Personne cachée jusqu'à la libération

Dernière mise à jour le 12 janvier 2017.

Milton M. "Mickey" GOLDFEDER / O-757688
184 East 96th Street, Brooklyn, USA.
Né le 16 août 1921 à Brooklyn, New York / † le 15 décembre 1997 à Bethlehem, Philadelphie.
2nd Lt, USAAF 305 Bomber Group 366 Bomber Squadron, bombardier.
Lieu d'atterrissage : resté à bord de l'avion, atterrissage forcé dans le champ de Mr et Mme Chauderlier, près de Leuze, Aisne, France.
Boeing B-17G-30-BO Flying Fortress, 42-31816, KY-V, touché puis abattu par la chasse allemande le 24 avril 1944 lors d'une mission sur Oberpfaffenhofen/Munich.
Atterrissage forcé près de Leuze, Aisne, France.
Durée : 4 ½ mois.
Camps : Bellevaux, Acremont.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 4275. / Rapport d'évasion SPG 1960.

Attaqué par une nuée de chasseurs à l'approche de la cible, un moteur de l'appareil est endommagé. L'avion poursuit sa route, lâche ses bombes sur l'objectif et prend le chemin du retour. Egalement atteint légèrement par des tirs de la Flak dont un obus blesse le mitrailleur droit Bergman, l’appareil poursuit son vol, mais, manquant de puissance, il perd de l'altitude et se fait distancer par le gros de la formation. Ne pouvant bénéficier de l'appui des chasseurs d'escorte requis par le reste de la formation, le pilote décide néanmoins de tenter de rejoindre la base à Chelveston. Vers 17h00, alors que l'appareil survole la campagne belge à basse altitude, un Fw190 l'attaque à hauteur de Mont-Saint-Jean, détruisant l'interphone. Le navigateur, Phillip Campbell et le mitrailleur ventral William Bergman sautent en parachute. Peu après, le chasseur allemand fait une deuxième passe et endommage sérieusement l'avion qui prend feu. Le mitrailleur Eugene Snodgrass, le mitrailleur de queue Virgil Marco et James Mayfield, mitrailleur ventral, quittent à leur tour l'appareil. Tous parviendront à s'évader, sauf le mitrailleur ventral, James M. Mayfield et l'opérateur radio Isaac W. Demeny.

Quatre hommes restent à bord de l'appareil en perdition : Milton Goldfeder, son pilote Joseph Lincoln, le copilote Albert N. Pagnotta et le mitrailleur dorsal Joseph A. Rhodes.

Lincoln réussit un atterrissage forcé près de Leuze. Les hommes constatent que l'un des leurs, Isaac Demeny est mort à bord de l'appareil, touché par les balles du Fw190. Les quatre hommes se cachent à proximité et après environ une heure, sont trouvés par Julien MAHOUDEAUX, fermier et maire de Leuze. Approvisionnés pendant treize jours par M. MAHOUDEAUX, ils restent dans leur cachette de la Forêt de Saint-Michel. M. MAHOUDEAUX leur procure également des vêtements civils avant qu'ils ne se dirigent vers Rocroi le 8 mai.

Là, ils sont cachés par un autre français qui les nourrit pendant quelques jours avant qu'ils soient menés à Revin, entre Rocroi et Funay, près de la frontière belge, chez Robert CHARTON, chef de la Résistance locale. Le 16 mai les voit arriver au Maquis de Revin où ils apprennent que la Gestapo a fait sauter la maison de CHARTON.

Le 10 juin, Goldfeder, Lincoln, Pagnotta et Rhodes, cachés dans les bois de Revin avec environ 300 résistants, sont attaqués par environ 2.000 SS et 1.000 miliciens de Vichy. La bataille dure trois jours et la plupart des Maquisards sont tués. Quelques uns d'entre eux et nos quatre aviateurs purent échapper au massacre. Le 16 juin, Rhodes et Peter Clark (de l'équipage de Chester Hincewicz) quittent le maquis en train pour Sedan d'où ils sont conduits en camion jusqu'à Miecourt et sont libérés le 03 septembre par des troupes américaines.

Quant à Goldfeder et Lincoln, ils quittent également le maquis, traversant plusieurs villages où ils sont cachés par des helpers français et belges.

Vers la mi-août ils se trouvent dans une école entre Bastogne et Libramont et voient y arriver Charles Earnhart et Harvey Cox avec lesquels ils partagent une grange à foin pour la nuit. Le surlendemain, les aviateurs reçoivent la visite du Baron "de Futlare" (vraisemblablement le Baron Charles du FONTBARÉ, de Fumal), agent de liaison de Comète pour les camps "Marathon" - Service de Daniel ANCIA. Un grand blond barbu aux yeux bleus, le baron dirigeait un hôtel dans un village voisin et qui servait de QG au réseau. Ce soir là, il invite Cox et Earnhart pour un repas à l'hôtel où les convives sont surtout des agents de la Gestapo et des résistants chargés de les surveiller, Lincoln et Goldfeder étant prévus pour le même programme le lendemain.

Le jour suivant, arrivent d'autres aviateurs parmi lesquels : Paul Kasza, Lloyd Hermanski, Ronald Dawson, James Sherwood et Eric Mallet, ce dernier étant tout heureux d'entendre Earnhart lui dire que son co-équipier Sweatman est parvenu à s'évader et est lui aussi entre les mains de la résistance.

Le lendemain vers 04h00 on dit aux aviateurs qu'ils doivent quitter leur cachette vu le danger de patrouilles allemandes et ils suivent un garçon de 15 ans jusqu'à une ferme appartenant à un sergent de l'Armée Blanche. Ils passent la nuit dans une grange et ne peuvent retourner à l'école que le lendemain soir. Une nouvelle alerte les oblige à retourner à la ferme et le lendemain vers 10h00, leur guide leur apporte à déjeuner et leur dit qu'ils devront se diriger vers une meilleure cachette proche de la frontière française.

Le soir venu, accompagnés d'un prêtre (le Père Georges ARNOULD), leur marche commence dans une obscurité totale, à travers la campagne et des forêts jusqu'à ce qu'ils arrivent à proximité de leur futur asile. Après une nuit passée en forêt, ils atteignent finalement le camp d'Acremont-Luchy où Earnhart retrouve Tarleton, et Irwin revoit Sweatman pour la première fois depuis la chute de leur avion.

D'autres aviateurs se trouvent déjà dans le camp et parmi eux Frederick Tuttle, Arthur Barton, Frank Robertson, Walter Western, Carmen Vozzela et Ray Davis.

La première cabane du camp, construite pour une dizaine d'aviateurs ne suffit pas et les jours suivants, les hommes construisent d'autres abris, un coin "cuisine" (avec les cuistots Sweatman et Vozzella), aménagent un garde-manger et un endroit près du ruisseau pour faire la vaisselle et leur toilette. Un jour arrive Gaston MATTHYS, échappé de Bruxelles vu les risques d'arrestation. Après trois ou quatre jours, l'ordre arrive pour la vingtaine d'aviateurs de quitter ce camp pour faire de la place pour de nouveaux arrivants. Parmi ceux-ci, Earnhart se rappelle seulement un pilote de P-38 [vraisemblablement Leroy Hokinson] et un pilote de P-51.

Leur étape suivante est un camp près de Neufchâteau (La Cornette) au sommet d'une colline juste au Nord de la Semois, tout près de Bellevaux et où Gaston les accompagne. Ils y construisent une cabane suffisamment grande pour les loger tous, de même qu'un réfectoire et un WC. Des villageois leur apportent de la nourriture et des nouvelles du front et les hommes sentent leur libération proche. De violents combats s'engagent à quelque distance du camp entre les forces allemandes et les maquisards. Gaston revient un jour du village avec des échos de la présence de troupes blindées américaines à Sedan.

Un soir, un des villageois qui leur apportait régulièrement de la nourriture arrive avec un soldat du Commonwealth - Earnhart le décrit comme un "Punjab en uniforme britannique" - un homme de corpulence énorme, échappé d'une colonne de prisonniers escortée vers l'Allemagne par des soldats allemands en retraite, dont l'un d'entre eux accepta de fermer les yeux en échange d'un bâton de chocolat proposé par le prisonnier. Dans son récit, retranscrit par sa nièce Joyce, il le nomme "Ahmed Mahemett" d'origine arabe [Il pourrait donc s'agir du Mohammed Saleh repris dans une liste des évadés Marathon/Ardennes et au sujet duquel rien n'avait pu être trouvé... ] L'homme se révéla être un élément de poids pour aider au parachèvement des installations du camp.

Après quelques jours, le bruit des mitraillades se rapprochant, les hommes s'attendent à être incessamment libérés et le 8 septembre, Gaston MATTHYS, parti au village depuis quelques jours et qu'ils craignaient avoir été abattu, apparaît à l'entrée du camp, les mains en l'air, suivi par un soldat bayonnette au fusil... A cette vue, les évadés s'encourent dans toutes les directions, jusqu'à ce que le soldat leur crie que lui et ses compagnons sont des américains de la 5e Division Blindée... et c'est la délivrance.

Les 22 aviateurs du camp sont transférés en camion vers Paris avec des prisonniers allemands et comme Lincoln avait servi dans la 5e DB avant de s'engager dans l'US Air Force, son transfert ainsi que celui de Goldfeder vers Londres a pu être accéléré.

Milton Goldfeder rentre aux Etats-Unis et devient instructeur, puis est démobilisé comme 1st Lt le 15 septembre 1945.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters