Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 13 avril 2023.

Rudolph HOOVER ("Rudy") / M10419 selon son dossier aux National Archives…et M/10418 dans une liste des prisonniers de guerre Sud-Africains…)
Stella Road, Escombe, Durban, Afrique du Sud.
Né le 24 mai 1919 à Durban, Afrique du Sud / † ?
Private, 101 South African Reserve Motor Transport, South African Indian and Malay Corps, englobé dans le Cape Corps.

Arrêté le 28 juin 1942 : en Egypte.
Durée : 3 mois
Camps : Fréteval.

Informations complémentaires :

Rapport de Prisoner of War : WO 416/183/15 – Le rapport WO 373/63/178 le recommande pour une "Mention in Dispatches", une distinction pour son évasion réussie https://discovery.nationalarchives.gov.uk/details/r/D7376948

Les informations reprises sur cette page proviennent en majeure partie du rapport d’évasion établi conjointement par Ebrahim Adams et son compagnon d’évasion Rudolph Hoover. Nous avons complété certaines données au départ d’autres archives militaires.

En juin 1942, Hoover se trouve à Mersa Matruh, où, à la fin du mois, aidant à l'évacuation de troupes rescapées de la bataille de Halfaya Pass près de la frontière entre la Lybie et l'Egypte, il est arrêté par l'Afrika Korps débouchant dans la ville. Les Allemands l'utilisent sur les docks de Mersa pour le déchargement de carburant et de munitions et il survit à un bombardement de la RAF. Malade de la dysenterie, il est évacué et est soigné par des médecins et infirmiers, eux-mêmes prisonniers.

On l'envoie par la suite à Benghazi en Lybie dans un camp réservé aux prisonniers non-Européens où on le soumet comme les autres détenus à un travail forcé dur et pénible. En novembre 1942, il est transféré au camp 66 à Capua, au nord de Naples en Italie et le 15 août 1943, il est envoyé au camp 85 de Tuturano, près de Brindisi, où se trouve Ebrahim Adams.

Une semaine plus tard, tout le camp est transféré à Lucca, mais, comme les autres, les deux hommes ne pourront faire le voyage en train. La voie ferrée est endommagée par les bombardements et ils font le trajet, 100 km, à pied. Deux semaines après leur arrivée, l'armistice Anglo-Italien est signé, mais leurs gardes italiens restent à leur poste dans le camp. Le 11 septembre, trois camions de soldats allemands débarquent, prennent possession du camp, abattent son commandant italien et emprisonnent les gardes. Les 1.800 prisonniers, noirs pour la plupart, sont transportés depuis Lucca vers un Stalag à Jacobsthal en Allemagne, un camp de transit pour prisonniers russes (qui serait le Stalag IVB à Muhlberg, situé à quelques kilomètres au nord-ouest de Jacobstahl). Hoover et Adams y restent deux semaines avant d'être envoyés en France, d'abord à Orléans, ensuite à Beauvais. Le dossier WO 416/183/15 reprend Hoover comme interné au Front Stalag "138" en France (localisation inconnue) – prisonnier n° 19605, un numéro proche de celui d’Ebrahim Adams 19506…

Le camp à Beauvais se trouvait dans une usine désaffectée dans le centre et les 350 prisonniers non-Européens y sont mis au travail forcé, réparant les dégâts dûs aux bombardements à l'aérodrome de Tillé, construisant des emplacements de tirs DCA sur des aérodromes de la région et autour de la ville.

Le 5 mai 1944, Visser, commandant du camp, annonce aux détenus que le 9 tout le camp allait être déplacé vers l'Allemagne et quelques hommes s'évadent immédiatement. Malgré une surveillance renforcée, Hoover, Adams et un autre soldat sud-africain, J. Luiters (C/303541, prisonnier n° 19460), également du Cape Corps, parviennent à s'échapper du camp le soir du 7 mai.

Les trois hommes, portant toujours leur battle-dress, se cachent dans des bois pour la nuit. Hoover a 2.000 francs sur lui, mais pas de nourriture, ni cartes ni papiers. Ils quittent leur cachette avant l'aube et, passés près d'Auneuil (Oise), ils se cachent pendant trois jours dans des bois. Luiters part le deuxième jour, tout seul, et se fait arrêter. On signale le passage de Hoover et Adams à Senlis où ils sont aidés/convoyés par Jacqueline CABRE, 18 Rue du Chatel et Marguerite GRONIER au 31 de la même rue. Les deux hommes sont ensuite menés vers le Sud. Hoover et Adams sont pris en charge par le fermier Roger LECOMTE, qui leur donne à manger, des couvertures. Le 26 mai, Roger leur donne des tickets de train à destination de Saint-Gratien, au Nord-Ouest de Paris, où habitent ses parents dont il leur remet l'adresse. Il les accompagne à la gare et après quelques heures, les évadés voient le père de Roger sur le quai qui les emmène chez lui au 5 Avenue des Belles Feuilles.

Le 4 juin, les deux hommes sont conduits en auto à Paris où on leur donne des vêtements frais. Ils se rendent dans un magasin de vélos où ils rencontrent "Albert" (Philippe d'ALBERT-LAKE), qui les interroge puis les envoie vers un magasin de fleurs au centre de Paris où ils restent pendant deux jours.

Le 10 juin, après que Philippe d'ALBERT-LAKE leur ait donné le choix entre rester à Paris ou aller dans un camp près de Châteaudun, ils choisissent cette dernière solution et partent en train pour Dourdan le même jour à 6 heures. Dans ce groupe de dix hommes, escorté par "Michelle", "Anne-Marie" (Jeanine PIGUET épouse PONCET) et "Annie" (Germaine BOHEL épouse MELISSON alias "Anne/Annie") jusque chez cette dernière au 7e étage du 8 Rue de Montessuy, Paris VIIe, près de la Tour Eiffel.

Se retrouvent là en plus de Hoover et Adams : Sam Taylor, Eric Wright, William Bender, Robert Gordon, Delbert Hyde, Clare Blair, Joseph Johnson et Theodore Krol.

Arrivé à Dourdan, le groupe se rend à pied au point de rendez-vous dans la forêt d'Oye, à une courte distance de la gare. Tous marchent ensuite pendant une vingtaine de km jusqu'à Denonville, où un fermier leur permet de dormir dans sa grange. Le 11 juin au matin, le groupe se sépare. "Michelle" et Virginia d'Albert-Lake prennent en charge Hyde, Taylor, Blair, Johnson, Krol et Alfred Wickman qui les avait rejoints en route. Philippe d'ALBERT-LAKE, de son côté, guide les deux Sud-africains pour les mener au camp de Fréteval d'où ils seront libérés le 12 août 1944 par des troupes américaines.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters