Dernière mise à jour le 13 novembre 2023.
Alfred Louis WICKMAN / O-690525
4 Corners South Road, Poughkeepsie, New York, USA
Né le 8 février 1920 à Morrill, Scotts Bluff County, Nebraska, USA / † le 16 novembre 1978 à Denver, Colorado, USA
Lt, USAAF 384 Bomb Group 547 Bomb Squadron, navigateur
Lieu d'atterrissage: entre Bully et Neufchatel-en-Bray, à une vingtaine de km au sud-est de Dieppe, Seine-Maritime, France.
Boeing B-17G-10-VE Flying Fortress N° série : 42-39962 Immatriculation/Nom : SO-D, abattu le 12 février 1944 lors de la mission sur Frankfurt.
Atterrissage forcé/Écrasé à 3 km au NNE de Saint-Vaast-d'Equiqueville, à environ 20 km au Sud de Dieppe, Seine-Maritime, France.
Durée : 4 mois.
Arrêté le 12 juin 1944
Le rapport de perte d'équipage relatif à la perte de cet appareil : MACR 2529.
RAMP Report de Wickman établi le 30 mai 1945 après son retour de captivité.
Le Lt Henry V. Markow, pilote d'un avion volant dans la même formation a signalé dans un rapport que vers 13h45, lors du vol de retour de la mission, le 42-39962 a été aperçu virant subitement et s'éloignant de la formation, à l'approche des côtes de la Manche. Le MACR 2529 ne fait pas état de Flak ni d'attaque de chasseurs et il y est fait mention du cockpit et de la soute à bombes en flammes, de l'impossibilité d'éteindre l'incendie.
Le pilote du 42-39962, le 2nd Lt Seth G. Widener Jr, donne l'ordre de sauter et quitte lui-même l'appareil, persuadé que tous les autres membres de l'équipage ont pu quitter l'avion. Le mitrailleur dorsal, le T/Sgt George E. Cifelli, que Widener avait aperçu prêt à évacuer, sera trouvé mort dans les débris de l'engin, n'ayant vraisemblablement pas pu se dégager à temps de son habitacle réduit. Il est enterré au Cimetière américain de Colleville-sur-Mer en Normandie.
Widener sera fait prisonnier, de même que six autres hommes : le copilote 2nd Lt Harvey W. Reid, le bombardier Lt Leonard E. Gerber, le radio T/Sgt William E. Smith, le mitrailleur ventral Sgt James W. Mosbey, le mitrailleur droit S/Sgt John P. Santosuosso, le mitrailleur gauche Sgt Howard G. Boon Jr.
Le mitrailleur de queue, S/Sgt Walter A. Mize, Jr parviendra à s'évader (rapport d'évasion E&E 716) et sera évacué par la ligne Bourgogne via les Pyrénées.
Dans son rapport RAMP, Wickman indique qu’il a été hébergé et nourri pendant une semaine, depuis le 12 février, par Mme "Renée" DUMONT, fermière à Bully, près de Neufchatel (en fait, il s’agit de Jeanne DUMONT et de Neufchatel-en-Bray). C’est là qu’il se trouve lorsqu'y arrivent les aviateurs canadiens William Bender et Robert Gordon. Le 18 février, les trois hommes sont déplacés vers une autre habitation où se trouvait déjà le Lt Abraham Teitel. Rapport RAMP : Il s’agit ici de la maison de Roger et Madeleine CRESSENT, à Nesle-Hodeng, toujours en Seine Maritime, chez qui Wickman reste jusqu’au 2 mars. Le groupe se sépare et Wickman et Gordon, rejoints deux jours plus tard par Bender, poursuivent leur route vers le Sud. Wickman mentionne qu’il va ensuite loger pendant 2 semaines chez le cultivateur Marcel LEGRAND à Polhay, près de Achy, dans l’Oise. Le 16 mars, il arrive chez Edmond et Félicie PIOCELLE à Montjavoult (Oise), qui l’hébergent et le nourrissent pendant 2 semaines. Le 31 mars, il va loger à Fleury (Oise) chez un cordonnier "Louis, un alias, qui est âgé de 27 ans, ressemble à l’acteur américain James Cagney et avait travaillé comme chasseur dans un hôtel parisien."
Wickman, apparemment rejoint par Gordon et Bender, rencontre Delbert Hyde à Pontoise le 5 avril. Il ne mentionne pas les 3 autres comme étant comme lui hébergé ensuite chez Mme Bertranne D’HESPEL au 7 Rue Maspero à Paris, avant d'être tous pris en charge par Philippe et Virginia d'ALBERT-LAKE en région parisienne. Wickman indique dans son rapport RAMP qu’il est resté pendant 2 mois chez Mme D’HESPEL et qu’elle lui a également remis d’autres vêtements civils.
Le 10 juin, Philippe d'ALBERT-LAKE leur donne le choix entre rester à Paris ou aller dans un camp dans une forêt près de Châteaudun. Wickman ne fait pas partie du groupe de dix hommes qui empruntent le train vers Dourdan. Il fait la route à vélo avec Philippe et Virginia, qui rejoignent le groupe le même jour vers 16h au point de rendez-vous dans la forêt d'Oye. Les guides, Philippe, Virginia, "Michelle", "Anne-Marie" (Jeanine PIGUET épouse PONCET) et "Annie" (Germaine MELISSON du 8 rue de Monttessuy, près de la Tour Eiffel) accompagnent les hommes : Wickman, Bender, Gordon, Hyde, Teitel, Sam Taylor, Eric Wright, Clare Blair, Joseph Johnson, Theodore Krol, et deux Sud-Africains, Ebrahim Adams et Rudolph Hoover.
Tous marchent ensuite pendant une vingtaine de km jusqu'à Denonville, où un fermier leur permet de dormir dans sa grange. Le 11 juin au matin, le groupe se sépare. Michelle et Virginia prennent en charge Wickman, Hyde, Taylor, Blair, Johnson et Krol. L'un des hommes de ce dernier groupe, à bout de forces, doit être abandonné dans une ferme entre Civry et Saint-Cloud-en-Dunois (Eure-et-Loir) et le 12 juin, ses compagnons et leurs guides sont conduits dans un chariot bâché, mené par Jean MERET, avec Robert POUPARD et Michelle assis à ses côtés.
Précédant le chariot, roulant à vélo en tête, se trouve Daniel COGNEAU, avec Virginia et Wickman, également à vélo devant le chariot, à 50 m derrière lui. Un autre cycliste, étranger à l'action, débouche d'une route latérale et se joint aux autres cyclistes. A un croisement à l'approche de Le Plessis, 5 km au Nord de Châteaudun, une limousine noire apparaît, s'arrête et en sortent trois Feldgendarmen, des policiers allemands. Leur chef ordonne à Virginia, Wickman et au cycliste anonyme de descendre de vélo et leur demande leurs papiers. L'officier, constatant que Virginia arrivait de Paris, lui demande ce qu'elle fait dans la région. L'accent de Virginia, américaine mariée à un Français, éveille davantage les soupçons et après le départ du cycliste anonyme, relâché, l'officier questionne Wickman et constate qu'il est incapable de s'exprimer en français, la partie est jouée. Pendant l'interrogatoire de Wickman, Virginia a la satisfaction de voir que le reste des guides et des évadés, sans être vus des policiers, parviennent à s'enfuir dans les fourrés bordant la route.
Revenant près de Virginia, l'officier ouvre alors son sac et y voit, entre autres choses, un papier avec un plan, des tickets de rationnement, une enveloppe avec des billets de banque et surtout un autre papier, avec des adresses… Virginia explique qu'elle et son compagnon tentent de gagner la frontière espagnole, que les 127.000 francs dans l'enveloppe sont destinés à leurs frais pendant le voyage, que l'itinéraire au crayon sur le papier leur sert de carte. A sa grande surprise, l'officier lui remet alors son sac avec tout son contenu, sans poser davantage de questions. En fait, la carte détaillait l'itinéraire pour atteindre les camps dans la forêt de Fréteval, près de Châteaudun, et la liste d'adresses était celles de membres de la Résistance locale, deux documents remis la veille à Virginia par son mari Philippe. Profitant de ce que l'officier questionne à nouveau Wickman, Virginia sort en vitesse un papier de son sac, dont elle espère que c'est celui portant les adresses, et le dissimule dans la poche de sa veste.
L'interrogatoire de Wickman terminé, Virginia reçoit l'ordre de s'asseoir à l'avant de la voiture, entre les deux autres Allemands, tandis que Wickman doit aller à l'arrière à côté de l'officier et le véhicule les emmène aux bureaux de la Feldgendarmerie à Châteaudun. En attendant d'y être interrogée par la Gestapo, Virginia parvient à extraire de sa poche le papier avec les adresses. Elle le déchire en petits morceaux et réussit à les avaler péniblement tous, sauf un qui tombe à terre. Plus tard, lorsque les Allemands découvrent ce bout de papier à terre, ils comprennent que Virginia avait avalé les preuves. Le soir même, Virginia et Wickman sont conduits à la prison de Chartres et le lendemain on les mène à la rue des Saussaies à Paris pour un nouvel interrogatoire.
Par la suite, comme Virginia, Alfred Wickman sera emprisonné à Fresnes, près de Paris, où il est quasi-quotidiennement menacé d'être fusillé. Sa veuve Helen avait rapporté dans un récit sur Virginia d'Albert-Lake qu'il pensait avoir eu finalement la vie sauve parce que son grand-père était né en Allemagne. Il passera ensuite au Dulag Luft à Oberursel, près de Frankfurt, pour d'autres interrogatoires, et il sera finalement interné au Stalag Luft 1 à Barth en Allemagne.
Virginia, quant à elle, quittera la prison de Fresnes pour celle de Romainville avant d'être transférée dans des camps en Allemagne, notamment celui de Ravensbrück, pour finir au camp de la Croix Rouge à Liebenau d'où elle est libérée le 21 août 1945 par des troupes françaises.
Alfred Wickman, rentré du camp, ne parlera jamais beaucoup de la guerre. Jusqu'à sa mort, il culpabilisera, disant que si Virginia avait été arrêtée et subi un sort beaucoup plus pénible que le sien, c'était de sa faute.
Alfred Wickman est enterré au Fort Logan National Cemetery à Denver, Colorado.
Merci à Peter Dennis Wickman pour la photo de son père en uniforme qu’il nous a fait parvenir en mars 2010.