Aviateur de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 30 avril 2024.

William Clement SHIELDS ("Bill") / J-21634
77 Maple Street, Timmins, Cochrane County, Ontario, Canada
Né le 16 mai 1915 à Cobalt, Cochrane County, Ontario, Canada / † en 1988
Fl/Sgt RCAF, RAF Bomber Command 429 Squadron, navigateur
Lieu d'atterrissage : "15 miles south-east of La Loupe", soit aux environs de Champrond-en-Gâtine, Eure-et-Loir, France
Handley Page Halifax B Mk.III / AVII, n° série LV973, AL-X, abattu par des chasseurs Ju88 (dont vraisemblablement celui de Paul Semlau, Commandant du II/NJG.2) dans la nuit du 10 au 11 juin 1944 lors d'une mission sur la gare de triage de Versailles-Matelots, Yvelines, France.
Écrasé au Bois de la Porte, à 2 km au sud-ouest de Friaize, Eure-et-Loir, France.
Durée : 2 mois
Camps Marathon : Fréteval

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3321 (indisponible).

Le Halifax décolle d’East Moor vers 22h30. A environ 01h00, sur le vol de retour, volant à environ 1800 m, il est attaqué par deux Ju88, dont l’un l’atteint sur l’aile gauche et le long du fuselage où un petit incendie se déclare du côté gauche. Le pilote, F/Lt Alexander MacDonald, RCAF, 23 ans, de Stamford, Ontario, dont c’est la 32ème opération, effectue des manœuvres d’évitement, le moteur extérieur gauche, dont sortent des flammes et des étincelles, doit être mis en drapeau, un autre moteur lâche. Les mitrailleurs réagissent à l’attaque et atteignent les chasseurs, amenant la perte d’un Ju88, l’autre, endommagé, abandonnant la partie. Le pilote MacDonald, donne l’ordre d’évacuer l’appareil, devenu hors de contrôle et ne volant alors qu’à seulement 900 m d’altitude. Resté à bord de l’appareil jusqu’au dernier moment pour permettre à tout son équipage de sauter, il le quittera trop près du sol pour que son parachute puisse s’ouvrir. Le seul tué, son corps sera trouvé au pied d’un arbre, non loin des débris de l’appareil. Il repose dans le cimetière de l’église de Friaize. Les habitants de ce petit village le considèrent avec un immense respect, persuadés que ses qualités de pilote ont permis que son appareil ne s’écrase pas sur le village même.

Outre William Shields, dont c’est la 30ème mission, cinq autres membres de l’équipage parviendront à s’évader : le mécanicien Sgt N. R. McCarthy, le mitrailleur dorsal Sgt James Calderbank, le bombardier P/Off Joseph Mollison, l’opérateur radio F/Sgt Henry Guild et le mitrailleur arrière Sgt Thomas Chapman.

Shields quitte l’appareil en premier et rapporte qu’après son atterrissage, il a marché pendant 2 heures vers le sud avant de rencontrer un jeune homme. Après lui avoir décliné son identité, il est guidé vers des broussailles où le jeune homme lui dit de se cacher. Le jeune homme a pris contact avec la Résistance et est revenu vers lui accompagné de Résistants qui l’ont conduit à Chassant. C’est ainsi qu’il est arrivé chez Félix et Denise BACCHI à Chassant, à 3 km au sud de Combres, en Eure-et-Loir, dont il dit qu’ils lui ont donné à manger, des vêtements civils et chez qui il a logé. Il ne cite pas la présence d’autres membres de son équipage également hébergés par les BACCHI… Il est possible que Shields y ait été amené par le boulanger Pierre MAUPIN, de Combres, qui avait guidé McCarthy, la cheville foulée, jusque chez le couple. Selon un récit rédigé par McCarthy et dont Robert Chapman, le fils du mitrailleur arrière nous a transmis copie, McCarthy a retrouvé Shields et Guild en arrivant chez les BACCHI. Les trois hommes restent quelques jours chez les BACCHI où, peu avant leur départ, ils y sont rejoints par Thomas Chapman.

Shields, McCarthy, Chapman et Guild quittent les BACCHI le "17 juin" (selon Shields, mais nous pensons que ce serait plutôt le 27…). Shields ne mentionne rien d’autre que son départ ce jour-là vers Villebout et qu’ils se trouvent à bord de la camionnette de MAUPIN (au volant), en compagnie de 2 Résistants armés de mitraillettes Sten, roulant vers Châteaudun. Après la traversée de la ville, MAUPIN les dépose dans une zone boisée de la vallée de "la Loire" (sic) [Il s’agit en fait de la vallée du Loir, rivière qui passe à Châteaudun et, plus au sud, non loin de la Forêt de Fréteval]. Les 4 évadés se mettent à l’abri d’une haie et attendent plusieurs heures l’arrivée de leur contact suivant. McCarthy rapporte qu’ils fumaient des cigarettes "Gauloises" pour calmer leur impatience et étaient en train de tirer sur leurs cigarettes lorsqu’ils virent "Jean" arriver à vélo. Grand, élancé, vêtu d’une veste à carreaux et de pantalons de golf, Jean parle parfaitement l’anglais et se présente. McCarthy ne le nomme pas dans son rapport, mais il s’agit de Jean de Blommaert.

de BLOMMAERT leur déclare qu’une longue marche les attend. McCarthy, toujours handicapé par sa cheville, ne peut marcher et est pris en selle sur le vélo de de BLOMMAERT, que tous, en marchant, poussent à tour de rôle. Le long de chemins, à travers bois, ils arrivent finalement (vers le 7 ou le 9 juillet ?) au camp de Bellande, près de Villebout, où se trouvait déjà leur mitrailleur Calderbank, leur bombardier Mollison les rejoignant un peu plus tard.

Shields resta au camp jusqu'à l'arrivée des troupes américaines le 13 août 1944. Il quitta la Normandie par avion le 18 août 1944 et arriva le même jour à Northolt en Angleterre. Il fut interviewé par le MI.9 à Londres le 19.


Article dans "The Porcupine Advance" (Timmins) du 24 août 1944 annonçant la réception le 20
d’un télégramme adressé à son épouse Margaret et signalant la bonne arrivée de Shields en Angleterre.

Rapatrié au Canada le 16 octobre 1944, il fut promu Flight Lieutenant le 4 décembre 1944 et décoré de la DFC (Distinguished Flying Cross) :

“SHIELDS, F/O William Clement (J21634) - Distinguished Flying Cross - No.429 Squadron - Award effective 1 December 1944 as per London Gazette dated 12 December 1944 and AFRO 337/45 dated 23 February 1945. Born 1915 at Cobalt, Ontario; home in Timmins, Ontario (chemist). Trained at No.6 ITS and No.9 AOS. Commissioned 1942. No citation other than "..in recognition of gallantry and devotion to duty in the execution of air operations against the enemy." DHist file 181.009 D.2609 (RG.24 Vol.20627) has recommendation dated 18 September 1944 when he had flown 29 sorties (168 hours five minutes), from 20 December 1943 to 6 June 1944.
This officer has completed a tour of operations attacking many of the more heavily defended targets in Germany. On all occasions he has displayed fine fighting spirit and his coolness under fire has been most praiseworthy. By his accurate navigation he has contributed largely to the success of his missions. His cheerfulness and eagerness to come to grips with the enemy has been most inspiring. He is a most skilful navigator and crew member. It is considered that his great devotion to duty, courage and valour fully merits the award of the D.F.C.”

Cette décoration n’a pu lui être remise officiellement qu’en 1948 au Canada.


Photo prise le 1er juillet 1948 à Timmins, après la cérémonie au cours de laquelle la DFC de William Shields (4ème depuis la gauche)
lui a été remise par l’Air Vice Marshall Elwood Edward Middleton, à sa gauche. La décoration n’avait pu lui être remise auparavant.
(Source : "The Porcupine Advance", Timmins, Ontario – 8 juillet 1948)

Démobilisé de la RCAF le 2 mars 1945, il se rengagea comme Air Cadet Officer le 15 septembre 1946 avec le grade de Flight Lieutenant. Elevé par après au rang de Squadron Leader du N°10 Squadron, Royal Canadian Air Cadets, il poursuivit sa carrière dans l’Armée de l’Air canadienne jusqu’à sa retraite, le 31 août 1963.

Décedé en 1988, William Shields repose au Tisdale Cemetery à South Porcupine, Timmins, Ontario, son épouse Margaret l’y ayant rejoint en décembre 2004.

Merci à Jean Pierre de l’Association "Forced Landing" pour la photo ci-dessous :


Willy Shields et Henry Guild chez Félix et Denise Bacchi à Chassant en 1944


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters