Dernière mise à jour le 18 juillet 2012.
John ZOLNER / O-793578
25 Central Avenue, Ravena, New York
Né le 29 mars 1921, New York / † le 22 août 2006 à Ravena, New York
1er Lt, USAAF 353 Fighter Group 350 Fighter Squadron, pilote
Lieu d'atterrissage : près de Nijverdal (OverIjssel), Pays-Bas
P-47 D-5-RE Thunderbolt - 42-8557 (LH-U) - "Soubrette", abattu en mission d'escorte de bombardiers lors d'un raid sur Berlin le 08 mars 1944.
Ecrasé près de Haarle/Nijverdal (Overijssel), Pays-Bas.
Durée : six semaines
Passé en Suisse le 24 avril 1944.
Rapport de perte d'équipage MACR 2992. Rapport d'évasion de John Zolner E&E 2053, disponible en ligne.
John Zolner décolle de Metfield et son appareil, touché par la Flak, perd de l'huile et doit être abandonné. Dans son rapport, Zolner renseigne qu'il saute à 1.800 m d'altitude près de Nijverdal. Il ajoute qu'il est très rapidement entouré de gens, qui lui indiquent la direction générale de la Suisse. Il court se cacher dans un fossé et après une heure, un jeune garçon lui apporte une salopette avant de le mener à une ferme où on lui donne un vélo.
Le fils de John Zolner nous a transmis la copie d'une lettre datée du 29 décembre 1945, adressée à son père par la famille de C. A. SCHEFFER, Kerkstraat 18 à Nijverdal. Sa lecture nous apprend que le jeune garçon était en fait Kees SCHEFFER, le fils de la famille. Il y est précisé que ce sont des membres de la Résistance qui avaient mené Zolner loin de son appareil écrasé pour le conduire au village de Nijverdal, d'où Kees a conduit Zolder chez lui, sur le porte-bagage de son vélo.
Zolner loge chez les SCHEFFER et voit y arriver le 9 mars le Lt Walter Kendall.
Le 10 mars, les deux hommes prennent le train pour Almelo où ils se font photographier et rencontrent le Sgt Maurice Hargrove. Le jour suivant, un guide les mène à Hengelo, puis à Zutphen (où Zolner rapporte qu'ils ont vu un autre évadé qu'il ne nomme pas - il doit s'agir du Lt Milton Stern, qui indique avoir vu Zolner, Kendall et Hargrove dans une maison à Deventer.)
Les quatre hommes vont à Arnhem, d'où ils prennent le train vers Echt, près de Maaseik, où ils sont aidés par des policiers (ou des gendarmes) avant de partir pour Maastricht en voiture. Dans la nuit du 11 mars, ils traversent la Meuse à bord d'une petite barque. De l'autre côté, un fermier les attend pour les conduire à pied vers sa ferme où ils resteront six jours.
Le cinquième jour, un autre guide, "Jules", arrive avec cinq co-équipiers de Stern : Burrows, Bull, Cassody, Estep et Warren (voir la page de Milton Stern). On informe les aviateurs que l'on projette de les évacuer, par deux à la fois, au moyen d'un petit avion. Il est décidé que Stern et Burrows, qui s'était foulé la cheville en atterrissant, partiraient les premiers, de façon à soigner rapidement Burrows. On conduit le groupe cette nuit-là vers un manoir qui appartenait à un noble français, aviateur durant la guerre 14-18.
Les aviateurs dorment dans un petit bois à l'arrière du manoir dans un abri aménagé sous terre et dissimulé par des branchages. Ils y rencontrent deux Yougoslaves qui s'étaient eux aussi échappé d'un camp : Stretsko Pajantitch, officier pilote et Voja Jovanovitch, bombardier/mécanicien.
Le lendemain, samedi 18 mars, ils sont conduits à Hasselt en tramway par la fille du propriétaire du manoir. C'est là, chez M. et Mme Florent BIERNAUX qu'ils peuvent prendre leur premier bain chaud. On leur sert un vrai repas et on leur donne des cartes d'identité belges.
Le lundi 20 mars à 5h00 du matin, ils sont conduits à la gare par Mme BIERNAUX (Olympe DOBY), qui les accompagne en train jusqu'à Liège où un homme et une femme doivent les accueillir. Ce couple n'étant pas au rendez-vous, Mme BIERNAUX donne quelques coups de téléphone avant de mener le groupe dans un café. Le couple arrive finalement une heure plus tard et Mme BIERNAUX rentre à Hasselt.
Le groupe, conduit par leurs nouveaux guides, marche pendant deux heures dans les rues de Liège, tentant d'éviter les patrouilles allemandes. Ils doivent même se cacher pendant 45 minutes dans une église pour échapper à des soldats qui apparemment les suivent. Ils arrivent finalement à une grande maison, qui se révèle être le quartier général de la résistance locale. C'est là qu'ils sont séparés des deux Yougoslaves qu'ils ne reverront jamais par après.
Zolner et Kendall restent ensemble et sont hébergés à différents endroits de Liège pendant quelques semaines. Le fils de John Zolner nous a transmis copies de deux lettres envoyées à son père, l'une datée du 18 juillet 1945 dans laquelle M. THIRIART, Rue du Péry 99 à Liège lui demande de ses nouvelles, lui rappelant qu'il a logé dans sa famille en avril 1944. L'autre émane de Suzy THIRIART, la fille de la maison, qui lui écrit le 25 mars 1948 dans le même esprit, lui rappelant son séjour dans sa famille avec d'autres évadés. Elle ne cite pas de noms, mais on peut supposer que Kendall se trouvait bien chez eux aussi en compagnie de Zolner.
Le 10 avril, on apprend à Zolner et Kendall que la ligne vers l'Espagne a été infiltrée et qu'ils seront évacués vers la Suisse. Les deux hommes sont alors menés en direction de Namur par trois guides, en compagnie d'autres aviateurs américains : quatre hommes de l'équipage de l'avion de John Chernosky, Julius Miller et George Vogle : le Lt John J. Stahl Jr, le Sgt John Engstrom (E&E 2690), le Sgt Elbert Pyles (E&E 2345) et le Sgt Myron Pogodin (E&E 2347).
Il y a également le Sgt Warren Prosperi (E&E 2351, de l'avion de Meyles Sheppard et Vogle). Et enfin, les Lts Harold Killian et Henry Schultz, tous deux du même appareil.
Tous ces hommes sont cachés à Namur et Zolner se souvient d'un raid aérien sur la ville. Les aviateurs prennent un train en direction de la France, descendent à Couvin puis traversent à pied la frontière française pour arriver à Charleville-Mézières. La nuit venue, ils prennent un train pour Nancy et passent le restant de la nuit dans la gare. C'est ensuite un autre trajet en train, jusqu'à Belfort, où Kendall quitte le groupe. Tous les autres continuent sur Montbéliard où leurs guides, apeurés, les abandonnent. C'est là également que Prosperi et Pyles s'en vont de leur côté.
Zolner et ce qui reste du groupe arrivent alors à Delle, à quelques kilomètres à l'Est de Montbéliard, où quelques jeunes français s'occupent d'eux et où le Lt John Stahl sera arrêté "tandis qu'il examinait la situation". Les autres marchent alors jusqu'à Audincourt au Sud de Montbéliard où ils sont aidés par un français parlant anglais. De là, ils se dirigent vers Blamont, d'où un guide les mène vers la frontière suisse toute proche et ils entrent sur le territoire suisse le 24 avril.
Des policiers suisses les amènent alors à Porrentruy où ils logent deux nuits dans un hôtel avant d'aller à Bâle et ensuite à Bad Lostorf où ils terminent la quarantaine imposée dans ce pays neutre à des belligérants étrangers. Les évadés reçoivent alors des vêtements et de l'argent de l'Attaché Militaire américain avant de se rendre à Berne, puis, le 22 mai, à Glion au bord du Lac Léman [vraisemblablement logés à l'"Hôtel des Alpes ", cité par Le Lt Noble Gregory dans son rapport (voir ci-desous).]
Dans la nuit du 24 aôut, Zolner tente de s'évader en bateau depuis Lutry, près de Lausanne, jusqu'à Evian-les-Bains en France, avec Killian et le Lt George W. Starks (pilote du 42-31022 - E&E 1344). Zolner indique simplement dans son rapport qu'il rate le bateau. Le rapport d'évasion E&E 1344 du Lt Starks précise, pour ce 24 août, que le groupe faisant la tentative de traversée incluait Zolner et Killian de même que le 2nd Lt Virgil Y. De Camp (navigateur du 42-31632 - pas d'E&E), le Lt Thomas P. Cliney (bombardier du 42-31758 - pas d'E&E), le 2nd Lt Eugene J. Metz (bombardier du 42-31914 - pas d'E&E), un Potter (?) et un autre dont il ne se souvient pas du nom (ce doit être le Lt Gregory cité par Zolner). Starks ajoute qu'un guide suisse et un français nommé MUSSARD s'étaient joints à eux et que John Zolner, envoyé en premier pour faire le guet sur la plage, n'était plus réapparu aux autres, qui sont donc partis sans lui.
Dans son rapport, Zolner renseigne qu'il dut attendre le 2 septembre avant de partir en taxi (il n'indique ni le lieu de départ ni celui d'arrivée) avec le Lt "RODRIQUES" (= Lt Louis Rodriguez), le Lt. H. S. "McCONNELL" (le rapport d'évasion E&E 2181 de Rodriguez mentionne "Hugh S. McCollum", celui de Gregory "Mac Callum"… aucun E&E retrouvé), le Sgt "Thomas" FARR (= John T. Farr mitrailleur droit du 42-39891 - E&E 2179) et le Lt Gregory (= Lt Noble K. Gregory, E&E 2180). Le rapport de Louis Rodriguez précise que le chauffeur de taxi était Marius PERNET, de Glion, qui avait également aidé d'autres évadés et qu'il les a conduit jusque Genève où un autre chauffeur de taxi connu de Pernet a fait passer la frontière aux aviateurs.
Zolner indique dans son rapport qu'après leur voyage en taxi ils ont marché et traversé jusqu'à Saint-Julien (Saint-Julien-en-Genevois, côté français, à 10 km au Sud de Genève) où ils sont restés jusqu'au 4 septembre. Pris en charge par des résistants, ils sont transportés jusqu'à Grenoble où ils se présentent au Quartier Général de la 7ème Armée US.
De Grenoble, les hommes sont envoyés le 5 septembre vers un centre d'évacuation dans un hôtel de "Saint Maxim" (Sainte-Maxime, dans le Var, près de Saint-Tropez). Zolner reçoit ensuite des ordres pour rejoindre l'Unité de rapatriement à Naples (Caserta, selon Rodriguez) en Italie et y arrive par avion via la Corse. De là, il passe par Alger puis Casablanca, d'où il part en avion pour arriver au Royaume-Uni le 13 septembre 1944.
John Zolner, qui a terminé sa carrière dans l'US Air Force avec le grade de capitaine, est enterré au Chestnut Lawn Cemetery à New Baltimore, Etat de New York.
Merci à son fils John pour la photo en uniforme.