Dernière mise à jour le 1 septembre 2021.
James Chandler ELLIS ("Jim") / O-751644
Route # 7, Yakima, Washington State, USA.
Né le 24 décembre 1920 à Yakima, dans l’Etat de Washington / † le 15 août 1995 à Seattle, Washington State, USA
2nd Lt, USAAF 379 Bomber Group 527 Bomber Squadron, bombardier.
Lieu d'atterrissage : Moustier-lez-Frasnes, Hainaut.
Boeing B-17G-30-BO Flying Fortress, 42-31799, FO-X, abattu par la Flak lors d'une mission sur Francfort le jeudi 2 mars 1944.
La partie avant de l'appareil est tombée à Fumay (Aisne, en France). Plusieurs documents allemands, dont le KU 1060, précisent que l'avion a explosé en l'air et s'est écrasé à 2 Km SE de Fumay, 35 Km N de Charleville à 15h20.
Durée : 6 mois.
Camps : Bruxelles à la libération (Brusselmans).
Rapport de perte d'équipage MACR 2736. Rapport d'évasion E&E 2013 disponible en ligne.
L’appareil décolle de Kimbolton à 7h30 heure anglaise. A hauteur de Cologne, il est touché par la Flak dans l’aile droite et le réservoir de carburant "Tokyo" de cette aile prend feu au-dessus de la Belgique. Il semble que ce soit l’unité de Flak basée à Chièvres qui l’aurait achevé. Quoiqu’il en soit, un incendie s’étant déclaré à bord et vu le danger d’explosion, le pilote donne l’ordre de l’évacuer.
James Ellis, dont c’est la 11ème mission, est membre de l’équipage du pilote Glen Hufnail et du copilote Dean McCall. Le navigateur David E. Ferris /O-811603, légèrement blessé au genou droit, parvient d’abord à s’échapper mais sera fait prisonnier par la suite; le radio Kenneth I. Parker - 34362570 est lui aussi fait prisonnier, tout comme le mitrailleur dorsal Derwood Macklin. Le mitrailleur ventral Henry O. Young peut s'évader (E&E 2082). Le mitrailleur droit Charles Lambert sera un rescapé du groupe BRUSSELMANS. Le mitrailleur gauche Frederick R. Ryan - 12214174 a été fait prisonnier et le mitrailleur arrière Edgar Harvey Woodbury a pu s'évader (E&E 2083).
James Ellis indique dans son rapport d'évasion : "le pilote et moi avons vécu ensemble durant toute cette période". Ellis atterrit dans le verger de la cure de Moustier-lez-Frasnes à 14 heures 30. Un groupe de supplétifs soviétiques de la Wehrmacht, conduit par le Feldwebel en résidence à Frasnes encerclent très vite l'endroit de sa chute, ayant observé le parachute depuis un bon moment. Alfred CONNART rentre dans le verger clos pour l'aider à se débarrasser de son équipement jusqu'à sa combinaison chauffante électrique de couleur bleue qui ressemble à un bleu de travail, pendant que Robert PARENT montre aux supplétifs que la porte est fermée et qu'il faut faire le tour par-devant. Ils quittent calmement le verger devant les soldats et les curieux qui sont arrivés. Par des jardins, ils traversent la Rue Royale (aujourd'hui Rue de Grandmetz) et entrent à la Poste. Par derrière, un simple saut au-dessus du mur les amène dans le jardin de Jules CONNART. Il y est hébergé une nuit, le temps de prendre contact avec la résistance locale et de trouver une filière d'évasion. Il est caché ces 24 heures à l'étage d'un atelier d'embouteillage de vin, dans plusieurs mètres cubes de housses de paille tressée servant à protéger les bouteilles. Jean CONNART, étudiant, parlait anglais et put lui faire remplir son Form E.
Rentrant vite à la maison communale où il travaille, Alfred CONNART est envoyé chercher le bourgmestre par l'adjudant allemand de la Feldgendarmerie. Chez le bourgmestre Charles LENOIR, Joseph WILLOCQ amène alors un second aviateur (le navigateur David E. Ferris).
Le 3 mars 44, Ellis, déguisé en employé des Chemins de Fer par Vincent CAULIER, est conduit par Arthur HENNEGHIEN (chef de gare de Frasnes) au village voisin de Buissenal d'où il part à Anvaing et retrouve Glen Hufnail. Les deux hommes furent cachés pendant plusieurs jours chez Madame DESMONT, au 351 de la Rue du Plit à Anvaing derrière la grotte que Joseph DESMONT, professeur d’horticulture, a construit à l’arrière de la maison. De leur trou, par une anfractuosité, Ellis et Hufnail peuvent observer des soldats allemands qui viennent se recueillir devant la Vierge de Lourdes. Deux autres résistants de l'AS sont prévenus de leur présence : Gilbert LAGNEAU et Jules FRANÇOIS.
Le 9 mars, Joseph DESMONT les conduit à Ellignies par les bois du château d'Anvaing (où la capitulation belge fut signée par Léopold III en mai 40). Gilbert LAGNEAU prend les aviateurs en charge jusque Frasnes-lez-Buissenal, puis Benoni DEKENS les emmène à Buissenal chez Gaston FLAMAND. Hufnail et Ellis y participent à un repas d'adieu, comme en témoigne la photo ci-dessous.
Un autre Gaston FLAMAND, garde-champêtre de Buissenal et résistant de l'Armée Secrète, vient reprendre Ellis et Hufnail et les remet à Renaix (à un Edward AUDIE de Renaix selon Hufnail, et que nous ne parvenons pas à identifier). Hufnail déclare être hébergé chez ce Edward AUDIE du 19 mars au 4 avril 44.
Roger LENVAIN ("Carlos" dans la résistance) est un agent athois de Aristide ADAM dit Emile au Groupe G. Le 03 avril 44, il est prévenu par Émile LAGNEAU de Dergneau et va chercher Ellis et Hufnail à Renaix. Les deux aviateurs lui sont remis en rue par LAGNEAU et GILBERT. LENVAIN les conduit en voiture au 27 Rue de la Station à Gibecq (Silly) chez ADAM avec HURTEBIZE et POLLART, puis va avec Emile ADAM les déposer chez Charles LEPOIVRE à Gondregnies.
Ils sont alors logés 18 jours (du 3 au 21 avril) au 16 Marais à Gondregnies (aujoud'hui 7831 Silly) chez Charles LEPOIVRE et son épouse Sylvie FOURMANOIR. Il n'est pas clair de déterminer qui les a alors amenés à Bruxelles. Il semble bien qu'ils y aient été guidés par Lucie LEPOIVRE (leur fille de 21 ans) chez Victor SCHREYEN, sans doute avec Odette GRYSPEIRT qui déclare de son côté être allée les chercher à Gondregnies.
Ils sont alors amenés dans l'organisation d'hébergement de Simone SCHREYEN : Elle cite "Glen Hufnail et James Ellis - américains. Ramenés de province par Mr X (Victor SCHREYEN) et 'Odette' (GRYSPEIRT)". Simone SCHREYEN se souvient, en outre, qu'ils lui furent amenés à Uccle par Mme Germaine NAGELS du 130 Rue Alexandre Markelbach à Schaerbeek et qu'elle les a conduit à Jette dans un couvent (probablement à la Rue Léopold Ier) avec Howard Gebert, où ils avaient tout un grenier pour eux seuls.
Simone SCHREYEN se charge de loger Ellis et Hufnail du 7 mai au 1 juin 44, reçus de Victor SCHREYEN et Régina BRUYNINX puis remis au policier Marcel VAN BUEKENHOUT au Boulevard Émile Bockstael à Laeken. Ellis la cite effectivement comme guide et pour de la nourriture et des vêtements et signale son arrestation pour 5 semaines par la Gestapo.
Ellis et Hufnail sont alors conduits chez Émile THIRION au 35 Rue de l'Ascension à Saint-Josse-ten-Noode - Bruxelles et passent quelques jours chez Alphonse LARCIEL au 59 Chaussée de Wavre à Ixelles. Simone SCHREYEN poursuit : "Conduits à Anderlecht, Rue du Contentieux chez ROBERT, contremaître aux Bougies de la Cour. Après mon arrestation, ils sont repris par 'Marcel' [VAN BUEKENHOUT]. Présentation au Métropole. Pris par 'Marcel' chez Dr Alphonse VANDERSTEENE et y restent jusqu'à la libération, sauf pour dix jours où ils sont retirés par 'Anne' [BRUSSELMANS] pour des raisons de sécurité après l'arrestation de 'Marcel' et repris par 'Anne' jusqu'à la libération."
Tout cela est confirmé : Émile THIRION déclare avoir reçu d'elle Ellis et Hufnail à loger du 22 avril à fin juin 44, et les lui avoir remis (Hufnail cite effectivement un M. "Theriult" du 21 avril au 18 mai et Ellis confirme un "Thiorn" pour 5 semaines). Comme son fils s'est évadé d'Allemagne, THIRION reçoit deux visites de la Gestapo et demande à Simone SCHREYEN de les reprendre le 15 mai.
Alphonse LARCIEL déclare avoir logé Hufnail (pas Ellis ?) pour 4 jours, l'ayant reçu de Simone SCHREYEN et rendu à elle. SCHREYEN confirme que les LARCIEL les (donc Hufnail et Ellis) ont logés pendant "plusieurs jours".
Du 7 mai au 1 juin 44, Simone SCHREYEN écrit les avoir hébergés à ces dates, reçus de son frère Victor SCHREYEN et son épouse Régina BRUYNINX, puis remis à 'Marcel de Laeken'. Celui-ci indique la date du 6 juin 44 sous son nom dans sa liste et les confirme déjà chez lui du 7 mai au 9 mai 44. Dans son rapport, Ellis mentionne "Miss Simone, 195 Rue Josaphat, Brussels", qui est bien l’adresse de Simone SCHREYEN à Schaerbeek.
Le 3 juin 44, Anne LUKASINSKAS (épouse MATISON, citée sous ce nom dans le rapport d’évasion d’Ellis) déclare les avoir repris à un inconnu et les avoir convoyés ce jour depuis le Heysel jusque chez Léona WOICHE et son époux au 13 Avenue Georges Eekhoud, à Schaerbeek, puis chez le Dr Alphonse VANDERSTEENE au 149 de l'avenue Huart-Hamoir, non loin de là (le médecin est cité dans le rapport d’évasion d’Ellis). Hufnail cite bien un M. "Walshes" à Bruxelles du 16 juin au 22 juin 44. Marguerite GOOSSENS alias "Peggy" ou "Maggy", quant à elle, déclare avoir logé Ellis (donc également Hufnail et probablement aussi James Brown) pendant cinq jours et l'avoir "convoyé chez le Dr Vanderstien" (sic). Nous savons que "Peggy" faisait bien la plupart de ses convoyages avec Anne LUKASINSKAS.
Du 22 juin au 3 septembre, Ellis et Hufnail citent un "Dr A. VANDENSTEENE" du 22 juin jusqu'à la libération par les Britanniques.
A l'arrestation de Marcel VAN BUEKENHOUT, ils passeront probablement quelques jours chez les WOICHE par sécurité, mouvements que rapporte sans date Anne LUKASINSKAS. Effectivement, Anne BRUSSELMANS ne les laisse pas partir pour les camps de Marathon dans les Ardennes et ira les remettre elle-même à l'hôtel Métropole à Bruxelles lors de la libération de la ville le 3 septembre.
Le 11 septembre 44, Ellis est interrogé par le IS9 à Paris et rentre en Angleterre le 12. Il rapporte des rumeurs entendues sur un "Kennel Club" allemand, une organisation mise sur pied pour arrêter les évadés. Il s'agit du second "pensionnat" de Prosper Dezitter et Florentine Giralt, en 1944, ainsi baptisé car Giralt y vit entourée de chiens de garde.
James Ellis est enterré au Mountain View Cemetery, Leavenworth, Chelan County, Washington, USA.
Merci à Jacques Desmont et Philippe Save pour avoir partagé leurs informations.