Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 13 novembre 2023.

Joseph JOHNSON / O-745821
4737 York Boulevard, Los Angeles, Californie.
Né le 24 mai 1919 / † le 19 décembre 1972
2nd Lt, USAAF 344 Bomber Group 497 Bomber Squadron, bombardier et navigateur.
Lieu d'atterrissage : au Sud-Ouest de Abbeville à 20:30 heures.
B-26B-50 Marauder N° série : 42-95920, Immatriculation/Nom : 7I-G - "Smilin' Joy", abattu par la Flak lors d'une mission sur la gare de triage d'Amiens le 28 mai 1944.
Écrasé au hameau de Bienfay, à 1 km au sud-est de Moyenneville, au sud-est d'Abbeville, Somme, France.
Durée : 2 mois ½.
Camps : Fréteval.

Informations complémentaires :

Le Missing Air Crew Report relatif à la perte de cet appareil : MACR 5140. Rapport d'évasion E&E 1012, disponible en ligne.

Le B-26 décolle vers 16h30 de Stansted pour sa deuxième mission de la journée. Il est touché par la Flak après le largage des bombes et le moteur droit est hors d'usage. Cinq minutes plus tard, le deuxième moteur rend l'âme. L'interphone ne fonctionne pas et L'opérateur radio T/Sgt George Coon et le mitrailleur dorsal S/Sgt Sam Gold sautent en premier sans attendre leur reste.

Le pilote Lt James F. Reynolds, resté jusqu'au bout à bord de l'appareil, et le mitrailleur arrière Cpl Leonard Norris Pew sont tués. Deux hommes seront fait prisonniers : le copilote 2nd Lt Edward W. Horn et Samuel M. Gold. Joseph Johnson et George Henry Coon parviendront à s'évader. Coon est pris en charge par la Résistance et sera libéré le 1er septembre à Bouillancourt par des troupes polonaises (rapport E&E 1581).

Joseph Johnson saute et au cours de sa descente en parachute est touché par des tirs d'armes légères au sol. Il est blessé aux jambes et avait auparavant été atteint par des éclats de Plexiglass ou d'obus dans un genou. Son rapport d'évasion, très succinct, ne renseigne pas de noms de helpers ni d'endroits par où il est passé. Il indique seulement qu'il a été pris en mains par la Résistance et amené à Paris, ensuite au camp de Fréteval où il arrive le 14 juin. Il rapporte avoir appris de la résistance que le 12 juin, le Lt Alfred Wickman avait été arrêté en même temps que Virginia d'ALBERT-LAKE.

En fait, Johnson, arrivé en région parisienne, est aidé par Philippe et Virginia d' ALBERT-LAKE, en même temps que Wickman et d'autres évadés. Le 10 juin, Philippe d'ALBERT-LAKE leur donne le choix entre rester à Paris ou aller dans un camp dans une forêt près de Châteaudun. Wickman ne fait pas partie du groupe de dix hommes, dont Johnson, qui empruntent le train vers Dourdan. Wickman fait donc la route à vélo avec Philippe et Virginia, qui rejoignent le groupe le même jour vers 16h au point de rendez-vous dans la forêt d'Oye.

Les guides, Philippe, Virginia, "Michelle", "Anne-Marie" (Jeannine PIGUET) et "Annie" (Germaine MELISSON-BOHEL du 8 rue de Monttessuy à Paris VIIe près de la Tour Eiffel) accompagnent les hommes : Joseph Johnson, Wickman, William Bender, Robert Gordon, Delbert Hyde, Abraham Teitel, Samuel Taylor, Eric Wright, Clare Blair, Theodore Krol, et deux Sud-Africains : Ebrahim Adams et Rudolph Hoover.

Tous marchent ensuite pendant une vingtaine de km jusqu'à Denonville, où un fermier leur permet de dormir dans sa grange. Le 11 juin au matin, le groupe se sépare. "Michelle" et Virginia prennent en charge Johnson, Wickman, Hyde, Taylor, Blair et Krol. L'un des hommes de ce dernier groupe, à bout de forces, doit être abandonné dans une ferme près de Civry-Saint-Cloud (Eure-et-Loir) et le 12 juin, ses compagnons et leurs guides sont conduits dans un chariot bâché, mené par Jean MERET, avec Robert POUPARD et Michelle assis à ses côtés.

Précédant le chariot, roulant à vélo en tête, se trouve Daniel COGNEAU, avec Virginia et Wickman, également à vélo devant le chariot, à 50 m derrière lui. Un autre cycliste, étranger à l'action, débouche d'une route latérale et se joint aux autres cyclistes. A un croisement à l'approche de Le Plessis, 5 km au Nord de Châteaudun, une limousine noire apparaît, s'arrête et en sortent trois Feldgendarmes, des policiers allemands. Leur chef ordonne à Virginia, Wickman et au cycliste anonyme de descendre de vélo et leur demande leurs papiers. L'officier, constatant que Virginia arrivait de Paris, lui demande ce qu'elle fait dans la région. L'accent américain de Virginia, américaine mariée à un français, éveille davantage les soupçons et lorsqu'après le départ du cycliste anonyme, relâché, l'officier questionne Wickman et constate qu'il est incapable de s'exprimer en français, la partie est jouée. Pendant l'interrogatoire de Wickman, Virginia a la satisfaction de voir que le reste des guides et des évadés, sans être vus des policiers, parviennent à s'enfuir dans les fourrés bordant la route.

Johnson est dans ce groupe qui arrive donc au camp de Fréteval le 14 juin. Dans son rapport, Johnson mentionne que JEAN (Jean de BLOMMAERT) est à son avis le meilleur chef qu'il ait connu dans le camp.

Libéré comme ses compagnons par l'arrivée de troupes américaines le 14 août, Johnson rentre en Grande-Bretagne le 16 août 1944 et est interrogé le lendemain par l'I.S.9.


Lettre de Joseph Johnson à Mrs Roush (la maman de Virginia d’Albert-Lake) en date du 10 septembre 1944,
témoignant de sa reconnaissance et son admiration pour les services que sa fille a rendus à de nombreux évadés.
Extrait du livre “An American Heroine in the French Resistance – The Diary and Memoir of Virgina d’Albert-Lake”, Fordham University Press, New York 2016


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters