Dernière mise à jour le 10 mars 2023.
William Connel McGINLEY / 17014751
R.I., Mabelvale, Arkansas, USA
Né le 21 août 1922 à Little Rock, Arkansas / † le 2 octobre 2015 à Sardis, Arkansas, USA.
S/Sgt, USAAF 392 Bomber Group 579 Bomber Squadron, mitrailleur arrière.
Lieu d'atterrissage : non loin de Waterloo.
Boeing B-24 Liberator, 42-7484, GC-L / "Sally Ann", abattu par des chasseurs FW 190 le samedi 29 janvier 1944 vers 12h30-13h00 lors d'une mission sur Francfort.
Atterrissage forcé (il explose) tout près de Waterloo, derrière la ferme de Mont St Jean.
Durée : 7 mois.
Camps : caché à Bruxelles (Brusselmans).
Rapport de perte d'équipage MACR 2548. Rapport d'évasion E&E 1874, disponible en ligne, mais pas fort détaillé.
Le B-24 décolle de Wendling à 08h00 et, alors qu'il survole la côte, deux de ses turbo-compresseurs tombent en panne et, s'éloignant de la formation, il est attaqué par des chasseurs. L'aile gauche est détruite de même que la conduite de carburant au moteur n°4. Du fuel se déverse par la soute à bombes alors que celles-ci sont larguées, l'appareil faisant demi-tour vers l'Angleterre à une altitude de 1.850 m seulement.
Il est impossible pour le mécanicien William Mattson de stopper la fuite et comme le B-24 est menacé d'une nouvelle attaque de chasseurs, le pilote, 1Lt John Stukus, plonge sous la couverture nuageuse à environ 800 m. Les chasseurs passent par-dessous les nuages et, lorsque cette protection disparaît, ils attaquent à nouveau le bombardier. Une explosion dans la soute à bombes en propulse les portes jusque dans le compartiment radio, le système hydraulique lâche et le pilote donne l'ordre d'évacuer l'appareil.
Le 1Lt John Stukus (pilote) et le 2Lt John E. Moffat (copilote) sont immédiatement fait prisonniers par les Allemands stationnés au Lion de Waterloo. Le navigateur 2nd Lt Ronald R. Lindlow et le bombardier 2nd Lt Lester E. Gentry sont tués par des coups directs dans le cockpit. Lindlow repose au Golden Gate National Cemetery à San Bruno en Californie, mais le corps de Gentry n'a jamais été retrouvé et son nom figure aux tablettes du Mur des Disparus au cimetière américain de Cambridge en Angleterre. Le reste de l'équipage est un temps officiellement déclaré manquant en action. En fait, parmi les autres survivants qui réussissent à éviter la capture, quatre seront "libérés" en septembre 44 : McGinley (la présente fiche), Anthony Paolantonio, Joe McCrary et Louis Rosati. William Mattson, quant à lui, passera en Espagne via les Pyrénées. Marshall Crouch et James Dykes, eux, d'abord évadés, seront fait prisonniers ultérieurement, ce dernier échappant à l'emprisonnement dans un camp en Allemagne (voir sa page).
Les informations ci-dessous proviennent de diverses sources et peuvent paraître confuses au lecteur. Certains rapports sont très succincts et des détails concernant les 5 évadés ne correspondent pas toujours entre eux. Commençons par ce que rapporte McGinley dans son rapport E&E. Après avoir aidé l'un des mitrailleurs latéraux et le mitrailleur ventral à s'extirper de leurs positions, William McGinley saute en dernier lieu à environ 600 m et atterrit dans un champ. Il déclare dans son E&E qu'il n'est pas blessé, mais qu'il a une jambe gelée. Il commence à courir en vue de s'abriter quelque part. Il aperçoit quelqu'un lui faisant désespérément signe de se coucher et de rester couché. Il obtempère illico et se débarrasse rapidement de son parachute, de son harnais et de sa Mae West qui seront cachés ultérieurement par des civils belge. Il regarde sa montre, réglée sur l’heure anglaise, qui indique 11h00. Il entend les voix de soldats allemands à sa recherche et se terre dans une ornière jusqu'à l'obscurité, sous une couverture qu'il avait emportée. Peu de temps après, un membre de la Résistance s'approche de lui. On le cache à Waterloo, ainsi que deux autres membres de son équipage (un fermier le conduit près de Rosati et Paolantonio), dans un petit abri fait de planches et de tôles ondulées se trouvant le plus près d'une route. Les résistants leur apportent nourriture et boissons durant les 3 jours qu’ils passent dans cette cachette, ne leur rendant visite que dans la soirée. On leur procure des vêtements civils, de faux papiers ainsi qu'un guide qui les mène en train vers Bruxelles.
Voici un résumé de certains des témoignages oraux recueillis : Pour l'équipage de ce bombardier, un M. PESTIAU de Braine L'Alleud, domicilié 22 Rue des Muguets à Ottignies s'est occupé de Rosati, Paolantonio, Dykes et McGinley. Un certain SANDERS s'est occupé de Paolantonio. Une Mme "VAN EECKHOUT" et Mme Vve WILLAME de Waterloo ont été mêlées à cette affaire. La liste des Helpers belges reprend Mme Albertine VAN EECKHAUT (et son mari Oscar) au 8 Avenue Belle Vue à Waterloo, classifiée "Gr. 5", et Mme Vve Robert WILLAME née Hélène BARRÉ de Auderghem. Bill McGinley rapporte avoir été caché par un certain Henri VANDEVELDE à Chapelle-Saint-Lambert (avec Paolantonio et Rosati). Ceci est confirmé dans le rapport LIB de Crouch qui indique que le 1er février, Jacques TRACHET, au Gros Tienne à Ohain, chez qui il avait logé 2 jours et 3 nuits, accompagné du bourgmestre de la localité (Raymond van HOEGAERDEN) l’ont conduit en voiture jusque chez Henri VANDEVELDE à Chapelle-Saint-Lambert, près de Lasnes, où il reste loger pendant 11 jours. Crouch indique que Rosati, Dykes, McGinley et Paolantonio s’y sont également trouvés.
Crouch, Dykes, Rosati, McGinley et Paolantonio, après avoir été cachés à Nivelles chez Édouard alias "Coco" PARDONCHE (fils de Camille PARDONCHE, tous deux résistants bien connus de l'endroit), ont été acheminés par Édouard ainsi que par son beau-frère Paul JOSSIEAUX et par Henri VOITURON (époux d’Alphonsine, domicilié à Arquennes) pour être conduits à Feluy (Seneffe) au 15 Rue Victor Rousseau, chez Henri OTS et son épouse Victorine, où ils sont restés cachés du 12 au 26 février 1944.
Dans un courrier dans les archives de Comète, Melchior RESTEAU, 129 Rue de la Station, Braine-le-Comte, indique qu’il a aidé Crouch, Rosati, Paolantonio, McGinley, Dykes, ainsi que Howard Sakarias et Glenn Brenneke (ces 2 derniers du B-17 42-30412 abattu le 4 mars 1944)…
McGinley est cité par Rolande CRUSIAU épouse Albert STAS de la section de Émile ADAM du Groupe G et l'aurait emporté de chez Adolphe CHABOTEAUX de Braine-le-Comte avec René HANQUET avec vraisemblablement Marshall Crouch, James Dykes et Glenn Brenneke. Ils sont laissés un jour chez Émile ADAM à Gibecq (Silly). Rolande CRUSIAU croit se souvenir les avoir remis ensuite à Octave WERY (Boulevard Maurice Lemonnier) à Bruxelles.
A peine descendu du train à Bruxelles et se frayant un chemin à travers la foule, il voit un soldat allemand se dirigeant vers lui sur le quai. McGinley tente de changer de direction pour le semer, mais se trouve subitement nez à nez avec lui. Heureusement, le soldat se contente de lui sourire et lui adresse quelques mots qu'il ne comprit pas. Il se contente de sourire en retour et s'éloigne rapidement sans demander son reste.
McGinley est caché dans différentes planques dans Bruxelles. Il s'occupe à conduire des camions et fournir des commandes.
Il se souvient avoir rencontré Anne BRUSSELMANS pour la première fois en février 1944 dans la cave d'une maison bruxelloise. Il mentionne également "Jane" (Jeanne ?) une jeune femme qui sert d'alibi à des résistants habillés en uniforme allemand voulant passer la frontière franco-belge en voiture et qui lui liaient les mains avant le point de contrôle, la faisant passer pour une prisonnière qu'ils conduisaient en France pour être interrogée. Idem au retour à un autre point de passage. Jane/Jeanne fut arrêtée par les allemands mais ne dévoila rien de ses activités de résistante malgré les coups donnés pour la faire parler. Elle fut relâchée par la suite.
McGinley mentionne également un comte belge, également membre d'une organisation de Résistance. Il parlait couramment l'allemand et, muni de faux papiers, vêtu d'un uniforme de la Gestapo, se payait le luxe d'aller se restaurer au mess des officiers d'un aérodrome voisin (Melsbroek/ Evere ?) Pendant que son patron dînait, son chauffeur et homme à tout faire, "Louis", portant un uniforme de simple soldat allemand, se baladait autour de l'aérodrome, versant du sucre dans les réservoirs des avions.
McGinley avait communiqué son n° de matricule aux Résistants de manière à prévenir la Croix Rouge. Une erreur de transcription des chiffres entraîna une conclusion "officielle" de disparition et la maman de McGinley fut informée de ce que son fils était, d'abord "manquant", puis "tué au combat". Malgré tout, elle refusa jusqu'au bout de croire à cette fatalité.
Vu la brièveté du rapport E&E de McGinley, la majeure partie des quelques paragraphes précédents est le résumé traduit et adapté d'un texte de McGinley sur le site consacré à son 392nd Bomb Group.
Durant les mois où il reste caché à Bruxelles, McGinley est souvent déplacé d'un abri à l'autre, sans avis préalable. Durant l'été, après le Débarquement en Normandie en juin et vu le début de la débâcle, les allemands commençant à quitter les lieux, McGinley se permet parfois de s'asseoir à une terrasse de café pour savourer le spectacle.
Hébergé dans l'immeuble de M. et Mme PEETERS, chez Louis VAN DER STRAETEN au 13 Rue de la Brasserie à Ixelles avec Charles Lambert du 15 juillet au 1er août 44, il loge également chez Mme Jeanne GODAERT-MALINGIE, 10 Rue de Fiennes à Anderlecht de mi-mars à juin. NB : La liste des Helpers belges reprend seulement "PETERS" (Rue de la Brasserie, sans numéro) et Jules GODART, au 42 Rue de Fiennes, sans autres détails…
John Chernosky, Lambert et McGinley seront repris le 11 juillet par Pierre VANDERVOORDEN (du 43 Rue des Bassins, à Anderlecht) qui les avait fournis et confiés ensuite à Mme Annette STUCKENS, Vve "VAN DE LOK" au 52 Rue de Fiennes à Anderlecht. La liste des Helpers belges reprend Annette "VANDELOOR", tandis que l’Almanach de Bruxelles (édition 1939), mentionne "Maison VAN DE LOOCK, couture" à cette adresse… VAN DE LOOCK étant donc l’orthographe exacte du nom de cette hébergeuse. Annette STUCKENS, arrêtée par la suite, avait été détenue à la Prison de Saint-Gilles, mais échappa à la déportation en Allemagne (libérée du "train fantôme" le 3 septembre 1944).
McGinley, lui, refuse de partir bien que toutes les mesures et dispositions étaient prises. Remis après la libération à l'hôtel Métropole à Bruxelles, il est rapatrié en Angleterre par avion et est interrogé par l'I.S.9 à Londres (2nd Lt Robert Bacon) le 9 septembre. L'Appendix "C" de son E&E ne mentionne comme "helpers" que "Henry Vander Build" (VANDEVELDE) de Chapelle-St Lambert, "le concessionnaire Ford à Nivelles" (= Camille PARDONCHE) et "Madame Ann" (BRUSSELMANS), McGinley précisant qu'il n'a pas noté tous les noms et adresses par peur qu'il puisse les dévoiler aux Allemands en cas de capture.
Les photos de William McGinley et de l'équipage nous ont été fournies par Bonnie McGinley, son épouse.