Dernière mise à jour le 17 avril 2023.
Joseph Thomas PACK ("Joe") / 1375376
Victorville, Egerton, Ashford, Kent, Royaume-Uni
Né le 30 avril 1918 à Egerton, Kent, Royaume-Uni / † le 29 août 2005
Sgt RAF Bomber Command 35 Squadron, pilote
Lieu d'atterrissage : à quelques centaines de mètres de son avion.
Handley Page Halifax Mk II - W7701 (TL-U),abattu par un chasseur dans la nuit du 8 au 9 juin 1942 lors d'une mission sur Essen.
Appareil écrasé à 01h50 le 9 juin à Molenbeersel en Limbourg belge, tout près de la frontière hollandaise ou, selon d’autres sources, à Bierwart, au nord-est de Namur…
Durée : 6½ semaines.
Passage des Pyrénées : le 2 août 1942
Rapport d'évasion de Joseph Pack : SPG 3310/817 (Annexe C). Le texte ci-dessous s'en est inspiré, de même que du résultat de nos recherches et de celles de son fils, Jeffrey Pack.
Le Halifax décolle de Linton-on-House à 23h10 heure anglaise et est attaqué au-dessus de la Ruhr par la chasse allemande. L’appareil est touché et prend feu.
Le navigateur Flight Lieutenant Roy Blackwell Chadwick, les mitrailleurs Sergeant William John Hopkins et le Sergeant John McKinstry, l’opérateur radio/mitrailleur Flight Sergeant William Edgar Pilborough et le mécanicien de bord Sergeant John Ralph Storey perdront la vie. Initialement inhumés au cimetière de l’aérodrome de Brustem (Sint-Truiden), ils furent transférés le 31 janvier 1947 au Heverlee War Cemetery près de Leuven/Louvain, Brabant Flamand, Belgique.
Joseph Pack, dont c’est la 8ème mission, et le second opérateur radio/mitrailleur Sgt John Andrew Catley seront les seuls rescapés. Catley sera immédiatement fait prisonnier et interné aux Stalags Luft 3, Luft VI et 357.
Peu après son atterrissage en terrain marécageux, Joseph Pack cache son équipement et se dirige en marchant et courant vers le Sud-Ouest jusque 05h30. Il dort le reste de la journée du 9 juin et poursuit sa route la nuit suivante, traversant sans s'en rendre compte la frontière hollando-belge. Il est trouvé par Albert Victor BIDELOT (du 6 Tivoli à Lanklaar) qui part lui chercher des vêtements et est entretemps caché par des fermiers nommés NIJSKENS près de Maaseik (à Neeroeteren). Ceux-ci signalent sa présence à la Résistance et un peu plus tard, BIDELOT revient avec un homme qui se prétend des services secrets (Mathieu TRAS-NYS) et qui lui déclare qu'il le prendra à vélo pour le conduire en Suisse... En fait, son périple à vélo se limite à être conduit par BIDELOT et un homme plus âgé en traversant le canal et une rivière pour arriver aux alentours d'Ophoven.
Pack est ensuite amené par G. GROSERMAN et Jan HILVEN à la maison de ce dernier tout près d'Ophoven où vivaient deux dames plutôt âgées. [La liste des Helpers Belges ne reprend pas de "Groserman". Il y a un Gerard Grosemans à Evere, Bruxelles, sans autres détails. La liste reprend 2 Jean HILVEN, l’un à la Donk straat à Ophoven, l’autre à la Genitstraat à Meeuwen, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest d’Ophoven…] On lui donne à manger, on lui sert du champagne et Pack loge là pour la nuit. L'après-midi du 10, une femme d'environ 25 ans lui apporte des vêtements civils. Elle revient à vélo vers 19 heures, accompagnée de son fiancé et remet un vélo à l'aviateur, qui roule ensuite à côté du jeune homme, la fiancée les suivant à distance.
Le groupe arrive tôt le matin du 2 juin au moulin à Dilsen, appartenant à Maria "Gertrude" MOORS. Ils y attendent un docteur (probablement le Dr Michel GROENEN du 22 Groenstraat, Kloesheuvel à Tongerlo, qui a soigné Leslie Baveystock), qui est supposé amener Pack en voiture en Suisse. La femme du médecin, Ida Titta BEMELMANS, porte le pseudo de "Bluebird" et est née en août 1906 à Ceylan (actuellement Sri Lanka) de parents planteurs britanniques. Le docteur GROENEN, qui parle anglais, interroge Joseph le 11 juin jusqu'à 1 heure du matin.
Très tôt le même matin, vers 6h30, "Gertrude" MOORS, "dont le mari se trouve avec l'armée Belge en Écosse" et qui avait également un demi-frère dans les Forces Belges en Grande-Bretagne, l'emmène en tram vers Liège, en compagnie de deux hommes chargés de protéger l'aviateur des autres voyageurs. Arrivés à Liège à 10h30, ils se rendent à une église (Saint-Barthélémy), où Pack est remis à un homme âgé qui se révélera être Louis RADEMECKER, chef de la police liégeoise, du 47 Rue Auguste Dunnay à Liège. RADEMECKER le conduit en tram chez Jenny et Mathilde RITSCHDORFF au 30 Rue de Waroux, à Liège, où Pack est hébergé pendant environ dix jours (une semaine tout au plus - voir ci-dessous) et où on lui procure d'autres vêtements. Pendant son séjour, une dame "anglaise" lui apporte des livres en anglais (il s'agit de Mme Helen DOCTEUR-LINDERMAN, une Américaine veuve d'un Belge, du 39 Rue Magnette à Liège). Louis RADEMECKER sera arrêté le 6 décembre 1942 et mourra le 14 mars 1943 à la Citadelle de Liège.
Le 20 juin est renseigné par Pack comme étant la date où un ex-officier belge le conduit en tram à Louvain. Il se pourrait que ce soit Paul SCHOENMAECKERS, de Rekem. Pack, quant à lui, indique dans son récit à https://www.bbc.co.uk/history/ww2peopleswar/stories/16/a3210616.shtml qu’il a appris plus tard qu’il s’agissait de "Maurice Cullignon, chef de la Police de Leuven/Louvain, arrêté et tué par la suite". Maurice COLLIGNON, de Liège a été fusillé à la Citadelle de Liège le 4 août 1943…
De Louvain, un jeune homme le guide, également en tram, jusqu'à Bruxelles, dans son appartement au Ministère de la Justice, où il prend Pack en photo. Le dossier ARA de Léopold EVRARD mentionne que Pack "fut hébergé du 10 au 19 juin par Mlles Mathilde Virgile Théodore RITSCHDORFF et Jeannine Marie Rosalie RITSCHDORFF, deux sœurs habitant au 30 Rue des Waroux à Liège. Le 19 juin 42, Pierre DEPRETER (Chef de Luc) le prenait en charge, le remettait à Henri VAN STEENBEECK (du 6 Rue d’Ecosse à Saint-Gilles, Bruxelles) venu le chercher à Louvain. Celui-ci le ramenait à Bruxelles puis le plaçait chez Roger et Stéphanie LEBLOIS à Hoeilaart pour un jour. Le 21 juin 42, il était placé chez la famille EVRARD au 46 Rue Ernest Allard, où il restait jusqu'à son départ". (Par ailleurs, Pack est repris comme un des 12 aviateurs conduits par Thérèse GRANDJEAN, née Thérèse RAISON, du 15 Rue d'Amercoeur à Liège, agent du Service Luc - code VNH 16, épouse de Marcel GRANDJEAN, chez Arthur DE GROEVE au 773 chaussée de Gand à Bruxelles…)
Léopold, Marie et Gisèle EVRARD furent arrêtés le 9 octobre 1942. Déportés et internés dans différents camps Nazis, tous trois en sont revenus, Léopold décédant peu de temps après la guerre.
Le père du jeune homme emmène Pack à environ 20 Km hors de la capitale, chez Roger et Stéphanie LEBLOIS, au 157 Groenendaalsesteenweg à Hoeilaart. Stéphanie LEBLOIS est secrétaire au Ministère de la Justice, et Roger élève des chevaux. Pack y est caché dans des boxes avec les chevaux. Selon le rapport de Pack, c'est le 4 juillet que lui et d'autres évadés sont ramenés à Bruxelles et conduits dans une conciergerie du Palais de Justice, sous la Cour d'Assises, où Pack reçoit une fausse carte d'identité et un faux permis en allemand pour passer la frontière. Leur guide est Pierre DEPRETER et les logeurs de Pack sont Léopold EVRARD et Marie RIOCROS, avec leur fille Gisèle, qui l’installent au 4 Place Poelaert, en face du Palais de Justice. De là, par des passages souterrains du Palais, Pack passe souvent en face chez une autre famille, qui doit être celle de Henri VAN STEENBEECK, logeant dans un des appartements du Palais de Justice même, au n° 16 de la Place.
Le 1er juillet (le 5 juillet selon le rapport de Pack), un ex-officier et chef d'une organisation le conduit à Louvain avec Bernard Evans et un P/Off qui plus tard fut fait prisonnier en Espagne (c'est John Watson).. Il se confirme que c’est Andrée "Nadine" DUMONT qui a été leur guide pour ce voyage. Elle préférait prendre un tram à la Place Saint-Josse à Bruxelles pour se rendre à la gare de Louvain pour éviter les contrôles de plus en plus sévères aux entrées des gares bruxelloises. Par la suite, les trois hommes prennent le train de Paris, toujours avec "Nadine" DUMONT.
Il y eut des incidents à la frontière avec Watson qui répondait de travers aux questions des douaniers, mais "Nadine" les fit tous passer pour des sourds-muets. Arrivés à la Gare du Nord à Paris, elle les mène à l'Hôtel du Luxembourg au 42 Rue de Vaugirard, dans le 6ème Arrondissement, où Frédéric DE JONGH avait une chambre (qu'il abandonnera plus tard pour louer une villa à Saint-Maur, en Val-de-Marne).
Plus tard dans la journée, "Nadine" retourne à Bruxelles et les aviateurs sont pris en charge par Frédéric DE JONGH et sa fille Andrée ("Didi"/"Dédée"). Evans et Watson, eux, partant ensuite à Saint-Maur avec DE JONGH et sa fille, tandis que Pack va loger chez René Coache et sa femme Raymonde à Asnières. Il y reste environ deux semaines, avec deux soldats écossais (James Goldie et William Mac Farlane) avant de passer deux autres semaines chez "M. ANDRE" (Frédéric DE JONGH), très probablement à Saint-Maur, comme en témoigne la photo ci-dessous.
Le rapport de Pack indique que le 31 juillet 1942, il monte dans un train pour Bordeaux à la Gare d'Austerlitz. Il est en compagnie de Mac Farlane, William Norfolk et Peter Wright, leur guide étant Andrée DE JONGH. Occupant des compartiments réservés aux Allemands, ils sont rejoints en cours de trajet par "Bee" Johnson et Tante Go (Elvire DE GREEF).
Passant par Biarritz, ils arrivent finalement à la gare de Saint-Jean-de-Luz où, pour éviter les contrôles, ils sortent par la porte des toilettes qui donne sur la rue, et se rendent ensuite chez Ambrosio SAN VICENTE au 7 Rue Salagoïty. C'est le 18e passage de Comète par Saint-Jean-de-Luz avec Albert "Bee" Johnson.
Après la traversée de la Bidassoa avec Florentino GOIKOETXEA et Bee JOHNSON le 2 août, ils demeurent deux nuits à San Sebastian (non pas chez Bernardo ARACAMA, mais chez Federico ARMENDARIZ au 2e étage du 3 Calle de la Marina à San Sebastian, près de la Concha, plage de San Sebastian) et sont ensuite conduits à Madrid dans une voiture de l'ambassade. Là, ils logent dans des cabanes de bois qui abritaient parfois jusqu'à soixante "locataires".
Pack et ses deux compagnons partent alors en train pour Gibraltar, d'où Joseph envoie un télégramme à sa famille le 13 août. Il a l'occasion de faire un vol local à Gibraltar en hydravion Sunderland et quitte Gibraltar le 19 août sur un destroyer de la Royal Navy qui protège un convoi très lent tentant d'éviter les sous-marins allemands dans l'Atlantique. Le 25 août, ils arrivent à Londonderry en Irlande du Nord, d'où un ferry les mène à Larne. De là, ils passent à Stranraer en Ecosse, d'où un train les emmène vers la gare de Euston, à Londres. Comme on leur avait dit de se présenter immédiatement au Ministère de l'Aviation dès leur arrivée, ils s'y rendent, mais les bureaux sont fermés ce dimanche. Pack décide alors de prendre un train jusque Charing dans le Kent et il arrive finalement chez lui à Egerton le 30 août, où il apprend de sa mère qu'elle avait reçu la veille un télégramme l'avisant de ce que son fils étant manquant, supposé mort en service. Joseph Pack retourne le lendemain à Londres et y est debriefé le même jour par les services du MI-9.
Son fils, Jeffrey Pack, a publié en 2008 un livre relatant principalement la correspondance échangée pendant la guerre entre Joseph et Margaret Dillon, sa future épouse : "Love is In the Air" - Woodfield Publishing Ltd, England.
En 2023, il a publié un deuxième livre, celui-ci à propos des expériences de son père dans la RAF de 1940 à 1946 et donnant surtout des détails de son évasion :