Dernière mise à jour le 2 janvier 2017.
William Alexander DONALDSON ("Jock") / 1821127 et 761328
Inverness, Ecosse, Royaume-Uni
Né en 1926, Royaume-Uni / † en 1990
Sgt RAF, RAF Bomber Command 514 Squadron, mécanicien
lieu d'atterrissage : au sud de Villampuy, Eure-et-Loir
Armstrong Whitworth Lancaster MkII, LL692, A2-C, abattu la nuit du 28 au 29 juillet 1944, abattu par un chasseur (du 2./NJG 2 ? Lt Johannes Strassner ?) lors d'une mission sur Stuttgart
Ecrasé à la limite de Lutz-en-Dunois et Ozoir-le-Breuil sur une parcelle de la ferme de Villiers, près de Saint-Cloud-en-Dunois (Eure-et-Loir) à environ 10 km au sud-est de Châteaudun, Eure-et-Loir, France.
Durée : 2 semaines
Camps : Fréteval
Rapport d'évasion SPG 3321/2110 (et W0208/3348/2/162/239).
L'appareil décolle à 21h47 de Waterbeach. Touché à plusieurs reprises par des tirs de chasseurs allemands, deux de ses moteurs en feu, l'avion ne pourra regagner l'Angleterre et le pilote Campbell donne l'ordre de sauter.
Le F/O Robert Roy Giffin, RACF, sera le seul à perdre la vie. Récemment promu pilote, il avait été désigné spécialement ce jour-là, pour sa première mission, en tant que copilote et "huitième homme", l'équipage habituel d'un Lancaster n'en comportant que sept. Mort de ses blessures le 30 juillet, Robert Giffin repose au Cimetière municipal de Saint-Cloud-en-Dunois.
Seul le navigateur Sgt Earl F. Garland, RCAF, blessé à la jambe, sera fait prisonnier. Comme Donaldson (la présente fiche), tous les autres parviendront à s'évader : le pilote Edward Campbell ; le mitrailleur dorsal, Sgt Earl Jones, le bombardier, Jack Chapman le radio, Sgt A. Lyons et le mitrailleur arrière Sgt Sam Harvey.
Donaldson, dont c’était la 24ème mission avec l’équipage, est resté debout pendant tout le vol, sa place habituelle à la gauche du pilote étant occupée par le copilote Giffin devant se familiariser avec les commandes dans ce qui était son premier vol en opération.
En descendant en parachute, Donaldson voit sous lui son mitrailleur Jones qui atterrit dans un champ. Ayant touché le sol, Donaldson appelle Jones et se met à sa poursuite. Jones, l'ayant pris pour un Allemand à ses trousses, détale à toute vitesse. Jones force l'allure, arrive à une clôture et tandis qu'il essaie d'enjamber l'obstacle, l'homme s'adresse à lui en l'appelant un "crazy bah-stard"… Il reconnaît alors Donaldson qui lui dit de le rejoindre pour retourner d'où ils étaient venus. Jones réalise alors que ce qu'il avait pris pour de l'allemand était en fait le fort accent écossais de son co-équipier.
Les deux hommes enterrent leur parachute et leur harnais et commencent à marcher vers le sud-ouest, arrivant tôt le matin du 29 juillet dans un village. Une femme qui parle un peu anglais les dirige vers la ferme de Rainville appartenant au couple DOUSSET, dont seule un contremaître et la fille de la maison, Colette, sont sur place à ce moment. Colette DOUSSET soigne les plaies de Jones, lui appliquant un pansement sur les jambes.
La jeune fille leur donne à manger et les fait se cacher en attendant le retour de ses parents. On leur donne alors des vêtements civils avant que Mr DOUSSET les conduise le même soir du 29 juillet en carriole à cheval chez le "fermier Mr Arthur" où Donaldson et Jones rejoindront par la suite leur pilote Campbell et leur radio Lyons. Ce dernier avait été touché dans l'avion en perdition et portait des éclats d'obus dans les jambes et sous les bras. Plus tard, suite au risque grandissant de voir les Allemands finalement les trouver et passer tout le monde par les armes, la fermière fait comprendre qu'elle ne pouvait plus héberger tous ces aviateurs. Par recoupement, nous avons pu identifier en mars 2014 cet "Arthur" comme étant le cantonnier Arthur JOUSSEAUX, habitant avec son épouse Marie à Bassonville, à environ 2 km à l’est de Lutz-en-Dunois, près de Châteaudun.
La veille de leur départ, une activité plus grande autour de la maison ainsi que des visites de civils inconnus, font comprendre aux quatre hommes que quelque chose se prépare.
Le 31 juillet, vers midi, vêtus d'effets civils, ils se mettent en route à pied avec un guide en direction d'un camp dans une forêt. Se déplaçant par paires, Campbell accompagne Jones, tandis que Donaldson marche avec Lyons. Comme les blessures de Jones le font boiter, on lui donne un vélo. Les instructions étant qu'ils ne parlent à personne et ne fassent aucun signe à qui que ce soit en cours de route, ils ne répondent pas au discret signe de la main que leur fait leur mitrailleur Sam Harvey qui les dépasse sur la route, assis entre deux hommes sur une charrette tirée par un cheval. En chemin, ils doivent se cacher à l'approche d'une limousine noire emportant des officiers allemands vraisemblablement en retraite accélérée.
Chacun ayant depuis longtemps bu sa propre bouteille de vin reçue de la femme d'Arthur JOUSSEAUX, ils sont assoiffés après ces heures de marche et s'arrêtent près d'un champ. Ils pensent trouver de l'eau dans un baquet destiné aux moutons, mais découvrent un liquide recouvert de mousse verdâtre. Ils écrèment la mousse pour plonger une bouteille dans "l'eau", y mettent quatre tablettes d'halozone que contient leur kit de survie (quatre fois la dose normale pour la quantité), secouent le mélange pendant vingt secondes (au lieu de "laisser reposer 20 minutes") et se partagent immédiatement le breuvage.
Dans l'espoir de pouvoir bientôt également se sustenter, ils s'arrêtent à une ferme où une femme leur donne de la viande et du fromage. Les sabots, trop petits, que Mme JOUSSEAUX lui avait donnés, commencent à meurtrir les pieds de Campbell et la femme lui présente des chaussures en ersatz de caoutchouc, dont les semelles sont déjà craquelées. Il les enfile, et le groupe poursuit sa route. Les pieds en sang, Campbell est obligé de marcher sur le sol plus tendre des bas-côtés de la route.
Dans la soirée, après une marche d'environ 35 km, Lyons, Campbell, Jones et Donaldson, menés par Daniel COGNEAU, du 125 Rue Saint-Jean à Châteaudun, arrivent au camp de Bellande à Fréteval où ils retrouvent leur bombardier Chapman. Après deux semaines dans le camp, ils y sont libérés le 13 août par des troupes américaines.
Campbell est interrogé le 15 août par l'IS 9 et rentre en Angleterre le 17. Il est rapatrié à la mi-octobre 1944 vers le Canada et l'Ontario.
Voir aussi ce site.
Par ailleurs, Douglas Harvey, le fils de Sam Harvey a réalisé en 1992-1993 un documentaire/fiction sur ce vol de l'équipage de Campbell. Intitulé "Thousands Fell from Angels High", la 1ère partie de cette vidéo peut être visionnée à http://www.youtube.com/watch?v=yKeXrJlVYoc, page sur laquelle se trouvent les liens sur les 2ème et 3ème parties.
Deux des photos en médaillon nous ont été transmises par la famille de William Donaldson, que nous remercions ici. Merci également à Michel Leroueil, chercheur local, pour ses renseignements sur les familles DOUSSET et JOUSSIEAUX.
William Donaldson s’est vu décerner la Distinguished Flying Medal (DFM) - London Gazette 31 octobre 1944 : Distinguished Flying Medal. 1821127 Sergeant William Alexander DONALDSON, R.A.F.V.R., 514 Sqn. In air operations this officer and airman have displayed skill, courage and fortitude of the highest order.
Deux sœurs et une nièce de William Donaldson, avisées par nos soins, ont pu assister en fin juin 2014 à la cérémonie organisée à Bellande à l’occasion du 70ème anniversaire des camps de la Forêt de Fréteval.