Dernière mise à jour le 14 avril 2023.
Arthur Robert LYONS ("Ben") / 1397284
Londres, Angleterre
Né le 28 juin 1922 au Royaume-Uni / † le 29 juillet 1955 à Barnack, Northamptonshire, Angleterre
Sgt, RAF Bomber Command 514 Squadron, radio
Atterri au sud de Villampuy (un peu au sud-est de Saint-Cloud-en-Dunois), à environ 8 km au sud-ouest de Châteaudun, Eure-et-Loir, France.
Armstrong Whitworth Lancaster MkII N° série : LL692 Immatriculation : A2-C, abattu par un chasseur (du 2./NJG 2 ? Lt Johannes Strassner ?) dans la nuit du 28 au 29 juillet 1944, lors d'une mission sur Stuttgart.
Écrasé à la limite de Lutz-en-Dunois et Ozoir-le-Breuil sur une parcelle de la ferme de Villiers, près de Saint-Cloud-en-Dunois (Eure-et-Loir) à environ 10 km au sud-est de Châteaudun, Eure-et-Loir, France.
Durée : 2 semaines.
Camp Marathon : Fréteval.
Rapports d'évasion SPG 3348/56 et WO 208/5419/42
L'appareil décolle à 21h47 de Waterbeach. Touché à plusieurs reprises par des tirs de chasseurs allemands, deux de ses moteurs en feu, l'avion ne pourra regagner l'Angleterre et le pilote Campbell donne l'ordre de sauter.
Le Fl/Off Robert Roy Giffin, RCAF, sera le seul à perdre la vie. Récemment promu pilote, il avait été désigné spécialement ce jour-là, pour sa première mission, en tant que copilote et "huitième homme", l'équipage habituel d'un Lancaster n'en comportant que sept. Mort de ses blessures le 30 juillet, Robert Giffin repose au Cimetière municipal de Saint-Cloud-en-Dunois.
Seul le navigateur Sgt Earl F. Garland, RCAF, blessé à la jambe, sera fait prisonnier. Comme Lyons (la présente fiche), tous les autres parviendront à s'évader : le pilote Fl/Lt Alex Campbell, le mécanicien Sgt W. Donaldson, le mitrailleur dorsal Fl/Sgt Earl Jones, le bombardier Fl/Off Jack Chapman et le mitrailleur arrière Fl/Sgt Sam Harvey.
Lyons atterrit dans un champ. Caché dans une meule de foin (à Morenneville ?), il est rejoint quelques heures après par son pilote Campbell. Les deux aviateurs sont alors amenés (par Marcel LIGER, du 3 Rue Rouget De Lisle à Courbevoie, selon le fils de Campbell) à la maison de "Mr. ARTHUR", qui s'y trouve avec sa femme et deux jeunes hommes que Campbell et Lyons prennent d'abord pour leurs enfants. En fait, il s'agit de deux aviateurs descendus la nuit précédente, un Anglais et un Canadien. Ces derniers passent la nuit dans la maison, tandis que Campbell et Lyons, faute de place, logent dans une meule de foin. Par recoupement, nous avons pu identifier en mars 2014 cet "Arthur" comme étant le cantonnier Arthur JOUSSEAUX, habitant avec son épouse Marie à Bassonville, à environ 2 km à l’est de Lutz-en-Dunois, près de Châteaudun.
Dans la matinée, tandis qu'ils prennent un repas, une bombe de leur avion explose, faisant trembler la maison. Le système de retardement "9 heures" avait fonctionné. La maison, se trouvant au bord d'une route, il arrivait souvent que des soldats allemands s'y arrêtent pour acheter des œufs ou s'abreuver en eau. Les fermiers s'arrangent toujours pour avertir les aviateurs, qui ont alors plus ou moins de temps pour aller se cacher.
Un jour, le fermier prend Campbell à part pour lui apprendre que son copilote, le Lt Giffin, était mort de ses blessures quelques heures après le crash de l'avion. Peu de jours après, le fermier amène à son domicile deux autres membres de son équipage, Donaldson et Jones. Ce dernier avait été touché dans l'avion en perdition et portait des éclats d'obus dans les jambes et sous les bras. Plus tard, suite au risque grandissant de voir les allemands finalement les trouver et passer tout le monde par les armes, la fermière fait comprendre qu'elle ne pouvait plus héberger tous ces aviateurs.
La veille de leur départ, une activité plus grande autour de la maison ainsi que des visites de civils inconnus, font comprendre aux quatre hommes que quelque chose se prépare.
Le 31 juillet, vers midi, vêtus d'effets civils, ils se mettent en route à pied avec un guide (Daniel COGNEAU, du 125 Rue Saint-Jean à Châteaudun) en direction d'un camp dans une forêt. Se déplaçant par paires, Campbell accompagne Jones, tandis que Donaldson marche avec Lyons. Comme les blessures de Jones le font boiter, on lui donne un vélo. Les instructions étant qu'ils ne parlent à personne et ne fassent aucun signe à qui que ce soit en cours de route, ils ne répondent pas au discret signe de la main que leur fait leur mitrailleur Sam Harvey qui les dépasse sur la route, assis entre deux hommes sur une charrette tirée par un cheval. En chemin, ils doivent se cacher à l'approche d'une limousine noire emportant des officiers allemands vraisemblablement en retraite accélérée.
Chacun ayant depuis longtemps bu sa propre bouteille de vin reçue de Madame JOUSSEAUX, ils sont assoiffés après ces heures de marche et s'arrêtent près d'un champ. Ils pensent trouver de l'eau dans un baquet destiné aux moutons, mais découvrent un liquide recouvert de mousse verdâtre. Ils écrèment la mousse pour plonger une bouteille dans "l'eau", y mettent quatre tablettes d'halazone que contient leur kit de survie (quatre fois la dose normale pour la quantité), secouent le mélange pendant vingt secondes (au lieu de "laisser reposer 20 minutes") et se partagent immédiatement le breuvage.
Dans l'espoir de pouvoir bientôt également se sustenter, les quatre hommes s'arrêtent à une ferme où une femme leur donne de la viande et du fromage. Les sabots, trop petits, que Mme JOUSSEAUX lui avait donnés, commencent à meurtrir les pieds de Campbell et la femme lui présente des chaussures en ersatz de caoutchouc, dont les semelles sont déjà craquelées. Il les enfile, et le groupe poursuit sa route. Les pieds en sang, Campbell est obligé de marcher sur le sol plus tendre des bas-côtés de la route.
Dans la soirée, après une marche d'environ 35 km, Lyons, Campbell, Jones et Donaldson, menés par Daniel COGNEAU, arrivent au camp de Bellande à Fréteval où ils retrouvent leur bombardier Chapman et leur mitrailleur Sam Harvey. Le camp est libéré le 13 août par des troupes américaines, mais il semble que Lyons ait rejoint les lignes américaines plus tôt (on cite "le 2 août 1944"). Il rentre en Angleterre le 17 août 1944.
Par ailleurs, Douglas Harvey, le fils de Sam Harvey a réalisé en 1992-1993 un documentaire/fiction sur ce vol de l'équipage de Campbell. Intitulé "Thousands Fell from Angels High", la 1ère partie de cette vidéo peut être visionnée à http://www.youtube.com/watch?v=yKeXrJlVYoc, page sur laquelle se trouvent les liens sur les 2ème et 3ème parties.
Des recherches complémentaires en mars 2014 nous ont permis de retrouver le nom complet d’Arthur Lyons (renseigné dans la plupart des rapports comme simplement A. R. Lyons). Ceci nous a mené à découvrir qu’Arthur Robert Lyons était resté dans la RAF après la guerre. Promu au grade de Flight Sergent le 27 mai 1954 (publication dans la London Gazette du 1er juillet 1954), il était signaller (opérateur radio) à bord du Vickers Valiant type B1 n° WP222 du RAF 138 Squadron, lorsque celui-ci s’est écrasé le 29 juillet 1955 à Barnack peu après le décollage de la base de Wittering lors d’un vol d’entraînement. L’enquête a démontré que l’accident était dû à un problème technique. Ben Lyons est le seul à avoir pu quitter l’avion, mais celui-ci volant encore trop bas, son parachute ne s’est pas ouvert. Les trois autres hommes à bord ont été tués dans le crash et reposent, comme Lyons, dans le cimetière de l’église de Wittering [Wittering (All Saints) Churchyard] à une dizaine de km au nord-ouest de Peterborough, Royaume-Uni.