Dernière mise à jour le 2 février 2017.
Earl Russell JONES ("Jonesy") / R-211833
17th Avenue West, Calgary, Alberta, Canada
Né en 1924/25 au Canada / † en mai 2011, British Colombia, Canada
Sgt RCAF, RAF Bomber Command 514 Squadron, mitrailleur dorsal
Atterri au sud de Villampuy, près de Saint-Cloud-en-Dunois, Eure-et-Loir, France.
Armstrong Whitworth Lancaster MkII N° série : LL692 Immatriculation/Nom : A2-C, abattu par un chasseur (du 2./NJG 2 ? Lt Johannes Strassner ?) dans la nuit du 28 au 29 juillet 1944, lors d'une mission sur Stuttgart.
Ecrasé à la limite de Lutz-en-Dunois et Ozoir-le-Breuil sur une parcelle de la ferme de Villiers, près de Saint-Cloud-en-Dunois (Eure-et-Loir) à environ 10 km au sud-est de Châteaudun, Eure-et-Loir, France.
Durée : 2 semaines.
Camp Marathon : Fréteval.
Rapport d'évasion SPG 3321/2109.
L'appareil décolle à 21h47 de Waterbeach. Touché à plusieurs reprises par des tirs de chasseurs allemands, deux de ses moteurs en feu, l'avion ne pourra regagner l'Angleterre et le pilote Campbell donne l'ordre de sauter.
Le Fl/Off Robert Roy Giffin, RCAF, sera le seul à perdre la vie. Récemment promu pilote, il avait été désigné spécialement ce jour-là, pour sa première mission, en tant que copilote et "huitième homme", l'équipage habituel d'un Lancaster n'en comportant que sept. Mort de ses blessures le 30 juillet, Robert Giffin repose au Cimetière municipal de Saint-Cloud-en-Dunois.
Seul le navigateur Sgt Earl F. Garland, RCAF, blessé à la jambe, sera fait prisonnier. Comme Jones (la présente fiche), tous les autres parviendront à s'évader : le pilote Fl/Lt Edward Campbell, le mécanicien Sgt William Donaldson, le bombardier Fl/Off Jack Chapman, le radio Sgt A. Lyons et le mitrailleur arrière Fl/Sgt Sam Harvey.
Earl Jones est touché dans l'avion en perdition et est atteint par des éclats d'obus dans les jambes et sous les bras. Il saute juste après Donaldson et dès qu'il atterrit dans un champ de blé, il entend un homme qu'il ne voit pas lui crier quelque chose. Il pense que c'est un Allemand à sa poursuite et il commence à s'encourir. Il se retourne et voit que l'inconnu le suit à toute vitesse. Jones force l'allure, arrive à une clôture et tandis qu'il essaie d'enjamber l'obstacle, l'homme s'adresse à lui en l'appelant un "crazy bah-stard"… C'était le mécanicien Donaldson, qui lui dit alors de le rejoindre pour retourner d'où ils étaient venus. Jones réalise alors que ce qu'il avait pris pour de l'allemand était en fait le fort accent écossais de son co-équipier.
Les deux hommes enterrent leur parachute et leur harnais et commencent à marcher vers le sud-ouest, arrivant tôt le matin du 29 juillet dans un village. Une femme qui parle un peu anglais les dirige vers la ferme de Rainville appartenant au couple DOUSSET, dont seule un contremaître et la fille de la maison, Colette, sont sur place à ce moment. Colette DOUSSET soigne les plaies de Jones, lui appliquant un pansement sur les jambes.
La jeune fille leur donne à manger et les fait se cacher en attendant le retour de ses parents. On leur donne alors des vêtements civils avant que Mr DOUSSET les conduise le même soir du 29 juillet en carriole à cheval chez le "fermier Mr. Arthur" où Jones et Donaldson retrouvent leur pilote Campbell et leur radio Lyons. Deux jours plus tard, suite au risque grandissant de voir les Allemands finalement les trouver et passer tout le monde par les armes, la fermière fait comprendre qu'elle ne pouvait plus héberger tous ces aviateurs. Par recoupement, nous avons pu identifier en mars 2014 cet "Arthur" comme étant le cantonnier Arthur JOUSSEAUX, habitant avec son épouse Marie à Bassonville, à environ 2 km à l’est de Lutz-en-Dunois, près de Châteaudun.
La veille de leur départ, une activité plus grande autour de la maison ainsi que des visites de civils inconnus, font comprendre aux quatre évadés que quelque chose se prépare. Le 31 juillet, vers midi, vêtus d'effets civils, ils se mettent en route à pied avec un guide en direction d'un camp dans une forêt. Se déplaçant par paires, Campbell accompagne Jones, tandis que Donaldson marche avec Lyons. Comme les blessures de Jones le font boiter, on lui donne un vélo. Les instructions étant qu'ils ne parlent à personne et ne fassent aucun signe à qui que ce soit en cours de route, ils ne répondent pas au discret signe de la main que leur fait leur mitrailleur Sam Harvey qui les dépasse sur la route, assis entre deux hommes sur une charrette tirée par un cheval. En chemin, ils doivent se cacher à l'approche d'une limousine noire emportant des officiers allemands vraisemblablement en retraite accélérée.
Chacun ayant depuis longtemps bu sa propre bouteille de vin reçue de la femme d'Arthur JOUSSEAUX, ils sont assoiffés après ces heures de marche et s'arrêtent près d'un champ. Ils pensent trouver de l'eau dans un baquet destiné aux moutons, mais découvrent un liquide recouvert de mousse verdâtre. Ils écrèment la mousse pour plonger une bouteille dans "l'eau", y mettent quatre tablettes d'halazone que contient leur kit de survie (quatre fois la dose normale pour la quantité), secouent le mélange pendant vingt secondes (au lieu de "laisser reposer 20 minutes") et se partagent immédiatement le breuvage.
Dans l'espoir de pouvoir bientôt également se sustenter, ils s'arrêtent à une ferme où une femme leur donne de la viande et du fromage. Les sabots, trop petits, que Mme JOUSSEAUX lui avait donnés, commencent à meurtrir les pieds de Campbell et la femme lui présente des chaussures en ersatz de caoutchouc, dont les semelles sont déjà craquelées. Il les enfile, et le groupe poursuit sa route. Les pieds en sang, Campbell est obligé de marcher sur le sol plus tendre des bas-côtés de la route.
Dans la soirée, après une marche d'environ 35 km, Lyons, Campbell, Jones et Donaldson, menés par Daniel COGNEAU, du 125 Rue Saint-Jean à Châteaudun, arrivent au camp de Bellande à Fréteval où ils retrouvent leur bombardier Chapman et leur mitrailleur Sam Harvey. Après moins de deux semaines dans le camp, ils y sont libérés le 13 août par des troupes américaines. Earl Jones rentre en Angleterre le 17 août 1944.
Voir aussi ce site.
Par ailleurs, Douglas Harvey, le fils de Sam Harvey a réalisé en 1992-1993 un documentaire/fiction sur ce vol de l'équipage de Campbell. Intitulé "Thousands Fell from Angels High", la 1ère partie de cette vidéo peut être visionnée à http://www.youtube.com/watch?v=yKeXrJlVYoc, page sur laquelle se trouvent les liens sur les 2ème et 3ème parties.
Merci à Michel Leroueil, chercheur local, pour ses renseignements sur les familles DOUSSET et JOUSSIEAUX.