Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 30 avril 2024.

Norman John McCARTHY ("Mac") /1455735 & 178553
1 Alton Crescent, Hastings, Sussex, Angleterre
Né le ? à ? / † ?
Sgt, RAF Bomber Command 429 Squadron, mécanicien
Lieu d'atterrissage : dans la Forêt de Champrond-en-Gâtine, à ± 4 km au sud-est de Friaize, Eure-et-Loir, France.
Handley Page Halifax B Mk.III / AVII, LV973, AL-X, abattu par des chasseurs Ju88 (dont vraisemblablement celui de Paul Semlau, Commandant du II/NJG.2) dans la nuit du 10 au 11 juin 1944 lors d'une mission sur la gare de triage de Versailles-Matelots, Yvelines, France.
Écrasé au Bois de la Porte, à 2 km au sud-ouest de Friaize, Eure-et-Loir, France.
Durée : 2 mois.
Camps Marathon : Fréteval.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion : Dossier IS9/WEA/2/179 (sous WO 208/3348/342) indisponible.

Le Halifax décolle d’East Moor vers 22h30. A environ 01h00, sur le vol de retour, volant à environ 1800 m, il est attaqué par deux Ju88, dont l’un l’atteint sur l’aile gauche et le long du fuselage où un petit incendie se déclare du côté gauche. Le pilote, F/Lt Alexander MacDonald, RCAF, 23 ans, de Stamford, Ontario, dont c’est la 32ème opération, effectue des manœuvres d’évitement, le moteur extérieur gauche, dont sortent des flammes et des étincelles, doit être mis en drapeau, un autre moteur lâche. Les mitrailleurs réagissent à l’attaque et atteignent les chasseurs, amenant la perte d’un Ju88, l’autre, endommagé, abandonnant la partie. Le pilote MacDonald donne l’ordre d’évacuer l’appareil, devenu hors de contrôle et ne volant alors qu’à seulement 900 m d’altitude. Resté à bord de l’appareil jusqu’au dernier moment pour permettre à tout son équipage de sauter, il le quittera trop près du sol pour que son parachute puisse s’ouvrir. Le seul tué, son corps sera trouvé au pied d’un arbre, non loin des débris de l’appareil. Il repose dans le cimetière de l’église de Friaize. Les habitants de ce petit village le considèrent avec un immense respect, persuadés que ses qualités de pilote ont permis que son appareil ne s’écrase pas sur le village même.

Outre Norman McCarthy, dont c’était la 30ème mission, cinq autres membres de l’équipage parviendront à s’évader : le mitrailleur dorsal Sgt James Calderbank, le navigateur Fl/Off William Shields, le bombardier P/Off Joseph Mollison, l’opérateur radio F/Sgt Henry Guild et le mitrailleur arrière Sgt Thomas Chapman.

McCarthy saute en 4ème position, derrière Shields, Mollison et Guild. En atterrissant non loin du lieu du crash, McCarthy se blesse à la cheville droite, une blessure qui était encore gonflée deux mois plus tard. Il semble qu’il retrouve Calderbank assez rapidement et selon un récit rédigé par McCarthy et dont Robert Chapman, le fils du mitrailleur arrière nous a transmis copie, les deux hommes arrivent à Chassant et s’arrêtent devant une boulangerie, celle de Pierre MAUPIN. La liste des Helpers Français reprend un R. MAUPIN à Combres, à 3km au nord de Chassant… La suite du récit ne mentionne plus Calderbank et se poursuit avec la mention d’un transport de McCarthy quelques heures plus tard, assis sur une chaise, placé dans une charrette à bras de boulangerie et mené chez Félix et Denise BACCHI à Chassant, à 3 km au sud de Combres, en Eure-et-Loir, chez qui il retrouve ses coéquipiers Shields et Guild. Les 3 hommes restent quelques jours chez les BACCHI où, peu avant leur départ, ils y sont rejoints par Thomas Chapman.

McCarthy, Chapman, Guild et Shields quittent les BACCHI le "17 juin" (selon Shields, mais nous pensons que ce serait plutôt le 27…). Shields ne mentionne rien d’autre que son départ ce jour-là vers Villebout, seulement qu’ils se trouvent à bord de la camionnette de MAUPIN (au volant), en compagnie de deux Résistants armés de mitraillettes Sten, roulant vers Châteaudun. Après la traversée de la ville, MAUPIN les dépose dans une zone boisée de la vallée de "la Loire" (sic) [Il s’agit en fait de la vallée du Loir, rivière qui passe à Châteaudun et, plus au sud, non loin de la Forêt de Fréteval]. Les 4 évadés se mettent à l’abri d’une haie et attendent plusieurs heures l’arrivée de leur contact suivant. McCarthy rapporte qu’ils fumaient des cigarettes "Gauloises" pour calmer leur impatience et étaient en train de tirer sur leurs cigarettes lorsqu’ils virent "Jean" arriver à vélo. Grand, élancé, vêtu d’une veste à carreaux et de pantalons de golf, Jean parle parfaitement l’anglais et se présente. McCarthy ne le nomme pas dans son rapport, mais il s’agit de Jean de Blommaert.

de BLOMMAERT leur déclare qu’une longue marche les attend. McCarthy, toujours handicapé par sa cheville, ne peut marcher et est pris en selle sur le vélo de de BLOMMAERT, que tous, en marchant, poussent à tour de rôle. Le long de chemins, à travers bois, ils arrivent finalement (vers le 7 ou le 9 juillet ?) au camp de Bellande, près de Busloup où se trouvait déjà leur mitrailleur Calderbank, leur bombardier Mollison les rejoignant un peu plus tard.

Devant l'avancée des Alliés, les troupes allemandes en retraite commencent à évacuer la région et le 13 août, Norman McCarthy, le Sgt Charles Martin et le Lt Thomas Boggan - auxquels Leslie Berry avait dit que s'ils souhaitaient tenter leur chance ils le pouvaient pour autant qu'ils l'en préviennent - ces trois hommes, donc, décident de quitter le camp pour se diriger vers les lignes américaines.

Dans l'après-midi, ils font une pause dans une ferme près de Chauvigny-du-Perche où le fermier leur donne à manger et leur procure une carte de la région. Le seul nom repris à Chauvigny-du-Perche dans la liste des Helpers Français est celui de Mr DUCROCQ-ALFRED, à La Convertière dans ce village (sans autres détails). Leur route se poursuit vers Saint-Marc-du-Cor où un chef des FFI arrange un voyage en voiture jusqu'à Mondoubleau où ils contactent des troupes américaines. McCarthy, Charles Martin et Thomas Boggan quittent la France en avion le 18 août. Norman McCarthy est interrogé en Angleterre le surlendemain.

La photo en médaillon nous a été transmise en mars 2024 par Robert P. Chapman, petit-fils du mitrailleur arrière.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters