur la carte qu'ils sont près de Melun. Les deux hommes retournent dans la forêt puis dans une grange où ils restent jusqu'au lendemain, le 15. Affamés et sous la pluie, ils se nourrissent de betteraves qu'ils trouvent entassées au bord du bois avant de repartir à travers champs jusqu'à un canal. Ils le traversent et peuvent dormir dans une grange.

Le 16, Fegette aperçoit un vieillard (Maurice PLOURAY) qui s'approche d'eux en maugréant parce qu'ils traversent son champ et lorsqu'il est tout près, Fegette tente d'expliquer par signes leur situation. L'homme les cache dans un bois et s'en va vers sa maison chercher de la nourriture. Le soir, ils vient les amener chez lui jusqu'au 18 décembre. Sa petite-fille qui parle très bien anglais. Depuis ce moment, ils sont pris en charge par la Résistance.

Le nom d'Yvonne GAULT est mentionné dans "Their Deeds of Valor" par Don Lassetter, au Chapitre V.

Le 18 décembre, les deux évadés sont conduits dans une voiture Renault roulant avec de la mauvaise essence dans une maison vide dans la banlieue parisienne. Ils y restent six jours sans chauffage, puis sont conduits à 60 (?) miles de Paris près de Rozay-en-Brie en Seine & Marne.

Ils sont abrités et chouchoutés par Paul et Marie ("Mimi") PICHARD (neveu du propriétaire ou régisseur du château Maurice PLOYET) au château du Breuil à Voinsles, quelques kilomètres à l'Est de Rozay-en-Brie (Seine & Marne) où ils restent environ deux mois (54 jours selon leur rapport E&E, du 22 décembre 42 au 15 février 43). C'est là que des photos sont prises pour leurs faux documents, Fegette étant identitifé comme marin sur les siens. Un interprète vient les voir de temps à autre avec un ami pilote français, M. DUPREE.

Un commissaire de police de Paris vient les voir deux fois avec sa femme et sa fille Jeannine de 19 ans (Fegette dit que c'est ce Maurice PLOYET) et s'inquiète de leur situation. Il les fait changer de réseau et leur fournit des faux papiers au début de février. Au château de Breuil, des Allemands logeaient dans l'autre aile du château. Lors de son débriefing à l'ambassade américaine de Madrid, l'équivalent du MI-9 (MI-X) posa tellement de questions précises à Fegette sur les gens qui les avaient aidé en France que Fegette croit encore aujourd'hui qu'un espion nazi s'y était infiltré, ce qui était bel et bien le cas (voir plus bas).

Whitman et Fegette sont alors entre les mains du réseau Brandy de Flore BERTIN "Mme Spiquel/Spickel, Mme Tourneur, Monique" et sont remis au centre de rabattage Comète de Charles MARCOT du 118 Allée Jules Auffret (ensuite Allée des Aldes) à Les Pavillons-sous-Bois.

Le lundi 15 février, selon Fegette (leur rapport E&E est commun), on les conduit à Paris en voiture chez un Mme "Seyrsvel" (Catherine JANOT, née de BRUNEL de SERBONNES) qui veut franchir les lignes pour rejoindre l'Angleterre (Elle veut fuir avec son mari et partira en Afrique du Nord avec lui). Ils sont effectivement renseignés comme convoyés par Catherine JANOT et Bernard COURTENAY-MAYERS.

Deux docteurs (des jumeaux) viennent les prendre un dimanche (Il doit s'agir des frères PENEZ, médecins de Montfermeil en Seine & Oise) et les conduisent en train à "Raincy Pavillion" (Le Raincy - Les Pavillons-sous-Bois). Ils y dorment une nuit chez "Lucien" FOUARD (Léon FOUARD, au 111 Avenue des Sciences à Montfermeil), qui leur dit de faire le bonjour à John McKee, qui avait logé chez lui du 21 décembre au 06 janvier.

Fegette indique dans son récit que lui et Whitman sont alors menés pour 4 jours dans un appartement au 2ème étage d'un immeuble en face de l'Hopital Américain à Paris (au Boulevard Victor Hugo) et dont le propriétaire ("Ptominié Desmajure" THOMINE-DESMAZURES) était père de huit enfants en âge d'école. Il ne s'agit pas de Philippe Demasure, qui avait introduit par trahison Jacques Désoubrie (sous le pseudo de Jacques Leman) dans l'organisation Liberté OCM de Mme Monique SPIQUEL née PATENOTTE, puis dans Comète dès avril 43, Désoubrie devenant "Jean Masson" sur ses faux papiers.

M. FAURE vient les y voir le lundi et veut les ramener dans l'autre réseau. Ce M. FAURE est à Madrid au moment du débriefing de Fegette. Nous avons bien trace d'un Jacques Bernard Georges FAURE du 1 Rue Oswaldo Cruz à Paris XVIe, qui est logeur dans le groupe de Madeleine FALLACHON (pour Jacques LE GRELLE, plus tard, donc ce n'est pas lui). Il les conduit chez une Mme "Cara...". Il s'agit de Anastasie CARAYANIDES au 33 Avenue Victor Emmanuel à Paris, une ancienne logeuse du réseau Pat O'Leary, mais qui est infiltrée par le VMann Glèbe de Marcheret, ce qui causera son décès en déportation à Ravensbrück. Il est dit dans leur rapport qu'ils n'y restent que deux jours, jusqu'à l'arrivée d'un Russe, "Abraham Konieniko", qui arrive le mercredi, ce qui perturbe l'organisation. Mme CARAYANIDES donnait aussi des lessons de langues étrangères (elle en parle cinq) à des jeunes filles allemandes.

Dans son récit ultérieur (inachevé) Fegette écrit qu'après avoir quitté le château, Whitman et lui ont été menés au 2ème étage d'un appartement où vivait une vieille dame grecque (Anastasie CARAYANIDES) et où on leur annonça que leur voyage de Paris vers Bordeaux se réaliserait endéans la quinzaine. Il poursuit en disant qu'un soir, la nourriture venant à manquer, il avait demandé à la dame grecque de l'accompagner à l'Hopital Américain où il se disait certain de trouver de quoi manger. Il mentionne une alerte aérienne cette nuit-là et dit avoir appris par la suite que l'objectif de la RAF, survolant Paris, était l'usine Skoda de Pilsen en Tchécoslovaquie.

Ils sont ensuite interrogés par Robert AYLÉ, qui les interroge sur ce qu'est "a can" et un "dry run" et leur dit que leurs papiers sont démodés. Ils vont faire des photos dans un magasin, se faisant passer pour des sourds-muets. Whitman quitte alors Fegette et le Russe part chez une "Natasha" (Natacha PROTASSIEF épouse du Danois Niels BOEGH, née à Moscou le 08 mai 1901, mariée sans enfants au 83 Rue de Saussure à Paris XVIIe). Fegette suit quant à lui une Elisabeth (BARBIER) chez elle, (au 72 Rue Vaneau Paris VIIe).

Whitman est logé chez Elisabeth BARBIER le lendemain, 21 mars, Fegette ayant été conduit chez le Dr BOHN par Frédéric DE JONGH. Le parcours de Whitman est plus nébuleux, mais ils restent vaguement en contact (c'est Fegette qui raconte la plus grosse partie de leur rapport commun). On leur annonce enfin leur départ.

Tout ce retard et ces revirements de situation s'expliquent par l'arrestation d'Andrée DE JONGH à Urrugne le 15 janvier. Jean-François NOTHOMB et son père ont d'autres priorités que de continuer à faire évader des aviateurs, et rassemblent de l'argent pour acheter la libération d'Andrée DE JONGH (ce qui provoque également des infiltrations de la ligne par tous les côtés). Finalement, Jean-François NOTHOMB trouve un autre itinéraire de train pour aller à Bordeaux par Nantes depuis la gare Saint-Lazare et Comète redémarre péniblement.

En arrivant à la gare d'Austerlitz, Catherine JANOT prévient Frédéric DE JONGH et Elisabeth BARBIER (Fegette ne cite pas Robert AYLE comme étant présent) qu'un aviateur déguisé en prêtre vient d'être arrêté sur le quai (Gilbert Wright). Ce serait sur ces entrefaites que NOTHOMB arrive avec un autre aviateur que Fegette appelle "Allan Robertson" (Il s'agit en fait du S/Sgt Allen Robinson, mitrailleur dorsal du 42-5175, abattu le 16 février 1943). NOTHOMB dit qu'il va voir si le trajet est surveillé, et les trois aviateurs vont passer la nuit chez Elisabeth BARBIER à la Rue Vaneau. Le lendemain, ils retournent où ils étaient logés. Robinson "Robertson" disparaît ici du récit. Il sera passé à la ligne Oktree-Bourgogne par les soins d'Elisabeth BARBIER.

Fegette dit alors que le "Allan" reste chez Elisabeth BARBIER, qu'il retourne chez les BOHN, et que Whitman va chez chez Mme Brigitte MICHEL veuve AUQUIER, son fils étudiant et sa Fille Andrée, où Fegette a déjà logé, au 03 Avenue de l'Observatoire (en face du QG de la Luftwaffe) dans le VIe arrondissement. Robinson disparaît ici du récit.

Fegette apprend que NOTHOMB a besoin de papiers pour leur autorisation de résidence en territoire côtier. Mme AUQUIER apprend aussi que le réseau a été quelque peu infiltré et que quelqu'un y est en contact avec les Allemands (Nous avons vu que les Allemands surveillent les lignes d'évasion via les VLeute Désoubrie, de Marcheret et Pradat, et encore d'autres agents infiltrés. De plus, Frédéric DE JONGH est occupé à "négocier" la libération de sa fille. Tout cela occasionne beaucoup de fuites). Les logeurs désemparés ne savent plus quoi faire avec leurs aviateurs. Ces derniers décident que cette dame devrait les conduire à l'hôpital de la Croix-Rouge américaine à Neuilly. Ils remontent les Champs Elysés jusqu'à la Place de l'Etoile et se perdent sans trouver l'hopital américain. Sur le chemin, quelqu'un lance une grenade dans un restaurant plein d'Allemands et ils décident de rentrer.

Le lendemain, un autre réseau téléphone et leur dit de patienter. Il se passe encore une semaine avant qu'une Irlandaise nommée McCarthy (Elsa Janine alias 'Jeanne' MacCARTHY, née en Irlande et résidant au 54 Rue Sainte-Anne à Paris XIe) ne vienne les visiter avec Elisabeth BARBIER. Whitman déménage alors chez Madeleine AYRAND épouse FOCKENBERGHE (il la nomme "Falkenberg"), recrutée par le Père Michel RIQUET et devenue chef d'un centre d'hébergement de Comète en mars 43 au 28 Quai de Passy à Paris XVIe. Après une semaine, Fegette l'y rejoint. Ils y reçoivent de nouveaux papiers de NOTHOMB et DE JONGH ("Mr Belge").

Le mardi 27 avril 1943, Jean-François NOTHOMB amène John Curry à cette maison d'où l'on voit la Seine (Quai de Passy devenu Voie Georges Pompidou), et où Whitman et Fegette étaient déjà. Après le souper, "Franco" guide les trois aviateurs en gare d'Austerlitz où ils embarquent dans l'express de Bordeaux. Il n'y eut pas de contrôle dans ce train.

Le 28 à midi, ils vont dans un café en face de la gare de Bordeaux où une femme (Elvire DE GREEF) amène le pilote britannique Thomas Wilby. Vers 15 heures et demi, les quatre aviateurs et NOTHOMB prennent un train pour Dax en 3e classe après qu'un arrangement pour louer des vélos n'échoue à Bordeaux. Ils y dorment dans un hôtel (l'Hôtel du Terminus).

Le 29 au matin, ils se rendent en train à Bayonne où ils passent un contrôle de sortie. Ils y retrouvent la femme qui avait amené Wilby à Bordeaux, ainsi que sa fille (Elvire et Jeanine DE GREEF). Ils vont dans un café et montent passer la journée du 29 au-dessus du bar dans des chambres, où ils mangent. Il s'agit du bar de Pierre ARRIEUMERLOU époux de Catherine LESCOULIER au 12 Quai Augustin Chabo. Les gens de l'hôtel savent qu'ils sont britanniques (ou anglo-saxons).

Après 18 heures, ils partent en train pour Saint-Jean-de-Luz. Ils passent le contrôle allemand et NOTHOMB part chercher des guides. Au soir, NOTHOMB les conduit chez deux femmes à Saint-Jean-de-Luz (pas à Ciboure). Le 30 à 22 heures, ils quittent deux-par-deux la maison pour le pont vers Ciboure depuis Saint-Jean-de-Luz, où NOTHOMB et un autre homme les attendent. Ils donnent le reste de leur argent français à Jean-François NOTHOMB. Des hommes, postés le long du chemin leur indiquent la direction. Ils arrivent à une ferme en bordure des Pyrénées, celle de Joseph LARRETCHE, Yatxu-Baïta, à Urrugne où ils reçoivent des espadrilles et des pantalons.

Le passage des Pyrénées prend dix heures, avec Florentino GOIKOETXEA, Patxi OCAMICA et "Franco". C'est la 42e traversée de Comète, par la route de Saint-Jean-de-Luz. Il pleut et ils voient les lumières d'Espagne (Irun) avant de descendre et traverser la Bidassoa.

Le 1er mai, ils s'arrêtent à une ferme toute la journée, et Franco va chercher un taxi. Ils le prennent à 20 heures dans un village et vont loger trois jours à San Sebastian chez le chauffeur, soit Bernardo ARACAMA au n°7, 5e étage à gauche, Calle Aguirre, quartier de Miramon, soit Federico ARMENDARIZ au 2e étage du 3 Calle de la Marina, près de la Concha, plage de San Sebastian. Cet Espagnol les prend en voiture jusque Miranda. Là, ils montent dans une camionette de l'ambassade de Madrid. Fegette et Whitman y restent du 06 au 20 mai. Ils arrivent à Gibraltar le 21 mai et y sont interrogé par Donald Darling le 23. Ils arrivent en Angleterre le 25 mai en B17 à Portreath et repartent à Benson.

Une page web montre une partie de l'équipage du 303 Bomber Group avec quelques détails. Six membres de l'équipage purent s'évader via l'Espagne et furent de retour en Angleterre le 25 mai 1943.

Merci à la petite-fille de Bill Whitman, Tera Rush, pour toutes les photos de son grand-père (26 juin 2011).


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters