Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 25 juin 2024.

William John YANZEK / 35133894
129 North Monmouth Street, Dayton, Montgomery County, Ohio, USA
Né le 5 octobre 1911 à Springfield, Ohio / † le 18 février 1972 à Fairborn, Ohio, USA
T/Sgt, USAAF 381 Bomber Group 533 Bomber Squadron, opérateur radio/mitrailleur latéral gauche
Lieu d'atterrissage : "à Betz".
Type Boeing B-17G-VE Flying Fortress - 42-97454 (VP-U) en mission sur Augsburg le 16 mars 1944, l'avion est rentré à sa base à Ridgewell en Angleterre.

Durée : 5 mois.
Camps Marathon : Fréteval

Informations complémentaires :

Rapport de perte d’équipage MACR 4878 (voir extrait ci-dessous). Le rapport d'évasion de William Yanzek porte le n° E&E 1027 disponible en ligne.


William Yanzek prenait part ce 16 mars 1944 à sa première mission. L'appareil décolle vers 07h00 de Ridgewell et sur le vol du retour, alors que l'avion se trouvait à 25 minutes des côtes de la Manche, un incendie - probablement dû à un court-circuit - se déclare dans le cockpit juste en-dessous de la tourelle dorsale. Le pilote, Rudolph G. Duncan, quitte la formation et via l'interphone, le copilote Karl Franek, avise les autres membres de l'équipage de l'incident puis va aider à combattre l'incendie. Ayant apparemment mal interprété ce message, Yanzek boucle son parachute et saute.

Entretemps, le Sgt John T. Eylens, mécanicien/mitrailleur dorsal, qui a retiré ses gants, arrache les fils isolants qui dégagent de la fumée puis, manipulant à mains nues les extincteurs en métal à des températures de loin sous zéro, parvient à éteindre l'incendie. Il souffrira de gelures aux mains et ne sera que légèrement brûlé.

Duncan et Franek ramenèrent ensuite le 42-97454 à la base de Ridgewell. Le MACR 4878 reprend "A/C returned – one man bailed out over France" (L’avion est rentré – un homme a sauté au-dessus de la France.”) Ce B-17 fut perdu ultérieurement lors d'une mission sur Berlin le 19 mai 1944 avec un autre équipage (MACR 4932).

Yanzek, qui est donc le seul à évacuer l'appareil, atterrit assez brutalement et est un peu groggy. Il est légèrement blessé au dessus du crâne, a des côtes froissées sur le flanc droit et des égratignures à la main droite.

Son rapport E&E, très succinct, indique Betz comme son lieu d'atterrissage vers 15 heures ; d'autres sources parlent de "près de Le-Cateau-Cambrésis (Nord, France)". C'est donc, soit Betz à l'Est de Senlis, soit Bazuel, à 4 km de Le-Cateau-en-Cambrésis… soit peut-être Metz, sur l'itinéraire logique de retour depuis Augsburg vers l'Angleterre…

L'E&E se limite à renseigner que des Français enterrèrent tout son équipement et nous ignorons beaucoup de détails du parcours de Yanzek jusqu'au Camp de Fréteval.

Nous savons que Geno Dibetta et Clyde Hewitt sont logés à Argenteuil au 6 Rue Antonin-Georges Belin, une pâtisserie appartenant à la famille VILLENEUVE, dont la fille Denise leur servira souvent de guide. Seul le nom de Mme Elisa VILLENEUVE à Argenteuil est repris à la liste des Helpers français établie après la guerre. Il doit s’agir de la maman de Denise. Marvin Goff rapporte que William Yanzek et lui logent chez un "Mr BREDECHE". Confirmation : un Mr et Mme Jean BREDECHE sont repris à la liste des Helpers français avec comme adresse le même numéro 6 de la Rue A.G. Belin… Par ailleurs, le rapport E&E 999 de Marvin Goff indique qu’il rencontre William Yanzek dans la maison d'un prédicateur à l'Isle-Adam (il reprend "Pastor Nill, Rue Victor, Argenteuil") dans ce qui lui semble être un centre de rassemblement d'aviateurs évadés. Il s’agit en fait du pasteur André NEEL et son épouse Madeleine au 33 Rue Victor Puiseux à Argenteuil. Selon Goff, Yanzek et lui sont logés dans un appartement au quatrième étage du bâtiment, dont le gérant est propriétaire de la boucherie au rez-de-chaussée. Le boucher ou sa femme (cité comme étant Marcel POITEVIN, 7 Rue "Boucheron" à Argenteuil) leur apportent régulièrement de la nourriture et ils restent là presque deux semaines, avant d'être relogés chez un marchand de charbon dans la même localité, au fond d'une impasse toute proche de la Seine. La liste des Helpers français reprend un Mr Jean et Mme POITEVIN au 7 "Bvd Boucheron" à Argenteuil, dont nous pensons qu’il doit s’agir du Boulevard Bourceron, non loin de la Rue Victor Puiseux.

Durant leur première nuit là, la RAF bombarde une usine de l'autre côté du fleuve et quelques avions anglais sont abattus [Il pourrait s'agir du raid sur Chambly dans la nuit du 1er au 2 mai ?] Ils apprennent au matin que des aviateurs ont sauté en parachute et sont recherchés par les Allemands. Leur hôte va chercher trois vélos et donne à Yanzek et Goff un brassard identique au sien, marqué de la Croix Rouge. Au détour d'un boulevard, une limousine noire s'arrête, bloquant la rue et plusieurs soldats allemands en uniforme noir en sortent. Les trois hommes, le marchand de charbon en tête, font demi-tour. La chaîne du vélo de Goff sort de son logement et le français le rejoint, lui donne son propre vélo en disant aux aviateurs de retourner à la maison du prédicateur.

Nous supposons que c’est par après que Yanzek et Goff sont passés chez les VILLENEUVE à Argenteuil. Toujours est-il, qu’ayant quitté ces derniers, ils se retrouvent en compagnie de Geno Dibetta et Clyde Hewitt lorsqu’ils sont menés par un PIERRE, lunettes noires, vers un magasin de fleurs à Paris. Il doit s'agir du magasin d’Andrée DONJON, célibataire fleuriste au 60 Rue de Bellechasse à Paris VIIe, dont la maison (avec sa mère Marie Vichy) est un lieu de rassemblement d'aviateurs et sert de cloison étanche entre divers réseaux. Elle en loge au moins 5 ou 6 et en guide une trentaine à Paris ou Nesles-la-Vallée avant d'être arrêtée le 07 juillet et déportée.

Nous supposons que Yanzek a suivi le même parcours que Goff (voir la page de ce dernier) depuis Paris jusqu’à Châteaudun, puis jusqu’au camp secret en Forêt de Fréteval, libéré par des troupes américaines le 13 août 1944. William Yanzek est interviewé le 15 août par le I.S.9 et rentre le lendemain par avion en Angleterre.

William Yanzek a rencontré Philippe et Virginia d’Albert-Lake à Dayton, Ohio le 11 avril 1947, en même temps que William Davis et Claude Leslie. Un article du Dayton Daily News du lundi suivant qui relate cette rencontre, mentionne que Yanzek avait rencontré Virginia d’Albert-Lake à Paris et qu’elle a participé à l’organisation de son transfert vers le camp de Fréteval, tout comme celui de Davis et Leslie. Philippe et Virginia d’Albert-Lake avaient un appartement à Paris et une maison à Nesles-la-Vallée.

Sa mère, Louise Yanzek, née Gruber, est décédée en août 1937, son père Stephan, d’origine autrichienne, l’a suivie en février 1940. Le seul contact que William renseigne en octobre 1940 est sa tante Anna L. Wetzel, de Dayton, Ohio (1884-1965).

William Yanzek, qui avait épousé Mary Louise Rohan en Californie à la fin 1944, repose à ses côtés au Calvary Cemetery and Mausoleum à Saint Louis dans le Missouri, État d'origine de Mary Louise, décédée en août 1968.


Réunion de l’Escadrille Soixante-Neuf le 13 août 1947 à Saint Louis, Missouri,
d’aviateurs Américains évadés et cachés dans le camp de Fréteval.
William M. Davis remet à Charles E. Albanese, maire de Saint Louis, une pièce d’un parachute utilisé par l’un des aviateurs.
De gauche à droite, Jack Chapman, Paul Clark, Clare Blair, William Yanzek, William Davis, Maurice Grimsey et Alfred Holt.
(Identification des aviateurs grâce à un document que nous a transmis Gordon, le fils de Maurice Grimsey en 2024. Photo Saint Louis Star Times.)


Une autre photo du journal, prise la veille de la réunion.
De gauche à droite, Maurice Grimsey, Clare Blair, Jack Chapman, William Yanzek, William Davis et Paul Clark.
(via Gordon Grimsey, fils de Maurice.)


Photo prise en 1946 à Milwaukee, Wisconsin et réunissant des aviateurs cachés dans la Forêt de Fréteval.
Jean de Blommaert est assis, le 4e depuis la gauche. Selon Lynda Davis Wilson, la fille de William Davis, son père est debout, le 5e depuis la gauche ;
William Yanzek est debout, le 3e depuis la gauche et Paul Clark est assis, le 2e depuis la gauche.
Elle pense que William Brailey se trouve sur la photo mais n’est pas certaine que ce soit celui sur l’épaule duquel son père a posé sa main.
Murray Forman, le fils de Clement Forman, a pu nous confirmer en juin 2023 que son père se trouve debout à l’extrême droite.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters