Dernière mise à jour le 1 septembre 2021.
Glen Raymond HUFNAIL / O-740817
421 N Acacia, San Dimas, Californie ou Grandview, Washington.
Né le 3 novembre 1917 à Sunnyside, Yakima County, État de Washington / † 3 janvier 2012 à Shelton, Mason County, État de Washington, USA.
2nd Lt, USAAF 379 Bomber Group 527 Bomber Squadron, pilote.
Lieu d'atterrissage : Forest (Frasnes-lez-Anvaing), Hainaut.
Boeing B-17G-30-BO Flying Fortress, 42-31799, FO-X, abattu par la Flak lors d'une mission sur Francfort le jeudi 02 mars 1944.
La partie avant de l'appareil est tombée à Fumay (Aisne, en France). Plusieurs documents allemands, dont le KU 1060, précisent que l'avion a explosé en l'air et s'est écrasé à 2 Km SE de Fumay, 35 Km N de Charleville à 15h20.
Durée : 6 mois.
Camps : Bruxelles à la libération (Brusselmans).
Rapport de perte d'équipage MACR 2736. Rapport d'évasion E&E 2141 disponible en ligne.
L’appareil décolle de Kimbolton à 07h30 heure anglaise. A hauteur de Cologne, il est touché par la Flak dans l’aile droite et le réservoir de carburant "Tokyo" de cette aile prend feu au-dessus de la Belgique. Il semble que ce soit l’unité de Flak basée à Chièvres qui l’aurait achevé. Quoiqu’il en soit, un incendie s’étant déclaré à bord et vu le danger d’explosion, Glen Hufnail donne l’ordre de l’évacuer.
Glen Hufnail, dont c’est la 12ème mission, a pour équipage le copilote Dean McCall. Le bombardier James Ellis restera avec Hufnail durant toute leur évasion. Le navigateur David E. Ferris /O-811603, légèrement blessé au genou droit, parvient d’abord à s’échapper mais sera fait prisonnier par la suite ; le radio Kenneth I. Parker - 34362570 est lui aussi fait prisonnier, tout comme le mitrailleur dorsal Derwood Macklin. Le mitrailleur ventral Henry O. Young peut s'évader (E&E 2082). Le mitrailleur droit Charles Lambert sera un rescapé du groupe BRUSSELMANS. Le mitrailleur gauche Frederick R. Ryan - 12214174 a été fait prisonnier et le mitrailleur arrière Edgar Harvey Woodbury a pu s'évader (E&E 2083).
Woodbury (de Littleton, Massachusetts) atterrit le 2 mars 1944 à Willaupuis, à plus de 10 Km au Sud. Mme CULAN du château d'Arondeau de Roucourt le recueillit et prévint de suite Claude et Raymond BACHY qui l'habillèrent civilement et l'escortèrent chez Mirza BATAILLE au 15a Chemin de Wiers à Péruwelz. Elle l'hébergea et le nourrit du 2 mars au 19 mars 1944. Emilia BACHY et Maurice DEPLUS le conduisirent ensuite chez Roger HORLENT Rue J. Wauters à Quevaucamps, où il resta jusqu'au 2 septembre 44. Cet aviateur participa d'ailleurs à de nombreuses actions menées par les Partisans Armés.
Les habitants de Forest (entre Frasnes et Tournai) voient l'appareil, qui va s'écraser et comptent cinq parachutes. Glen Hufnail atterrit derrière l'église de Forest, en direction de Popuelles, vers 14 heures 25 et est rejoint après quelques secondes par René QUIEVREUX, un réfractaire qui est occupé à tailler des arbres près de la place. Il se débarrasse de son équipement lourd et reçoit un veston et des bottines. Une autre personne fait disparaître son équipement. Il faut maintenant quitter le village et les témoins.
René QUIEVREUX l'emmène au Sud, vers Montroeul-au-Bois, puis ils quittent la route et suivent des haies et le ruisseau de la Rhosne vers Anvaing où il retrouve Ellis. QUIEVREUX cache Hufnail sous des branchages et va prévenir Madame DESMONT, au 351 de la Rue du Plit à Anvaing. Il prend une mitraillette, à boire et à manger, et rejoint Hufnail pour le faire patienter. Un coup de cloche à leur arrivée à Anvaing leur signale que l'endroit est protégé par d'autres résistants. Ils contournent alors le hameau et parviennent chez Joseph DESMONT, professeur d’horticulture, chez qui Hufnail et Ellis sont cachés dans la cave à betteraves. Ils restent ensuite cachés une semaine dans une cave adjacente à une grotte artificielle construite à l’arrière de la maison par Joseph DESMONT et dont ils ne sortent que la nuit. Deux soldats et un gradé allemands viennent prier à cette grotte "de Lourdes", observés par les deux aviateurs à travers une anfractuosité. Deux autres résistants de l'AS sont prévenus de leur présence : Gilbert LAGNEAU et Jules FRANÇOIS.
Au bout d'une semaine, le 9 mars, Joseph DESMONT les conduit à Ellignies par les bois du château d'Anvaing (où la capitulation belge fut signée par Léopold III en mai 40). Gilbert LAGNEAU l'y prend en charge jusque Frasnes-lez-Buissenal, puis Benoni DEKENS l'emmène à Buissenal chez Gaston FLAMAND. Hufnail et Ellis, avec qui il restera jusqu'à la libération le 3 septembre 1944, y participent à un repas d'adieu, comme en témoigne la photo ci-dessous, mais il est possible qu'ils aient été cachés tous deux à Anvaing, Ellis affirmant qu'ils sont toujours restés ensemble.
Un autre Gaston FLAMAND, garde-champêtre de Buissenal et résistant de l'Armée Secrète, vient reprendre Ellis et Hufnail et les remet à Renaix (à un Edward Audie de Renaix selon Hufnail, que nous ne parvenons pas à identifier). Hufnail déclare être hébergé chez ce Edward AUDIE du 19 mars au 4 avril 44.
Roger LENVAIN ("Carlos" dans la résistance) est un agent athois de Aristide ADAM dit Émile au Groupe G. Le 3 avril 44, il est prévenu par Émile LAGNEAU de Dergneau et va chercher Ellis et Hufnail à Renaix. Les deux aviateurs lui sont remis en rue par LAGNEAU et GILBERT. LENVAIN les conduit en voiture au 27 Rue de la Station Gibecq (Silly) chez ADAM avec HURTEBIZE et POLLART, puis va avec Émile ADAM les déposer chez Charles LEPOIVRE à Gondregnies.
Ils sont alors logés 18 jours (du 3 au 21 avril) au 16 Marais à Gondregnies (aujoud'hui 7831 Silly) chez Charles LEPOIVRE et son épouse Sylvie FOURMANOIR. Il n'est pas clair de déterminer qui les a alors amenés à Bruxelles. Il semble bien qu'ils y aient été guidés par Lucie LEPOIVRE (leur fille de 21 ans) chez Victor SCHREYEN, sans doute avec Odette GRYSPEIRT qui déclare de son côté être allée les chercher à Gondregnies.
Ils sont alors amenés dans l'organisation d'hébergement de Simone SCHREYEN : Elle cite "Glen Hufnail et James Ellis - américains. Ramenés de province par Mr X (Victor SCHREYEN) et 'Odette' (GRYSPEIRT)". Simone SCHREYEN se souvient, en outre, qu'ils lui furent amenés à Uccle par Mme Germaine NAGELS du 130 Rue Alexandre Markelbach à Schaerbeek et qu'elle les a conduit à Jette dans un couvent (probablement à la Rue Léopold Ier) avec Howard Gebert, où ils avaient tout un grenier pour eux seuls.
Simone SCHREYEN se charge de loger Ellis et Hufnail du 7 mai au 1 juin 44, reçus de Victor SCHREYEN et Régina BRUYNINX puis remis au policier Marcel VAN BUEKENHOUT au Boulevard Émile Bockstael à Laeken. Ellis la cite effectivement comme guide et pour de la nourriture et des vêtements et signale son arrestation pour 5 semaines par la Gestapo.
Ellis et Hufnail sont alors conduits chez Émile THIRION au 35 Rue de l'Ascension à Saint-Josse-ten-Noode - Bruxelles et passent quelques jours chez Alphonse LARCIEL au 59 Chaussée de Wavre à Ixelles. Simone SCHREYEN poursuit : "Conduits à Anderlecht, Rue du Contentieux chez ROBERT, contremaître aux Bougies de la Cour. Après mon arrestation, ils sont repris par 'Marcel' [VAN BUEKENHOUT]. Présentation au Métropole. Pris par 'Marcel' chez Dr Alphonse VANDERSTEENE et y restent jusqu'à la libération, sauf pour dix jours où ils sont retirés par 'Anne' [BRUSSELMANS] pour des raisons de sécurité après l'arrestation de 'Marcel' et repris par 'Anne' jusqu'à la libération."
Tout cela est confirmé : Émile THIRION déclare avoir reçu d'elle Ellis et Hufnail à loger du 22 avril à fin juin 44, et les lui avoir remis (Hufnail cite effectivement un M. "Theriult" du 21 avril au 18 mai et Ellis confirme un "Thiorn" pour 5 semaines). Comme son fils s'est évadé d'Allemagne, THIRION reçoit deux visites de la Gestapo et demande à Simone SCHREYEN de les reprendre le 15 mai.
Alphonse LARCIEL déclare avoir logé Hufnail (pas Ellis ?) pour 4 jours, l'ayant reçu de Simone SCHREYEN et rendu à elle. SCHREYEN confirme que les LARCIEL les (donc Hufnail et Ellis) ont logés pendant "plusieurs jours".
Du 7 mai au 1 juin 44, Simone SCHREYEN écrit les avoir hébergés à ces dates, reçus de son frère Victor SCHREYEN et son épouse Régina BRUYNINX, puis remis à 'Marcel de Laeken'. Celui-ci indique la date du 6 juin 44 sous son nom dans sa liste et les confirme déjà chez lui du 7 mai au 9 mai 44. Dans son rapport, Ellis mentionne "Miss Simone, 195 Rue Josaphat, Brussels", qui est bien l’adresse de Simone SCHREYEN à Schaerbeek.
Le 3 juin 44, Anne LUKASINSKAS (épouse MATISON, citée sous ce nom dans le rapport d’évasion d’Ellis) déclare les avoir repris à un inconnu et les avoir convoyés ce jour depuis le Heysel jusque chez Léona WOICHE et son époux au 13 Avenue Georges Eekhoud, à Schaerbeek, puis chez le Dr Alphonse VANDERSTEENE au 149 de l'avenue Huart-Hamoir, non loin de là (le médecin est cité dans le rapport d’évasion d’Ellis). Hufnail cite bien un M. "Walshes" à Bruxelles du 16 juin au 22 juin 44. Marguerite GOOSSENS alias "Peggy" ou "Maggy", quant à elle, déclare avoir logé Ellis (donc également Hufnail et probablement aussi James Brown) pendant cinq jours et l'avoir "convoyé chez le Dr Vanderstien" (sic). Nous savons que "Peggy" faisait bien la plupart de ses convoyages avec Anne LUKASINSKAS.
Du 22 juin au 3 septembre, Ellis et Hufnail citent un "Dr A. VANDENSTEENE" du 22 juin jusqu'à la libération par les Britanniques.
A l'arrestation de Marcel VAN BUEKENHOUT, ils passeront probablement quelques jours chez les WOICHE par sécurité, mouvements que rapporte sans date Anne LUKASINSKAS. Effectivement, Anne BRUSSELMANS ne les laisse pas partir pour les camps de Marathon dans les Ardennes et ira les remettre elle-même à l'hôtel Métropole à Bruxelles lors de la libération de la ville le 3 septembre.
Nous retrouvons plusieurs des helpers de Hufnail et Ellis dans la fiche de Carl Smith.
Glen Hufnail est interrogé par le IS9 à Paris le 13 septembre. Il déclare qu'il n'a pas utilisé son kit rouge, mais que son argent a été pris par l'organisation. Il rentre par avion en Angleterre où il est à nouveau interrogé le 15 septembre pour l’établissement de son rapport final.
Merci à Jacques Desmont et Philippe Save pour avoir partagé leurs informations.