Dernière mise à jour le 28 novembre 2021.
James Orland GIBSON / 37398663
1114 Bissel Street à Saint-Louis, Missouri, USA
24 décembre 1919 à Saint-Louis, Missouri / † 1er mars 2002 à Saint-Louis, Missouri, USA
S/Sgt, USAAF 401 Bomber Group 613 Bomber Squadron, mitrailleur latéral gauche
Atterrit près de Alken, Limbourg belge
Boeing B-17G-VE Flying Fortress n° 42-39840 (IN-A) / "The Lopin' Lobo" touché par la Flak le 1er décembre 1943 lors d'une mission sur Solingen/Leverkusen, l'avion est rentré en Angleterre.
Arrêté le 2 juillet 1944 et envoyé en camp en Allemagne
L'appareil ayant rejoint l'Angleterre, il n'y a pas de MACR (Rapport de Perte d'Equipage).
Sur sa fiche d'identification 064 de EVA, James Gibson indique comme équipage : "Hess (Charles F. Hess, pilote), Michell, Bryant, Rowe, Miller, Burne, Fathin, Meld et Romer." Cela se confirme : il est du même équipage que le pilote Charles F. Hess, le copilote John W. Mitchell, le navigateur 2nd Lt Charles W. Bryant, le bombardier 2nd Lt Robert W. Rowe et les sergents Raymond Nield, Irving Tatkin, Mark Bauer, Ruben Miller et Joseph Burns.
Le B-17 décolle de Deenethorpe vers 07h30 heure anglaise. Sur le vol de retour après le largage de ses bombes sur l'objectif, l'avion est touché une première fois par la DCA allemande. Le moteur n° 4 est détruit ; des éclats d'obus ont sérieusement endommagé le moteur n° 3 qui prend feu au moment où des éclats de l'explosion d'un autre obus criblent l'appareil, qui se retourne et plonge vers le sol d'une altitude de 3.500 m.
Le pilote, Charles F. Hess et le copilote John W. Mitchell parviennent à reprendre le contrôle de l'appareil. Bien que la chute vertigineuse ait éteint l'incendie, l'appareil perd trop d'altitude et le pilote donne l'ordre de l'évacuer. Il n'entend pas de réponse et se rend compte que l'intercom est hors d'usage. Un co-équipier va se rendre compte à l'arrière et constate que six hommes ont déjà sauté, probablement en pensant que l'avion était condamné.
Quand les quatre officiers encore à bord (Charles Hess, John Mitchell, Charles Bryant et R.W. Rowe) veulent sauter à leur tour, John Mitchell ne trouve pas son parachute. Les trois autres aviateurs décident alors de rester auprès de lui le plus longtemps possible. Les quatre hommes jettent par-dessus bord tout ce qui permettrait d'alléger encore le poids de l'avion, et les pilotes parviennent à faire un atterrissage forcé sur la base de Manston en Angleterre.
[Le Lt Hess sera décoré de la DFC, Distinguished Flying Cross, pour cet exploit. Il décèdera le 24 octobre 1944 à bord d'un chasseur P-51 Mustang lors de ce qui devait être son dernier vol d'entraînement. Des ennuis de moteur à une très basse altitude firent qu'après avoir évacué l'avion, son parachute n'eut pas le temps de s'ouvrir. Il est enterré au Cambridge American Cemetery à Cambridge, Angleterre.]
James Gibson, qui a sauté au-dessus d'Alken avec les cinq autres, les retrouve bientôt et les six hommes se mettent en marche. Après deux heures, un homme (Pierre LEONARDUS) arrive à bicyclette et leur montre une cachette dans une grosse propriété à une heure de marche, chez Renaat (Renier, René) LAMBRECHTS. LEONARDUS leur dit de rester la nuit à cet endroit car il pourrait bien les aider et il revient vers 20 heures pour les conduire à un endroit où ils dorment dans une meule de foin.
Le lendemain, LEONARDUS amène les six hommes dans un monastère à 2 km de là. Un prêtre leur indique un débarras où ils restent la journée. Vers 17 heures, un autre homme - Albert VAN STRAELEN (15 Dorp à Stevoort), parlant bien anglais et se disant de la Witte Brigade - vient leur demander leurs noms, grades, matricules, escadrille, etc. aux fins de vérification de leur authenticité auprès de Londres. Il revient ensuite avec un autre homme - Georges SMETS, de Sint-Truiden, agent de la section "Limbourg" de Émile BUSET et Eugène THIERY - et les aviateurs sont conduits dans un camion qui sent le cheval dans une ville à 45 minutes de route. Bauer, Burns et Nield vont alors loger dans une maison de briques à deux étages chez un couple avec un enfant de 4 ans. Gibson, Tatkin et Miller vont chez le voisin.
Trois jours plus tard, Albert VAN STRAELEN et deux autres guides prennent les aviateurs en tram vers Diest. Ils prennent des vélos pour entrer en ville et vont alors chez un officier belge d'environ 28 ans, nommé Willy qui les reçoit avec sa femme.
Selon une autre version reprise par Jozef Bussels dans son livre "De Doodstraf als Risico - pilotenhulp in Belgisch Limburg 1941-1944" (1981), les six aviateurs Ruben Miller, Raymond Nield, Irving Tatkin, Joseph Burns, James Gibson et Mark Bauer, qui ont sauté au-dessus de Alken sont pris en charge par la Résistance et transportés en camionnette à Saint-Trond où ils sont hébergés par René LAMBRECHTS et son épouse, Irma ENSCH. [En mars 2015, Yvan Lambrechts, fils de Renier LAMBRECHTS, communément appelé René, nous a appris que son père, membre de la Geheime Leger / Armée Secrète (section Limburg), avait mené quatre autres résistants le 10 juin 1944 lors d’un assaut sur la prison de Hasselt, faiblement gardée ce samedi-là, en vue de délivrer des résistants qui y étaient incarcérés et dont on craignait qu’ils parlent sous la torture, mettant tout le réseau en péril. Ils sont parvenus à en faire délivrer 17, dont son père (Theo LAMBRECHTS) et sa sœur (Augusta). Les soldats Allemands, arrivés en force finirent par arrêter René LAMBRECHTS, 35 ans, et ses 4 camarades, Gabriel Dupain, Georges Vanisterdael, Charlie D’Hoose et Jean Mélot. Tous les 5 ont été immédiatement fusillés. Une plaque à leur mémoire a été apposée sur le mur de l’ancienne prison, Martelarenlaan. René et Anna LAMBRECHTS habitaient à la Houtstraat à Sint-Truiden / Saint-Trond, rue qui a été rebaptisée René Lambrechtstraat en son honneur le 29 juillet 1945. Voir aussi à la page de Joseph Burns.]
Le 3 décembre 43, Eugène THIERY (Kasteel Halbeek, Herk-de-Stad) et son ami Romain LEENAERS (36 Pastorijstraat, Donk) procèdent à la vérification de leurs identités. Au soir, ils les conduisent en tram à Herk-de-Stad. Henri CRETEN (Herk-de-Stad) acheta les billets et Jean FRANSSENS (Herk-de-Stad), un de leurs guides, était déjà dans le tram. A Herk-de-Stad, six vélos les attendent chez les parents d’Henri CRETEN ainsi que les guides, Henri BOONEN, Clément VANSTRAELEN et René CARLENS, tous trois de Stevoort, Laurent RUELENS de Donk et Édouard BREMS de Herk-de-Stad [La liste des Helpers belges ne reprend que Edmond BREMS, Grote Markt, Herk-de-Stad…]. BREMS et RUELENS roulent en tête pour indiquer le chemin et prévenir en cas de danger. Deux groupes suivent, l’un mené par THIERY et l’autre par Romain LEENAERS. Les aviateurs sont ainsi conduits à Diest où ils sont remis à Adolphe VAN BLERCKOM et Alfons VANDERHAEGEN.
Le 7 ou 8 décembre, un petit homme (vraisemblablement Alfons VERBOVEN) vient reprendre les 6 hommes en groupes et les conduit jusque Malines pour prise en charge ultérieure par la Witte Brigade d'Aarschot. Frans STORMS, un jeune homme de 18 ans de Boortmeerbeek et membre du Groupe "Petit Navire" de Boortmeerbeek, les aide dans leur périple. Burns voyage avec Nield et Tatkin, se rendant en une heure de marche dans une maison dans la campagne où seul se trouve Frans STORMS. A nouveau, les trois autres, Gibson, Bauer et Miller sont menés ailleurs.
Des sources locales rapportent qu’à Winksele, Miller, Gibson et Bauer sont certainement passés au couvent des Annonciades de Veltem, où Eugénie MENSCHAERT était la Mère Supérieure. Les plaques d'identité de Ruben Miller sont encore en possession de sa famille, qui rapporte que Miller y est passé avec trois (?) de ses équipiers. Miller était juif et voulait à tout prix éviter de se faire prendre, ce qui était d'autant plus dangereux pour ses logeurs.
Le 11 décembre, un certain Louis, officier de marine de 23 ans, et Frans STORMS mènent Gibson, Tatkin et Nield dans une bijouterie à Malines. Ils y apprennent que 10 hommes en civil ont surgi dans la cachette de Burns, Bauer et Miller, qui ont été fait prisonniers. Il s'agit de la "Villa Pergola" à Keerbergen. [Voir la page de Joseph Burns] Vers le 14 décembre, Frans STORMS et Louis emmènent alors Gibson, Tatkin et Nield chez un employé de banque à Bruxelles.
A Bruxelles, une certaine "Lilly" (Aline DUMONT) prend Nield, Tatkin et Gibson en charge à la gare. Ils vont avec elle chez Jacques DE BRUYN au 135 Rue des Confédérés, où Jacques vit avec sa mère et y rencontrent Robert Gilchrist. Le soir même, DE BRUYN conduit Nield chez Raoul THIBAUT au 134 Avenue du Diamant à Schaerbeek. A partir de ce moment, Gibson ne revoit plus ses coéquipiers. Un mécanicien et un mitrailleur arrière sont là, ainsi que Charles Billows. Gibson est également signalé par Mme Vve DANNEELS à Charles HOSTE et il est recueilli le 18 ou 19 janvier 44 par M. et Mme Pierre GROSEMANS (du 49a Rue Laurent Vandenhoven à Evere) qui se le voient remis par "Jean-Pierre" du Groupe G (Emile RICKAL, du 175 Rue de l'Agriculture à Schaerbeek). Gibson est alors identifié par Charles HOSTE et photographié par Jean PORTZENHEIM, qui sera son officier welfare.
Ainsi entré à EVA le 19 janvier 1944, et malgré promesse d'être évacué le lendemain avec Francis McDermott, Gibson se sauve le 1er mars de chez les GROSEMANS [où il fut tout le temps hébergé et visité régulièrement par Jean PORTZENHEIM]. On signale également Gibson comme aidé par Henri MALFAIT (9 Rue Tilmont, Jette-Bruxelles).
En mars, il est chez François MEULEMANS et son épouse au 14 Rue des Mégissiers à Anderlecht avec McDermott. Durant la quinzaine de son hébergement là, Gibson reçoit de l'aide vestimentaire et sa nourriture des QUINTARD-LEGRAIN (47 Rue Edgar Tinel, Anderlecht.)
Gibson est renseigné plus tard à EVA comme prisonnier de guerre, ce qui se confirme : arrêté, il a été interné au Stalag Luft 4 à Gross Tychow, en Pologne.
Dans sa lettre du 10 octobre 1945 à Eugène THIERY, l’un de ses helpers, James Gibson écrivit: "Après avoir quitté votre maison, je fus encore hébergé dans une vingtaine d’endroits. La Gestapo arrêta trois de mes co-équipiers dont Tatkin en février. Nield, le plus jeune, parvint à rejoindre l’Angleterre. J’étais alors le dernier en liberté mais le 2 juillet, je fus également arrêté. Nous nous sommes retrouvés en prison. Nous parlions souvent de votre courage. Nous sommes restés dans un camp, près de Stettin, jusqu’à ce que nous soyons évacués par les Allemands quelques jours avant l’arrivée des Anglais. Nous avons marché pendant 82 jours à travers l’Allemagne avant d’être libérés".
James Gibson repose au Jefferson Barracks National Cemetery à Saint-Louis, Missouri.