Dernière mise à jour le 13 janvier 2014.
George WATT / 32420839
401 Pine Street, Freeport, Long Island, New York State, USA
Né le 05 novembre 1913 à New York City / † 07 juillet 1994 à Northport, New York State, USA
S/Sgt, 388 Bomber Group 563 Bomber Squadron, 2nd mécanicien et mitrailleur latéral droit
Atterri près de la Donkerputstraat à Zele Durme, entre Waasmunster et Hamme, Flandre Orientale, Belgique.
Boeing B-17 G Flying Fortress, n° série 42-30789, "Flak Suit", abattu le 5 novembre 1943 par un Fw190 lors de la mission sur des installations ferroviaires à Gelsenkirchen.
Ecrasé entre le cimetière de Lokeren et l’artère avoisinante, la Oude Bruglaan, à Lokeren, Flandre Orientale, Belgique.
Durée : un mois
Passage des Pyrénées : le 11 décembre 1943
Rapport de perte d'équipage MACR 3137. Rapport d'évasion E&E 282 disponible en ligne.
L’équipage du B-17 avait souhaité lui donner un nouveau nom. La majorité ayant opté pour "Butcher Boy", le commandant William Bramwell leur signifia cependant que ce serait "Jayhawk". Il avait été décidé de peindre ce nouveau nom et le dessin créé par Bramwell sur le nez de l’appareil ce 5 novembre dans le cas où ils ne partiraient pas en mission ce jour-là. C’est donc portant toujours le nom de "Flak Suit" que le B-17 décolle de Knettishall vers 08h00/08h30. Il éprouve des difficultés à trouver le reste de sa formation, couplée à des appareils des 96 et 100 Bomb Groups. Les appareils perdent environ deux heures à des altitudes variant entre 7500 et 9000m avant de finalement pouvoir se regrouper, le 42-30789 étant alors pratiquement le dernier dans la file de bombardiers volant vers l’objectif.
Arrivé au-dessus de Gelsenkirchen, le 30789 voit son moteur n°1 touché par la Flak et se mettre à brûler juste avant le largage de ses bombes. Craignant une explosion imminente de l’appareil, le pilote, 2nd Lt William J. Bramwell Jr, quitte la formation et Maiorca lâche son chargement de bombes sur une voie de chemin de fer près d’une petite ville allemande. L’incendie s’éteint, mais le moteur n°1 ne peut être mis en drapeau et s’emballe. Le copilote William Current signale par fusées éclairantes à l’escorte de P-47 qu’ils sont en difficulté et quatre de ces chasseurs entourent alors le B-17. Ayant mis le cap sur Anvers pour éviter la Flak, l’appareil ne peut voler qu’à une vitesse de 300km/h alors qu’un chasseur allemand Me109 l’attaque par le bas. Deux des P-47 contre-attaquent, les deux autres devant abandonner l’escorte faute de carburant suffisant. D’autres chasseurs allemands s’acharnent alors sur le B-17, qui entame un piqué dont il ne sort qu’à environ 1500m d’altitude.
Les sergents Albertus Harrenstein, radio et John Merritt Craig, mitrailleur de queue gisent sur le sol du compartiment radio, morts. [ D’abord inhumés dans ce même cimetière de Lokeren, ils reposent respectivement au Golden Gate National Cemetery à San Bruno, Californie et au Colfax Center Presbyterian Church Cemetery à Holland dans l’Iowa. ] Les autres membres de l’équipage évacuent en hâte l’appareil en perdition. Le 2nd Lt William John Bramwell Jr, gravement blessé par 27 éclats d’obus, atterrit à Zele Goeiende, est immédiatement pris en charge par des fermiers et soigné par le Docteur Eugene VAN CAUTEREN (1906-1978) de Zele. Trop sérieusement atteint, Bramwell sera placé par les Allemands dans un hôpital à Sint-Niklaas puis à Bruxelles, ensuite dans divers hôpitaux en Allemagne. Il sera rapatrié du Heilag Annabrug - Stalag IV D/Z au sud de Berlin, dans le cadre d’un échange de prisonniers blessés, et rentrera aux Etats-Unis en février 1945 par le navire-hôpital suédois "Gripsholm". D’autres membres de l’équipage seront presqu’immédiatement faits prisonniers : le Lt William Emerson Current, copilote ; le Lt Charles Leland Smith, navigateur ; le S/Sgt Leslie Earl Meader, mitrailleur gauche et le S/Sgt Joseph Alexander Sage, mitrailleur ventral.
Outre George Watt, deux autres hommes parviendront à s'évader : le bombardier John Maiorca et le mitrailleur dorsal Hank Johnson.
Le rapport d’évasion E&E 282 de Watt reprend en manuscrit les notes difficilement déchiffrables de la personne du MI.X qui l’a interviewé en Angleterre. Ce qui suit comporte certains détails qui ont pu en être devinés, la majeure partie provenant du livre de George Watt "The COMET Connection" publié en 1990 (* voir en bas de page): Atterri en parachute à Durmen, dans un champ un peu au sud de la rivière Durme, à 2 ou 3km au nord-ouest de Hamme, Watt remarque un homme qui l’observe sans bouger. Il dissimule rapidement son harnais, son parachute, sa Mae West, ses lourdes bottes sous des broussailles.
Comme l’homme ne fait aucun mouvement, Watt se dirige vers lui et lui déclare en français qu’il est un aviateur américain. L’homme, le fermier Aloïs ("Weis") VAN DEN BOSSCHE, ne le comprend pas, se contentant de lui serrer la main en souriant. Watt essaie l’allemand, et finalement le fermier lui confirme qu’il se trouve en Belgique. Un homme et une petite fille s’approchent en courant vers Watt. L’homme comprend le français, mais il n’a pas le temps de converser car un attroupement se forme, des gens arrivant de partout, voulant serrer la main de l’aviateur. Souhaitant quitter l’endroit au plus vite, Watt demande où il pourrait se cacher, mais un homme arrive rapidement en courant. C’est un gendarme en uniforme, Léon FAMAEY, qui semble hésiter à l’aider (c’est un collaborateur, mais qui, par après, suite à l’insistance de sa sœur Susanne, et malgré un interrogatoire serré par les autorités militaires allemandes, ne dénonça pas Watt).
Watt avoue à FAMAEY qu’il est un aviateur américain et devine que des gens tentent de convaincre le gendarme de ne pas l’arrêter. Le gendarme s’éloigne alors pour aller près de l’endroit où des femmes manipulent la soie du parachute et Watt, qu’une douleur à la cheville fait boiter, se dirige vers l’extrémité du champ et va se cacher dans une rigole d’assèchement qu’un homme avec une casquette, Eduard LAUWAERT, lui avait indiqué. Selon un plan dessiné par Watt, ce fossé devait longer un champ donnant sur la Hoekstraat. LAUWAERT, qui habitait au 72 Sint Annastraat à Hamme, revient peu après et, constatant que Watt a ôté sa combinaison de vol chauffante, l’emporte et disparaît.
Eduard LAUWAERT revient le voir dans l’après-midi, disant à Watt qu’il avait mis sa combinaison de vol en sûreté et qu’il la lui rendrait lorsqu’ils se reverraient après la guerre. Après le départ de LAUWAERT, deux hommes arrivent : Raymond INGHELS, de Zele, parlant un anglais passable, et Albert (Jan) VAN EETVELDER. INGHELS, un ancien marin, avait été arrêté par les Allemands en France où il se trouvait après l’arrivée de son bateau à Rouen et était parvenu à s’échapper. Le fermier Aloïs ("Weis") VAN DEN BOSSCHE arrive par après, apportant une tartine aux œufs, puis s’en repart.
Raymond INGHELS annonce à Watt qu’il lui apportera des vêtements dans la soirée et qu’il lui achètera un ticket de train pour Bruxelles et il s’en va, accompagné de Jan VAN EETVELDER. S’étant un peu déplacé, Watt peut entendre et apercevoir des soldats à sa recherche avec des chiens. Ils ne le découvrent pas et l’aviateur reste caché, attendant la soirée. Plus tard, un homme et une femme s’approchent en sifflotant, vont parler à un fermier dans le champ voisin puis viennent près de Watt, qui s’en méfie un peu au début. L’homme, le fermier Omer VAN HECKE que sa sœur Céline accompagnait, parle assez bien l’anglais et ils proposent à Watt de venir manger chez eux. Watt hésite, car il attendait plutôt la visite de Raymond INGHELS et préfère s’en tenir à ce qui était convenu avec lui. Il leur en parle, les autres insistent, mais s’en vont finalement, semblant comprendre la situation et respecter la décision de Watt.
Au crépuscule, le fermier VAN DEN BOSSCHE passe le voir et ils se disent adieu. Peu de temps après, arrive un homme que Watt avait vu dans le champ après son atterrissage. Il paraît assez excité, lui parle rapidement en flamand avant qu’un autre homme arrive et semble insister dans le même sens. Watt comprend que des patrouilles allemandes approchent et qu’il doit partir. Arrive alors Eduard LAUWAERT qui, voyant que Watt tremble de froid, lui donne sa veste en velours côtelé et lui dit qu’il doit suivre les deux hommes immédiatement.
Lors d’une course à travers le champ, un des hommes lui donne un sac en papier contenant de la viande et une bouteille de bière que Watt met dans les poches de la veste. Les deux hommes le quittent et Watt reste alors avec LAUWAERT qui le guide prudemment pendant quelques kilomètres. Ils traversent la Legierstraat et arrivent dans la Moortelstraat aux abords de Sint-Anna. Ils longent un mur et LAUWAERT s’engage par une petite porte dans une cour pavée et fait entrer Watt dans une pièce très sombre en lui disant d’y attendre son retour. L’odeur qui règne dans le local ne laisse place à aucun doute et Watt se rend compte qu’il se trouve dans un WC extérieur.
Par après, Watt entend des pas et voit la porte s’ouvrir sur un jeune couple. L’homme et la femme lui expliquent qu’ils doivent d’abord mettre leur petit (Lucien) au lit avant qu’ils puissent le faire rentrer chez eux. Finalement la femme, Mathilde LAUWAERT, vient le chercher, le fait entrer dans leur cuisine et commence à cuire des pommes de terre après lui avoir donné une bière. On lui dit qu’un homme parlant allemand viendra bientôt, ce qui facilitera un peu la conversation. Eduard LAUWAERT quitte alors la pièce. Un homme assez âgé – 45 ans? 60 ans ? impossible à dire - Leon DUCOLOMBEIR (DUCOLOMBIER - ? - de la Evangeliestraat à Hamme) arrive alors et lui dit que des résistants vont l’aider à s’évader. Puis les parents d’Eduard LAUWAERT les rejoignent et LAUWAERT senior et DUCOLOMBIER, vétérans de la guerre 14-18, échangent leurs souvenirs avec Watt, tandis qu’on évoque l’engagement d’Eduard et Mathilde dans la Résistance locale.
Dans le cours de la discussion, Watt laisse tomber que ce 5 novembre, c’est le jour de ses 30 ans. Aussitôt, Mathilde sort du pain, du saucisson et de la bière et, malgré le bruit de véhicules allemands à l’extérieur, une petite fête s’organise en l’honneur de l’aviateur. Eduard LAUWAERT revient alors avec des vêtements civils, un pantalon noir strié, un veston, une écharpe et une paire de souliers noirs usagés. Pas de chemise ni de chapeau dans le lot. Eduard lui dit de rapidement enfiler ces effets, car Watt devait être prêt à partir immédiatement. Watt va se changer dans une pièce voisine et Eduard lui demande alors s’il a de l’argent. Watt lui montre son kit d’évasion (voir TxtAids.html) qui, outre des barres de chocolat, des tablettes de farine lactée, deux cartes en soie de l’Europe Occidentale et une petite boussole, contient 200 francs français. Eduard LAUWAERT lui explique que de l’argent français ne lui servira à rien en Belgique et va lui chercher 400 francs belges qu’il lui remet avant de lui dire qu’il devait suivre DUCOLOMBIER pour se rendre sans tarder chez lui à la Evangeliestraat à Hamme.
Mathilde LAUWAERT observe la rue pour voir si la route est libre et Watt et DUCOLOMBIER se mettent à marcher. En route, ils croisent une charrette tirée par deux chevaux et conduite par des soldats allemands. Le guide parle à voix forte en flamand à Watt, salue les soldats en allemand, imité par Watt, pas du tout à son aise, mais tout se passe finalement bien et les deux hommes arrivent chez DUCOLOMBIER à Hamme. L’épouse de ce dernier, paraissant nettement plus jeune que lui, prépare du pain et du boudin. Après le repas, Watt va dormir dans une chambre à l’étage. Il ne trouve pas rapidement le sommeil après toutes ces péripéties et il lui semble avoir à peine fermé l’œil qu’il est réveillé par Eduard LAUWAERT et Raymond INGHELS (habitant à la Durmestraat, Hamme avec son épouse Yvonne et leur fille de 3ans et demi, Monique).
INGHELS lui explique que ne l’ayant pas trouvé dans sa cachette la veille au soir alors qu’il venait lui apporter des vêtements comme convenu, il avait cherché partout après lui et finalement été trouver Eduard LAUWAERT. Watt constate qu’il avait laissé des plaquettes d’identification dans la combinaison de vol qu’il avait donnée à LAUWAERT. Craignant, sans pièce d’identité, d’être considéré comme un espion en cas d’arrestation, Watt s’en ouvre à LAUWAERT qui fait l’aller-retour à vélo pour aller les chercher à Sint-Anna. Watt en donne une à LAUWAERT et garde l’autre qu’il dissimule dans une chaussure. INGHELS lui apprend également que lorsqu’il était rentré chez lui après l’avoir quitté, il avait trouvé sa femme en larmes, leur maison, mise sens dessus dessous, ayant été fouillée de fond en comble par les Allemands qui étaient à la recherche de Watt dans tout le village.
Raymond IGHELS lui déclare également que cinq membres de son équipage, tombés de l’autre côté de la Durme, avaient été faits prisonniers, l’un d’entre eux étant apparemment blessé. Et il raconte dans le détail l’interrogatoire du gendarme FAMAEY après qu’il ait apporté aux Allemands le parachute de Watt qu’il avait récupéré. Le gendarme s’en était tiré à bon compte et n’avait finalement rien dévoilé, malgré les menaces de représailles sur la population locale.
Raymond propose de venir chercher Watt très tôt au matin pour qu’il puisse se rendre seul à Anvers en tram, le train étant trop dangereux, vu la surveillance étroite par les Allemands de la gare ferroviaire de Hamme. Il demande alors à Watt ce qu’il envisage de faire une fois arrivé à Anvers. Watt répond que son but est d’atteindre Paris et d’y entrer en contact avec la Résistance. Raymond lui dit qu’il pourrait prendre contact à Bruxelles avec son beau-frère, le Docteur PROOST et son épouse Hedwige et qu’ils pourraient vraisemblablement l’aider. Après réflexion et pour éviter que Watt ne doive voyager seul, sans connaissance de la langue ni des lieux, avec des problèmes de nourriture, etc, Raymond INGHELS décide finalement de l’accompagner jusqu’à Bruxelles.
Le 6 novembre, Eduard LAUWAERT quitte le premier la maison des DUCOLOMBIER, bientôt suivi par Raymond INGHELS et Watt. Tous trois, à distance l’un de l’autre, se dirigent vers la gare des trams de Hamme à la Koning Albertplein. Watt se cache dans l’ombre d’une petite chapelle à proximité, tandis que Raymond va acheter les tickets. A son retour, Watt fait ses adieux à Eduard LAUWAERT avant qu’INGHELS et lui ne montent dans le tram pour Anvers. Ils descendent à un arrêt proche d’un tunnel sous la Schelde (l’Escaut) et menant à la gare d’Anvers où Raymond va acheter deux tickets pour Bruxelles. Les deux hommes montent séparément dans le train et arrivent à Bruxelles environ une heure plus tard.
Ce 6 novembre, ils arrivent chez les PROOST au 97 Rue Bonaventure à Jette où ils sont accueillis par Hedwige à qui Raymond explique la situation. Mme PROOST prépare un repas et après quelques heures arrive son mari, Jean PROOST, que Raymond met également au courant. Le docteur, dont la maison est également le cabinet de consultation, estime que la présence de Watt pourrait trop facilement être décelée et qu’il devrait partir avant 17h00. Watt sort ses cartes afin de planifier ses mouvements vers la France et Raymond lui dit que les PROOST ont un cousin habitant à une dizaine de kilomètres de la frontière française et qui pourrait l’aider à passer en France.
A nouveau, INGHELS ne tient pas à ce que Watt voyage seul et on décide qu’il accompagnera l’aviateur jusque chez le cousin. Comme Watt répond par la négative à la question du docteur quant à savoir s’il a des contacts prévus en France, Jean PROOST évoque les résistants belges de la Brigade Blanche, avouant qu’il n’y connaît personne. Après un moment, PROOST se lève et quitte la maison pour aller voir des patients, ajoutant qu’il trouverait peut-être bien quelque chose. A son retour, il annonce qu’il a pris contact avec une famille dont le fils lui avait à l’occasion remis un journal clandestin et que le fils, absent lors de la visite de PROOST chez ses parents, passerait à 17h00 chez les PROOST.
A l’heure dite, on sonne à la porte, Watt et INGHELS vont se cacher dans une pièce au rez-de-chaussée tandis que le visiteur est amené à l’étage dans le cabinet du médecin. Celui-ci descend, fait monter Raymond dans son bureau et INGHELS revient près de Watt, tout excité, lui disant que tout allait s’arranger. Dans le bureau, on présente à l’aviateur un jeune homme, grand et mince, Henri MALFAIT, qui lui pose une série de questions dans un mauvais anglais et lui fait remplir un questionnaire détaillé sur son identité, son unité, son adresse, etc. MALFAIT lui dit que tout cela devra être vérifié et que si tout était en ordre, il reviendrait vers 20h00 le même soir.
A 20h00, Henri MALFAIT réapparaît et déclare que tout a été vérifié par radio avec Londres (après la guerre, Henri Malfait lui apprendra que Londres n’avait répondu que le lendemain, mais que son but était en fait de l’éloigner de la maison des PROOST, et qu’il avait même envisagé de descendre Watt si nécessaire…) Henri ajoute qu’il va guider Watt jusqu’à la maison de ses parents pour la nuit, qu’ils ne doivent échanger aucune parole durant le trajet et qu’en aucun cas Watt ne peut dire qu’ils se connaissent. Ils prennent un tram et arrivent au 9 Rue Tilmont à Jette où les accueillent les parents d’Henri, Octave MALFAIT, comptable, et son épouse Thérèse. Durant son séjour chez les MALFAIT, paraît le « Faux SOIR » du 9 novembre 1943, apportant une bonne dose d’humour au détriment de l’occupant et une touche d’espoir dans l’univers sombre de l’occupation.
Le jeudi 11 novembre, Henri MALFAIT annonce à George Watt qu’il allait changer de cachette. Le même soir, Jacques DE BRUYN vient le chercher pour le conduire chez sa mère au 135 Rue des Confédérés à Bruxelles. Watt rentre ainsi dans la sphère de Comète. Après le repas, Mme Octavie DE BRUYN guide Watt en tram de l’autre côté de la ville. C’est ainsi que l’aviateur arrive chez Raoul et Marie-Rose THIBAUT, 134 Avenue du Diamant à Schaerbeek. Raoul est ingénieur en électricité, son épouse s’occupant de leur bébé de 18 mois, la petite Inès.
Dans son livre, George Watt écrit que pendant son séjour chez les THIBAUT, il a rencontré plusieurs personnes, dont certains résistants, de même que Léon THIBAUT, le frère d’Henri. Il dit que le 18 ou 19 novembre (d’autres sources placent cela au 24 novembre…), à la fin de son séjour chez les THIBAUT à Schaerbeek, Madame Octavie DE BRUYN arrive chez les THIBAUT et signale à Watt qu’elle viendra l’y chercher dans la soirée pour le mener en train vers la frontière française, en compagnie d’un autre évadé. Le soir, Mme DE BRUYN emmène les deux aviateurs et les accompagne en train, via Ath, jusqu’à la gare de Rumes où ils la suivent jusqu’au bout du quai. Elle leur dit de l’attendre derrière un bâtiment et revient peu après avec plusieurs hommes et femmes.
A travers les chuchotements, Watt entend une voix plus claire avec un accent du Sud des Etats-Unis. Il s’agit de son coéquipier, le mécanicien Hank Johnson, et à partir de là, ils voyageront ensemble vers l’Espagne. Les quatre évadés (les deux autres sont le Fl/Sgt John Harkins et le Fl/Off canadien Robert Clements) sont accompagnés de deux guides, un homme et une femme. Après une heure de marche, le groupe arrive à une grande ferme où ils sont accueillis par 3 ou 4 hommes, une femme et un garçon de 12 ans, qui leur souhaitent la bienvenue en France. Dans son livre, George Watt mentionne que Monique Thomé était la jeune femme qui les avait guidés, lui et Johnson, dans leur traversée de la frontière. Monique était le nom de guerre d’Henriette Hanotte , la fiancée de Jules Thomé pendant la guerre.
Le 15 novembre 2013, Monique (Henriette Hanotte) nous a précisé que le jeune garçon de 12 ans est en fait René BRICOUT, le fils de Maurice et Rachel BRICOUT, de Bachy. Maurice BRICOUT est douanier et, comme il porte un uniforme, Watt le prendra pour un policier.
Tôt le lendemain, le jeune René BRICOUT accompagne les guides qui mènent les évadés à travers champs jusqu’à la maison de ses parents à Bachy chez qui ils reçoivent de la nourriture. Selon le rapport de Johnson, outre lui, sont du voyage, George Watt, Donald Mills, John Harkins, un "Kennedy" et Edward Johnson. Le groupe marche ensuite jusqu’à la gare de Cysoing où ils se séparent pour monter dans des wagons différents en direction de Lille. De là, on leur achète des tickets pour Paris, où ils arrivent vers midi.
Arrivés à la Gare du Nord, Watt et Johnson sont guidés vers une église (Johnson pense que c’est celle du Sacré-Cœur à Montmartre) où ils sont pris en charge par une petite dame en noir, "Marie-Louise" (vraisemblablement Fernande ONIMUS-PHAL). Elle les précède dans les rues de Paris et les mène en métro vers un complexe d’appartements. Ils montent jusqu’au dernier étage d’un immeuble de cinq ou six niveaux où se trouvent déjà 4 ou 5 autres aviateurs évadés. Watt mentionne que l’un d’entre eux est polonais ; il doit s’agir du W/Off Bronislaw Malinowski. Un autre est l’américain Harold Pope. Selon Johnson, ils ne restent que 3 heures là, qu’ils ont pu s’y restaurer avant d’être ensuite conduits par la petite dame en noir dans un petit magasin de photographie où on les prend en photo.
Le groupe est séparé et Watt et Johnson sont amenés vers une grande habitation à Vanves où vivaient un couple et les parents de la femme, dont le mari est médecin. Il doit s’agir du Docteur Pierre HABREKORN, du 6 Avenue du Parc, à Vanves, un faubourg au sud-est de Paris. Le rapport de Johnson indique que le docteur les a alors menés à deux blocs de là, près d’un parc, dans l’appartement de son frère, ancien ingénieur chimiste et devenu directeur d’un cinéma. Vers 18h00 le lendemain, Johnson et Watt déménagent de l’autre côté de la rue vers un ancien hôpital psychiatrique fondé par feu le père de Pierre HABREKORN. Le rapport de Johnson mentionne « Dr A…. – illisible- et N° 2 Rue Fabet ». Nous avons pu retrouver qu’il s’agit du docteur ARNAUD, 2 Rue Falret à Vanves, bordé par le Parc Frédéric Pic, où le médecin vit avec sa mère, son épouse et une servante. Johnson signale que Watt et lui sont restés là pendant 3 jours.
Watt rapporte que Johnson et lui dorment dans des lits individuels dans l’une des chambres d’un corridor, le médecin, son épouse et leur fille dormant dans une autre aile. Vu les pénuries, la nourriture est maigre et les locaux peu chauffés.
Watt écrit que Johnson et lui s’attendent à devoir rester assez longtemps dans cette nouvelle planque, car on leur apprend que le jour après leur arrivée à Paris, la Gestapo avait infiltré un réseau, dont plusieurs membres avaient été arrêtés, entraînant le démantèlement de la ligne. Ils passent leur temps à lire, jouer aux cartes et la monotonie n’est rompue lorsqu’après "environ 3 semaines" (selon le récit de Watt, mais le rapport de Johnson parle d’un vendredi, qui doit être le 3 décembre, ce qui colle avec les récits d’autres évadés, et il s’agit donc plutôt de 3 jours) on vient les chercher en vue de les ramener à Paris. Watt ne se rappelle plus où ils ont logé (Johnson dit que le Dr HABREKORN est venu les y chercher un jeudi – le 2 décembre, donc, et qu’ils ont logé une nuit dans l’appartement du frère du docteur). Johnson précise que le vendredi soir, 3 décembre, HABREKORN est arrivé là avec un jeune homme d’environ 23 ans, qui les a menés chez lui à Paris, près des usines Renault et qu’ils y ont logé jusqu’au dimanche matin 5 décembre. Watt, quant à lui, écrit qu’il se souvient d’avoir fait faire des photos dans un Photomaton, l’une des photos servant à la confection de faux papiers. Ceux-ci lui sont remis le soir même et il reçoit également une lettre d’engagement en tant que clerc de notaire, l’autorisant à voyager vers une ville dans le sud du pays.
Johnson poursuit : le docteur HABREKORN vient les chercher pour les conduire à nouveau chez son frère où ils logent jusqu’au mardi 7 décembre. Il vient les y prendre vers 16h00 pour les mener à leur première cachette à Vanves (donc chez le Dr ARNAUD). De là, il les conduit en métro, tandis que son épouse va chercher un autre évadé, qui est en fait Bronislaw Malinowski, qui avait logé chez le docteur ARNAUD après eux. Johnson, Watt et Malinowski accompagnent alors le chef de l’organisation vers la Gare d’Austerlitz où ils retrouvent le Fl/Sgt John Harkins vu à Rumes. Johnson mentionne que Harkins et lui vont au restaurant avec une dame d’environ 30 ans, portant lunettes et parlant bien l’anglais, tandis que Watt et Malinowski vont dans un autre restaurant, avec la petite dame française (Fernande ONIMUS-PHAL ?)
Ce 7 décembre 1943, Johnson, Watt, Harkins et Malinowski se retrouvent à la gare d’Austerlitz d’où ils prennent le train de 22h15 pour Bordeaux, passant sans problème le contrôle d’identité par des officiers allemands juste avant l’arrivée. Arrivés à Bordeaux à 07h00 du matin le 8, on leur donne de nouvelles pièces d’identité pour voyager vers le sud de la France. Ils prennent un train pour Dax où leur guide les confie à un autre guide, "Max" (Marcel ROGER) et ses cinq vélos. Sans tarder, le groupe se met à pédaler et ne s’arrête qu’après une heure pour avaler du pain, du fromage et un peu de vin avant de se remettre en route.
En début de soirée, après avoir traversé Bayonne, ils arrivent à l’auberge Larre de Jeanne MENDIARA à Sutar où ils sont menés à l’étage, Watt et Johnson placés dans une chambre, Harkins et Malinowski dans une autre. Ils peuvent se laver et Jeanne leur apporte de quoi manger et boire. Des soldats allemands arrivent, prennent un repas et boivent à l’auberge, restant festoyer bruyamment jusqu’à 2 heures du matin. Après le petit déjeuner, les hommes enfourchent à nouveau leurs vélos et roulent pendant une ou deux heures jusqu’au pied des Pyrénées.
C'est le 78e passage de Comète, par Larressore et Jauriko borda, avec les seuls guides de Pierre ELHORGA. Le 10 décembre, ils partent à 20 heures de Mandochineko borda à Espelette et marchent huit heures. Ils se reposent un peu dans une cabane (Jauriko borda, en Espagne) par une température très froide. Le lendemain, ils marchent trois heures et un autre guide les emmène dans un village où ils restent deux jours. Ils marchent encore toute une nuit dans la neige pour atteindre un petit village. Le lendemain soir, une voiture les emporte via San Sebastian jusqu’à un endroit à 6km passé Tolosa. Ils sont alors conduits à Madrid où ils arrivent à l’ambassade britannique le 15 décembre. De là, ils descendent en camion vers le sud, escortés par des voitures de l’ambassade. Ils sont reçus à Jerez de la Frontera par le consul britannique qui leur offre un luxueux repas, avant de poursuive leur périple vers Gibraltar qu’ils atteignent le 17 décembre. George Watt et Hank Johnson y sont interrogés le 18 décembre par les Services Secrets britanniques et quittent Gibraltar par avion le 20 pour atterrir à Swindon le même jour. Ils remplissent leur questionnaire de débriefing ce même 20 décembre à Londres.
George Watt et sa femme Marjorie sont revenus en Belgique en 1984 et 1985 pour rencontrer des gens qui l’avaient aidé.
Lors de ces visites, ils purent s’entretenir avec Aloïs VAN DEN BOSSCHE ; Albert (Jan) et Julia VAN EETVELDER ; Susanne FAMAEY ; Yvonne INGHELS et sa fille Monique (Raymond INGHELS est décédé en 1970) ; Eduard LAUWAERT, son épouse Mathilde et leur famille ; Jean et Hedwige PROOST; Octave, Thérèse et leur fils Henri MALFAIT et son épouse Madeleine (Henri, arrêté chez Madame DE BRUYN le 22 janvier 1944, était revenu des camps en 1945) ainsi que Raoul THIBAUT (dont l’épouse Marie-Rose, également arrêtée par la Gestapo le 23 janvier 1944 - voir la page de Robert Hoke,- est portée disparue au camp de Rechlin, près de Ravensbrück le 15 mars 1945. Sa petite fille Inès, arrêtée en même temps qu’elle, put échapper au même sort, car juste avant d’être déportée, sa maman put déclarer à un officier allemand que le bébé pouvait être pris en charge par sa tante, qui a donc pu l’élever après la guerre.)
(*) Le livre de George Watt a été traduit en néerlandais et édité en 1992 par la Standaard Uitgeverij, Antwerpen : "Ontsnappingslijn Comète. Een spectaculaire vlucht uit bezet België". Une réédition aux USA par la Kentucky University Press est parue en avril 2007 sous le nouveau titre "Escape from Hitler's Europe : An American Airman Behind Enemy Lines."
A l’initiative de la société d’histoire locale de Lokeren "de Souvereinen" (http://www.desouvereinen.be ), une plaque à la mémoire de l’équipage a été inaugurée le 11 novembre 2013 à l’ancien cimetière de Lokeren. Apposée sur le côté du mur même où l’appareil s’était écrasé (entraînant la mort d’une habitante de Lokeren, Madame Marie Ongena, née Van Damme) et reconstruit après la guerre, la plaque fut dévoilée par le bourgmestre de Lokeren, Filip Anthuenis et Madame Joan Wootton, fille du pilote William Bramwell, venue spécialement des Etats-Unis avec son mari Michael. William Bramwell, 96 ans, placé dans un home pour vétérans en Californie, n’a pu malheureusement être présent lors de cette cérémonie qui a rassemblé plus de 200 personnes. Joan Wootton a pu rencontrer à cette occasion les enfants d’Eduard LAUWAERT (qui avait aidé George Watt) ainsi que des témoins oculaires du crash de 1943 et certains descendants de personnes qui avaient aidé son père, dont les enfants du Docteur Eugene Van Cauteren, qui avait soigné ses blessures.
Pour répondre au souhait de Daniel Watt, fils de George Watt, qui n’a pu venir en Belgique avec son épouse Molly pour assister à la cérémonie, le texte ci-dessous qu’il nous a envoyé, ainsi que sa traduction en néerlandais, ont été lus en clôture de l’événement :
“George Watt would have turned 100 on November 5th this year. It was on his 30th birthday, November 5, 1943 that his B-17 bomber was shot down and crashed in Lokeren. He escaped the airplane via parachute. He escaped the Nazis and lived to the ripe old age of 80, thanks to the courage and generosity of the anti-fascist farmers of Hamme who risked their lives to save him, especially the Lauwaert and Inghels families. When he dropped out of the sky into Hamme that day, the Lauwaert’s hid him in their outhouse until dark and celebrated his birthday later that night. The next day, Raymond Inghels took him by public tram to Antwerp where he was taken in by Dr. Proost and his family who contacted the Comet Line, that amazing underground organization that spirited him out of Belgium, through France, across the Pyrénées and into neutral Spain. I know my father would have wanted to be with you today to commemorate the 100th anniversary of his birth and the 70th anniversary of the plane crash that might have ended his life – but didn’t – thanks to the Belgian people. In 1984 and 1985 he returned to meet the families that rescued him. It was a great privilege for my wife Molly and I to return to Hamme with him and meet the Lauwaert and Inghels families, who welcomed us with open arms as if we were long lost cousins. They never forgot that they saved my father, and he never forgot the debt he owed to them, and to so many courageous Belgians who fought against the Nazis from within the occupation and helped gain the allied victory. He wrote to thank them and many others in his memoir, The Comet Connection: Escape from Hitler’s Europe, published by the University Press of Kentucky in 1990. He was pleased that it was translated and published in Flemish as Ontsnappingslijn Comète by Standaard Uitgeverij in 1992. We send greetings from George Watt’s two sons and their wives, his six grandchildren and five great-grandchildren. Although we can’t be with you today, we are with you in spirit. Salud and God Bless! From Dan and Molly Lynn WATT, their daughters Robin and Kristin GUSTAFSON, and their children Moira, Brian, and Alice FLANAGAN, Lydia and Keely CURLISS; and for Steve WATT, Jessie WENNING, and their children Joseph, Tony, Georgia and David WATT.” De volgende dag, bracht Raymond Inghels hem met de tram naar Antwerpen, waar hij door Dokter Proost en zijn familie geholpen werd en die de Komeet Lijn contacteerde, deze verbazingwekkende organisatie die hem vanuit België door Frankrijk en de Pyreneeën tot in neutraal Spanje voerde. Ik weet dat mijn vader hier vandaag met ons allen aanwezig zou willen geweest zijn om dit samen te vieren, de honderdste verjaardag van zijn geboorte en de zeventigste van de vliegtuigcrash dat hem zijn leven zou kunnen gekost hebben – wat gelukkig niet gebeurde, dankzij vele Belgen. In 1984 en 1985, kwam mijn vader naar België terug om de families die hem gered hadden te mogen ontmoeten. Het was toen voor mijn echtgenote Molly en mijzelf een groot voorrecht in Hamme kennis te mogen maken met de families Lauwaert en Inghels, die ons met open armen verwelkomden zoals lang verloren neven. Zij waren niet vergeten dat zij mijn vaders leven gered hadden en mijn vader herinnerde zich dat hij zoveel dank verschuldigd was aan meerdere moedige Belgen, mensen die in eigen land tegen de Nazi’s vochten en zo meehielpen aan de geallieerde eindoverwinning. Om die families en vele anderen te bedanken, schreef mijn vader zijn memoires “The Comet Connection: Escape from Hitler’s Europe”, die door de University Press of Kentucky in 1990 gepubliceerd werd. Hij heeft de publicatie van de Nederlandstalige versie “Ontsnappingslijn Comète” echt gewaardeerd toen de Standaard Uitgeverij die in 1992 uitgaf. Onze familie zendt groeten van de twee zonen van George Watt en hun echtgenotes, zijn zes kleinkinderen en vijf achterkleinkinderen. Ondanks het feit dat wij vandaag niet bij jullie kunnen zijn, zijn wij allemaal in gedachten bij jullie. Salut en God Bless You! Vanwege Dan en Molly Lynn WATT, hun dochters Robin en Kristin GUSTAFSON en hun kinderen Moira, Brian en Alice FLANAGAN, Lydia en Keely CURLISS; en voor Steve WATT, Jessie WENNING en hun kinderen Joseph, Tony, Georgia en David WATT.” |
Merci à Joan Wootton de même qu’à André De Munck et ses amis de l’association "de Souvereinen" qui nous ont permis de compléter nos informations.