Dernière mise à jour le 16 août 2022.
Sam A. HARVEY / R-285180
823 Semlin Drive, Vancouver, British Columbia, Canada
Né en 1921 au Canada / † en 1983
Sgt RCAF, RAF Bomber Command 514 Squadron, mitrailleur arrière
Atterri au sud-ouest de Villampuy, Saint-Cloud-en-Dunois, Eure-et-Loir, France.
Armstrong Whitworth Lancaster MkII N° série : LL692 Immatriculation : A2-C, abattu par un chasseur (du 2./NJG 2 ? Lt Johannes Strassner ?) dans la nuit du 28 au 29 juillet 1944, lors d'une mission sur Stuttgart.
Écrasé à la limite de Lutz-en-Dunois et Ozoir-le-Breuil sur une parcelle de la ferme de Villiers, près de Saint-Cloud-en-Dunois (Eure-et-Loir) à environ 10 km au sud-est de Châteaudun, Eure-et-Loir, France.
Durée : 2 semaines.
Camp Marathon : Fréteval.
Rapport d'évasion SPG 3348/105.
L'appareil décolle à 21h47 de Waterbeach. Touché à plusieurs reprises par des tirs de chasseurs allemands, deux de ses moteurs en feu, l'avion ne pourra regagner l'Angleterre et le pilote Campbell donne l'ordre de sauter.
Le Fl/Off Robert Roy Giffin, RCAF, sera le seul à perdre la vie. Récemment promu pilote, il avait été désigné spécialement ce jour-là, pour sa première mission, en tant que copilote et "huitième homme", l'équipage habituel d'un Lancaster n'en comportant que sept. Mort de ses blessures le 30 juillet, Robert Giffin repose au Cimetière municipal de Saint-Cloud-en-Dunois.
Seul le navigateur Sgt Earl F. Garland, RCAF, blessé à la jambe, sera fait prisonnier. Comme Harvey (la présente fiche), tous les autres parviendront à s'évader : le pilote Fl/Lt Alex Campbell, le mécanicien Sgt W. Donaldson, le mitrailleur dorsal Fl/Sgt Earl Jones, le bombardier Fl/Off Jack Chapman et le radio Sgt A. Lyons.
Le chercheur local, Michel Leroueil rapporte que Sam Harvey était encore en train de tirer depuis son poste de mitrailleur à l’arrière de l’appareil alors que ses camarades sautaient déjà hors du Lancaster. Il évacuera l’avion en perdition juste avant le pilote Campbell, qui saute en dernier lieu. Dès son arrivée au sol, Harvey commence à marcher vers le sud, arrive dans des bois, près de Membrolles (Loir-et-Cher) et poursuit sa route vers Verdes, dans le même Département. Apercevant une patrouille allemande sur la route, il doit se cacher un temps à "La Fosse du Merle" à l’entrée de Verdes, avant d’être approché par des ouvriers agricoles, employés dans l'exploitation de battage PIONNIER.
Ces hommes le prennent en charge et le mènent près de leur patron. Ce dernier ne comprend pas l’anglais, mais garde Harvey chez lui jusqu’au soir avant de l’amener chez le garagiste-mécanicien Henri LEROUX dont la fille connaissait l’anglais (voir en bas de page). Malgré la proximité de la maison des LEROUX avec les locaux de la Kommandantur et de l’endroit où sont préparés les repas des soldats allemands de la garnison proche, Harvey y est cependant logé pendant 3 jours, ne communiquant que par écrit avec ses hôtes, afin d’éviter d’être repéré. Harvey, habillé de vêtements civils, part ensuite en compagnie d’un résistant, d’abord en vélo, ensuite en carriole tirée par un cheval, avec deux hommes, en direction du camp secret dans la Forêt de Fréteval, dépassant en cours de route ses coéquipiers Campbell et Jones, guidés eux à pied par Daniel COGNEAU, du 125 Rue Saint-Jean à Châteaudun et auxquels il doit se contenter de faire un discret signe de la main. Les deux autres ne répondent pas à son geste, ayant reçu la consigne de ne justement pas faire de signes, tandis que la charrette les dépasse, Harvey n'insistant pas.
Lyons, Campbell, Donaldson et Jones rejoignent bientôt Harvey au camp de Fréteval où se trouve déjà leur co-équipier Chapman. Ils restent moins de deux semaines dans ce camp et sont libérés le 13 août par des troupes américaines.
Par ailleurs, Douglas Harvey, le fils de Sam Harvey a réalisé en 1992-1993 un documentaire/fiction sur ce vol de l'équipage de Campbell. Intitulé "Thousands Fell from Angels High", la 1ère partie de cette vidéo peut être visionnée à http://www.youtube.com/watch?v=yKeXrJlVYoc, page sur laquelle se trouvent les liens sur les 2ème et 3ème parties.
Douglas Harvey n’avait jamais eu l’occasion de beaucoup questionner son père quant à ses années de guerre ni son évasion. Il avait retrouvé de vieilles photos en noir et blanc dans les affaires de son père après le décès de celui-ci. L’une d’elles montrait une jeune fille, seulement identifiée comme Gisèle et dont son père lui avait raconté qu’elle l’avait sauvé de la capture par les Allemands. Pour le tournage de son film, Douglas entra en contact à Toronto dès 1990 avec le pilote Alex Campbell. Douglas apprit par la suite qu’après 4 jours chez le mécanicien (Henri LEROUX, donc, à Verdes) au-dessus du garage duquel il était caché, son père a été pris en charge par René MOUCHET, de Savigny-sur-Orge, nom de code "Maxime", instituteur à Ouzouer-le-Doyen, qui l’a guidé à vélo jusqu’à Fréteval, leurs deux vélos leur ayant été procurés par LEROUX.
Michel Leroueil de l’association "Sur les traces des bombardiers", qui avait vu le film de Douglas et trouvé ainsi les coordonnées d’Alex Campbell, invita les familles des membres de l’équipage du LL692 à une commémoration à Saint-Cloud-en-Dunois organisée les 8 et 9 septembre 2012. Douglas avait amené avec lui la photo de Gisèle en 1944 et, à son hôtel à Châteaudun, la remit à Michel Leroueil, dans l’espoir que quelqu’un pourrait la reconnaitre. Leroueil repasse rapidement le même soir à la salle des fêtes de Saint-Cloud-en-Dunois pour s’assurer que tout était fin prêt pour le lendemain. Une seule personne se trouvait encore dans la salle, Michel Herbuel, qui participait à la préparation de l’événement. Leroueil lui parle du souhait de Doug Harvey, montre la photo…où Herbuel reconnaît formellement son ancienne voisine !... Après de multiples coups de téléphone, Gisèle est retrouvée et apprend ainsi que le fils de Sam Harvey se trouve à 25 km de chez elle. Les Harvey et les familles canadiennes de Campbell et Chapman assistent ravis à la commémoration et dès le lendemain matin, Michel Herbuel emmène la famille Harvey chez Gisèle Fougereux-Leroux, retraitée de l’enseignement. Tout comme Douglas Harvey, elle fut très émotionnée par cette rencontre inespérée.
Sam Harvey avait correspondu avec Gisèle durant une quinzaine d’années après le conflit. Aidée pour les traductions par Esther Harvey, l’épouse de Douglas, Gisèle, qui avait perdu la pratique courante de l’anglais, lui donna quelques détails sur l’évasion de son père, sur "Maxime", les vélos, comment Sam avait été caché dans la chambre du frère de Gisèle à l’étage, l’obligation de communiquer par écrit pour éviter d’être entendus par des voisins ou des soldats allemands de passage… Elle ressortit des photos de Douglas enfant que Sam lui avait envoyées et que Douglas n’avait jamais vues. Ils passèrent ainsi ensemble une partie de ce dimanche 9 septembre 2012, tandis que Michel Leroueil et ses camarades étaient reçus avec les membres des familles Campbell et Chapman par les propriétaires du bois de Fréteval.
Douglas Harvey sera présent en juin 2014 à Bellande-Villebout lors des journées organisées à l’occasion du 70ème anniversaire des camps de la Forêt de Fréteval. Il aura l’occasion d’y rencontrer Beverly et Wesley Allen, les petits-enfants de son pilote Campbell.